Une supplémentation en vitamine D pourrait réduire le risque de mélanome

Liam Davenport

Auteurs et déclarations

22 février 2023

Kuipio, Finlande — Selon des chercheurs finlandais, le mélanome et autres cancers de la peau sont moins fréquemment diagnostiqués chez les personnes qui prennent régulièrement des suppléments en vitamine D. Les résultats de leur étude suggèrent que la supplémentation en vitamine D pourrait même être bénéfique lorsqu’elle est occasionnelle.

Dans cette étude monocentrique, près de 500 patients pris en charge dans une une clinique spécialisée en dermatologie ont fait état de leur consommation de vitamine D. La prise régulière du supplément est associée à une baisse significative de 55% du risque d’avoir un mélanome. En cas de supplémentation non régulière, la réduction est de 45%, mais n’apparait pas significative.

La dose optimale encore à définir

Ces travaux souffrent toutefois de certaines limites, a souligné l’auteur principal de l’étude, le Pr Ilkka Harvima (Département de dermatologie, Université de Finlande orientale, Kuipio, Finlande). Même si plusieurs facteurs confondants ont été pris en compte, « il est possible que d’autre facteurs non identifiés ou non évalués puissent fausser les résultats ».

En conséquence, « le lien de causalité entre la vitamine D et le mélanome ne peut pas être confirmé par ces résultats », a souligné le dermatologue dans un communiqué. Et, même si le lien était démontré, « la question de la dose optimale de vitamine D à absorber pour avoir les effets bénéfiques reste sans réponse ».

« En attendant d’en savoir plus, il convient de suivre les recommandations nationales en ce qui concerne les apports en vitamine D », a-t-il précisé.

L’intérêt de la supplémentation en vitamine D fait régulièrement débat. Alors que de nombreuses études observationnelles ont suggéré un lien entre un déficit et certaines pathologies, des méta-analyses n’ont pas pu apporter la preuve de ses bienfaits. Une récente étude allemande a toutefois suggéré qu’une supplémentation après 50 ans pourrait réduire la mortalité par cancer.

En conséquence, quand certains spécialistes prônent un retour au naturel pour se fournir en vitamine D (alimentation et soleil), d’autres recommandent de faibles doses pour tous, au moins pendant les périodes de faible ensoleillement.

Pas de bénéfice sur le photovieillissement

Dans les pays occidentaux, l’incidence des cancers de la peau est en hausse, en raison notamment d’une forte exposition aux ultraviolets, ont souligné les auteurs de l’étude finlandaise. A l’inverse, le manque d’exposition au soleil en partie consécutive aux campagnes de sensibilisation favorise l’insuffisance en vitamine D. En France, elle toucherait la moitié de la population adulte.

Pour mener leur étude, les chercheurs ont examiné les dossiers de 498 patients âgés de 21 à 79 ans à risque de cancers de la peau pris en charge dans une clinique spécialisée en dermatologie. Ils avaient des antécédents de formes malignes (n= 295), de mélanome (n= 100), de carcinome basocellulaire (n= 213) ou spinocellulaire (n= 41).

Les patients non immunodéprimés (n= 402) ont été divisés en trois groupes en fonction de leur consommation de suppléments oraux de vitamine D: non-utilisateurs (n=99), utilisateurs occasionnels (n=126) et utilisateurs réguliers (n=177). La mesure du taux sérique en calcifédiol 25(OH)D chez la moitié des patients a permis de confirmer le niveau de consommation rapporté.

Comparativement aux non-utilisateurs, ceux qui choisissent de prendre de la vitamine D ont un niveau d’éducation plus élevé (P = 0,032), des activités en plein air moins fréquentes (P = 0,003), un nombre d’années de tabagisme moins important (P = 0,001) et un recours plus fréquent au solarium pour s’exposer aux ultra-violets (P = 0,002).

Les résultats montrent une absence de corrélation entre consommation de vitamine D et photovieillissement, développement de kératose actinique (lésion précancéreuse consécutive à une exposition aux ultraviolets), de carcinome basocellalaire, de carcinome spinocellulaire et nombre de naevus.

Incidence du mélanome de 18% vs 32%

En revanche, la prise régulière de vitamine D est associée à une incidence plus faible de mélanome et autres cancers de la peau. Dans le groupe « utilisateurs réguliers », 18,1% ont des antécédents de mélanome, contre 32,3% dans le groupe « non-utilisateurs » (P = 0,021). Pour l’ensemble des cancers de la peau, l’incidence est respectivement de 62,1% contre 74,7% (P = 0,027).

Après analyse multivariée, la baisse du risque de mélanome est de 55% chez les utilisateurs réguliers (OR= 0.447). En considérant l’ensemble des cancers de la peau, elle est de 52% (OR= 0.47). Chez les utilisateurs occasionnels, la différence avec les non-utilisateurs est non significative (baisse de 45% pour le risque de mélanome et de tout type de cancer de la peau).

Les patients ont également été classés par les dermatologues selon leur niveau de risque de cancer de la peau (risque faible, modéré ou élevé). Les résultats montrent également que la classification du risque de cancer de la peau est nettement meilleure chez les utilisateurs réguliers que chez les non-utilisateurs.

Selon les auteurs, d’autres études relativement récentes ont rapporté une association entre le développement d’un mélanome moins agressif et la prise de vitamine D, ont précisé les auteurs. « Ces précédentes études s’accordent avec nos nouveaux résultats obtenus ici dans la région de North Savo », en Finlande. Reste à savoir à quelle dose la vitamine D se révèle bénéfique.

 
Après analyse multivariée, la baisse du risque de mélanome est de 55% chez les utilisateurs réguliers de vitamine D.
 

 

L’étude a été financée par des fonds publics du Cancer Center of Eastern Finland Finnish, du Cancer Research Foundation et du VTR-funding of Kuopio University Hospital.
Les auteurs n’ont pas déclaré de liens d’intérêt.

 

Cet article a été publié dans l’édition internationale de Medscape.com sous le titre Regular Vitamin D Supplements May Lower Melanoma Risk. Traduit et adapté par Vincent Richeux.

 

Suivez Medscape en français sur Twitter.

Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie sur Twitter.

Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....