Stérilets : le risque de troubles dépressifs serait lié à la dose d’hormones

Fanny Le Brun

16 février 2023

France – Une étude française vient de montrer que le risque de troubles dépressifs est lié à la dose de lévonorgestrel contenue dans le DIU, indique l'ANSM [1].

Consommation de psychotropes

Toutes les contraceptions hormonales peuvent être associées à un faible risque de dépression ou de troubles de l’humeur. Une étude s’est intéressée au cas des dispositifs intra-utérins (DIU) au lévonorgestrel afin de déterminer si ce risque dépend du dosage en hormone. Cette étude épidémiologique a utilisé les données de remboursement de l’Assurance Maladie (SNDS) pour évaluer la consommation de psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques) dans les deux ans suivant la pose d’un DIU, dosé à 52 mg ou à 19,5 mg de lévonorgestrel. Les résultats viennent d’être publiés dans le JAMA (voir encadré en fin de texte).

Un risque de troubles dépressifs dépendant de la dose de lévonorgestrel

D’après les résultats de cette étude, le risque d’utilisation d’antidépresseurs dans les deux années suivant la pose du DIU est très légèrement augmenté avec un dosage plus élevé en lévonorgestrel (52 mg versus 19,5 mg). En revanche, il n’a pas été observé d’augmentation du recours aux anxiolytiques ou hypnotiques.

Cette étude est la première à montrer un risque de troubles dépressifs dépendant de la dose de lévonorgestrel contenue dans le DIU, même si ce risque est faible et reste à préciser.

Pour rappel, tous les DIU hormonaux contiennent du lévonorgestrel : Mirena® et Donasert® au dosage de 52 mg, Kyleena® à 19,5 mg et Jaydess® à 13,5 mg.

Quels conseils pour vos patientes ?

Il est important d’expliquer aux patientes la différence entre un DIU avec hormone et un DIU au cuivre et de les sensibiliser à ce risque de troubles dépressifs. En cas de changements d’humeur et de survenue de symptômes dépressifs, même en début de traitement, les femmes doivent en parler à leur médecin. Il est également important de leur expliquer qu’avec un DIU hormonal, un suivi médical spécifique est nécessaire : un examen médical de contrôle doit être réalisé 4 à 6 semaines après la pose, puis une fois par an, ou plus fréquemment si nécessaire. La carte patiente remise au moment de la pose, indiquant la date d’insertion et la date limite de retrait du DIU, doit être apportée à chaque consultation.

Les détails de l'étude
Dans l'étude de cohorte, les femmes ayant reçu un dispositif intra-utérin au lévonorgestrel de 52 mg en 2019 et un groupe de comparaison ayant reçu un dispositif intra-utérin au lévonorgestrel de 19,5 mg ont été appariés (1:1) pour l'âge (±3 ans), la gravidité au cours des 10 années précédant l'étude, le mois de délivrance du dispositif (±3 mois) et la spécialité du médecin.
Les résultats ont été ajustés en fonction des caractéristiques sociodémographiques, de l'accouchement dans l'année précédant l'insertion du système intra-utérin, des antécédents médicaux (antécédents gynécologiques/vasculaires/oncologiques, obésité, utilisation de médicaments pour le sevrage tabagique). Au total, 45 736 femmes ayant reçu un système intra-utérin au lévonorgestrel de 52 mg et 45 736 femmes ayant reçu un système intra-utérin au lévonorgestrel de 19,5 mg (âge moyen de 32,3 [ET, 5,4] et 31,8 [ET, 5,4] ans, respectivement) ont été appariées.
Après ajustement, la délivrance d'un système intra-utérin au lévonorgestrel de 52 mg par rapport à un système intra-utérin au lévonorgestrel de 19,5 mg a été associée à une augmentation statistiquement significative de l'utilisation d'un antidépresseur dans les 2 ans (4. 0 % pour le groupe 52 mg, 3,6 % pour le groupe 19,5 mg ; RR=1,13 [IC 95 %, 1,05-1,21]), mais pas à l'utilisation d'anxiolytiques (5,2 % vs 4,9 % ; RR=1,05 [IC 95 %, 0,99-1,12]) ou d'hypnotiques (2,9 % vs 2,6 % ; RR=1,09 [IC 95 %, 0,99-1,19]). L'association avec l'utilisation d'antidépresseurs persistait chez les femmes sans antécédents médicaux (3,8 % vs 3,3 % ; RR=1,19 [IC 95 %, 1,09-1,31]). Les femmes de moins de 25 ans utilisant un système intra-utérin au lévonorgestrel de 52 mg par rapport à un système de 19,5 mg présentaient un risque significativement plus élevé d'utiliser des hypnotiques (3,2 % par rapport à 2,2 % ; RR=1,61 [IC 95 %, 1,04-2,48] ; P = 0,04 pour l'interaction). Une significativité non retrouvée pour les autres tranches d'âge.
"La différence d'utilisation d'antidépresseurs était faible en valeur absolue et peu susceptible d'être cliniquement importante au niveau individuel. Cependant, ce résultat pourrait être important au niveau de la population", ont conclu les chercheurs. AL

Pour plus d’informations, les patientes peuvent consulter :

·       Une fiche d’informations sur les DIU au lévonorgestrel disponible sur le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

·       Le site de Santé publique France https://www.questionsexualite.fr/.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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