TRANSCRIPTION
Bonjour, je suis le Pr Dominique Savary, je travaille au département de médecine d’urgence du CHU d’Angers et je vous retrouve aujourd’hui sur Medscape pour vous parler des thérapeutiques dans la fibrillation auriculaire (FA) à réponse ventriculaire rapide, avec une étude intéressante de trois pharmacologues de Chicago, qui est sortie dans Annals of Emergency Medicine en mars dernier et qui s’est intéressée à la prescription du diltiazem dans cet événement. [1]
Les chercheurs ont voulu évaluer la sécurité et l’efficacité comparative, en fonction de la dose, des stratégies de dosage de diltiazem, qui étaient basées soit sur le poids, soit sur des stratégies alternatives dans la fibrillation auriculaire avec réponse ventriculaire rapide.
Il s’agit d’une thérapeutique qui est recommandée, qui marcherait même peut-être mieux que les bêtabloquants. Le diltiazem est proposé à la dose de 0,25 mg/kg en bolus sur deux minutes dans cette situation, ce qui équivaut, par exemple pour un patient de 80 kg, à une dose de 20 mg.
Design de l’étude
Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective monocentrique qui s’est intéressée à des patients de plus de 18 ans qui se présentaient à l’urgence avec une FA à réponse rapide et qui ont reçu un traitement par diltiazem par voie intraveineuse. Étaient exclus de cette étude, les patients qui avaient un pacemaker, qui avaient eu d’autres thérapeutiques ou qui avaient eu un événement hémodynamique qui contre-indiquait les thérapeutiques.
Les groupes de patients ont été classés en fonction de la dose qu’ils ont reçue. Un premier groupe, qui correspondait à la dose poids, autour des 0,25 mg/kg ; puis les chercheurs ont fait un range de patients qui avaient reçu entre 0,1875 et 0,3125 mg/kg, qu’ils ont appelé le groupe adapté au poids ; et deux autres groupes – un groupe qui a reçu une plus faible dose et un groupe qui a reçu une dose un peu plus forte.
Le résultat principal était le contrôle de la fréquence cardiaque de ces patients avec une disparition de la tachycardie, c’est-à-dire une fréquence cardiaque avec un retour inférieur à 100 battements par minute dans les 30 minutes qui suivaient le traitement mis en œuvre. Ils ont analysé 345 dossiers. Après quelques exclusions, ils ont retenu 252 patients et ce qu’il faut tout de suite noter, c’est que dans le groupe forte dose il y avait uniquement six patients, donc ils ont retiré ces six patients et ce groupe de l’analyse.
Au final, on se retrouve avec deux groupes : un groupe de 107 patients qui ont été traités avec une dose adaptée au poids, et un groupe de 139 patients qui ont eu une dose plus réduite, le groupe low dose. Quand on regarde ces deux groupes, même si ce n’est pas significatif, on a quand même l’impression qu’il y a plus de patients avec des comorbidités dans le groupe low dose. En particulier, il y a plus de patients diabétiques, de patients qui ont une insuffisance cardiaque, de patients qui ont eu de l’hypertension. On y reviendra en fin d’analyse.
Résultats
Au bout de 30 minutes, le groupe qui a reçu une dose basée sur le poids avait plus souvent obtenu un contrôle de la fréquence cardiaque que le groupe à faible dose – 55 % versus 27 %.
Deuxième résultat, l’analyse de régression a identifié le groupe de dosage basé sur le poids et la fréquence cardiaque initiale inférieure à 145 battements par minute comme des variables qui étaient associées au résultat principal.
Et dans les résultats secondaires importants, la mortalité était plus élevée dans le groupe faible dose (7 %) que dans le groupe dose basée sur le poids (1 %), donc une différence de 6 % en entre ces 2 groupes.
À noter que peut-être lorsque l’on est amené à traiter un patient pour une FA rapide, on est influencé par ses comorbidités. « Lorsque la tension est limite, je ne vais pas mettre tout à fait la dose, ou si c’est un patient qui a une obésité morbide, je ne vais pas lui mettre la dose, etc. »
Conclusion
Cette étude nous montre qu’être un peu sur la réserve pour des groupes de patients qui seraient probablement un peu plus graves, cela va entraîner de la mortalité. Donc le résultat de cette étude est que de donner du diltiazem adapté au poids permet de mieux maîtriser la fréquence cardiaque sans qu’il y ait véritablement de preuve d’une augmentation d’effets indésirables chez ces patients.
J’espère que cette étude vous aura intéressé. Je vous souhaite un bon été et je vous dis à bientôt sur Medscape France.
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Citer cet article: Fibrillation atriale à réponse ventriculaire rapide : quid du dosage du diltiazem ? - Medscape - 19 juil 2023.
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