
Alors que l'incidence de l'hypertension artérielle (HTA) dans le monde a doublé entre 1990 et 2019 , plusieurs sociétés savantes ont récemment proposé d’adopter des objectifs tensionnels plus agressifs. La mise à jour des recommandations américaines, ainsi que des études récentes sur un nouveau traitement par siRNA et le lien entre HTA et COVID sévère, ont ainsi donné lieu au sujet clinique de la semaine.
Nouvelles recommandations américaines
L'American Academy of Family Physicians (AAFP) et l'American Diabetes Association (ADA) ont mis à jour leurs cibles de pression artérielle (PA) pour certains patients (voir infographie). [1]
Les nouvelles recommandations de pratique clinique de l'AAFP sont basées sur une revue d'essais contrôlés randomisés qui a montré qu'une cible de <140/90 mm Hg était bénéfique en termes de mortalité cardiovasculaire et de toutes causes confondues. Un petit avantage supplémentaire dans la réduction des infarctus du myocarde a été démontré avec des objectifs de <135/85 mm Hg. Les nouvelles directives recommandent également de normaliser les mesures en utilisant un brassard de taille appropriée sur un bras nu au niveau du cœur, les pieds du patient étant posés au sol. L'AAFP suggère que la variabilité peut être encore réduite en prenant les mesures après au moins 5 minutes de repos et 30 minutes sans caféine.
Selon le Pr Neil Skolnik (Université Thomas Jefferson de Philadelphie, directeur du département de médecine familiale de la clinique Abington Jefferson), ces nouvelles recommandations sont très utiles, mais sont également une source d’inquiétude, notamment en raison de l'augmentation potentielle des effets indésirables associés au traitement visant à abaisser encore plus la tension artérielle. « D'après mon expérience, les patients se soucient beaucoup des effets indésirables », note le Pr Skolnik. Il souligne que la Société internationale d'hypertension artérielle (ISH) recommande également une PA « essentielle » de <140/90 mm Hg pour la plupart des individus, avec une PA « optimale » de <130/80 mm Hg. [2] Cette organisation recommande également une PA <130/80 mm Hg pour les patients atteints d'une maladie cardiovasculaire athérosclérotique confirmée. Les directives de l'American Heart Association/American Stroke Association de 2021 recommandent une PA cible de <130/80 mm Hg pour la prévention des accidents vasculaires cérébraux récurrents.
Comme l'AAFP, l'ADA a récemment adopté des objectifs tensionnels plus agressifs. La nouvelle cible est < 130/80 mm Hg, ainsi qu'une cible de cholestérol LDL de <0,70 g/L ou ≤ 0,55 g/L selon le risque cardiovasculaire du patient. Parmi les autres changements, citons l'accent mis sur la perte de poids en tant qu'objectif thérapeutique pour les patients atteints de diabète de type 2, des conseils pour le dépistage et l'évaluation de la maladie artérielle périphérique, l'utilisation de la finérénone chez les personnes atteintes de diabète et de maladie rénale chronique, l'utilisation de tests A1c au point de service approuvés et des conseils pour repérer de mauvaises habitudes alimentataires.
Voir
Nouvel ARN interférent
Ces nouvelles cibles, plus basses, nécessitent une bonne observance du traitement par le patient. Une approche actuellement à l'étude pour aider les patients souffrant d'hypertension est l’utilisation de petits ARN interférents (siRNA) qui ont une longue demi-vie. Ainsi, un nouveau siRNA thérapeutique, le zilebesiran, fait actuellement l'objet d'un essai clinique de phase 2.
Les études de phase 1 avec le zilebesiran chez des patients souffrant d'hypertension ont démontré un effet à long terme, avec une réduction de >90% de l'angiotensinogène circulant sur 6 mois après une seule dose sous-cutanée (800 mg). Le pic de réduction de l'angiotensinogène circulant se produit après environ 3 semaines. Des réductions durables de la PA ont également été observées, la surveillance ambulatoire de la PA sur 24 heures montrant une réduction de la PA systolique de >15 mm Hg, 8 semaines après l'administration d'une dose unique (800 mg). Dans les essais de phase 2, le zilebesiran est étudié chez des patients souffrant d'hypertension légère à modérée qui ne prennent pas de médicaments antihypertenseurs (KARDIA-1) et chez des patients dont la PA n'est pas contrôlée (KARDIA-2).
HTA et COVID sévère
Une étude récente pourrait avoir identifié le niveau auquel une PA élevée peut prédire une infection COVID potentiellement mortelle. [3] Le risque le plus élevé se trouvait chez les personnes dont la PA systolique était > 150 mm Hg. Les conclusions de l'étude sont basées sur les données de 16 134 personnes résidant au Royaume-Uni et qui ont été testées positives pour le COVID-19. Parmi elles, 40 % avaient une PA élevée et 22 % présentaient un COVID-19 sévère.
Ces résultats s'inscrivent dans le prolongement d'une autre étude, qui montrait que l'HTA faisait plus que doubler le risque de COVID-19 sévère, même chez les personnes vaccinées et ayant reçu un « booster » vaccinal. [4]
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Source image : Medscape
Medscape © 2023
Citer cet article: Dans l’Actu : nouvelles cibles tensionnelles - Medscape - 17 févr 2023.
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