Ménopause : quels conseils en termes d’activité physique pour prévenir le risque CV (mais pas que) ?

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

20 février 2023

Paris, France — Que préconiser en termes d’activité physique pour réduire le risque cardiovasculaire des femmes à la ménopause ? Le sujet a fait l’objet d’une session présentée par la Dr Ines Cazaubiel, cardiologue à Paris lors des Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC 2023) [1].

« Pour rappel, on parle de ménopause chez une femme à partir de 12 mois d’aménorrhée, a démarré la cardiologue. L’âge moyen est de 51 ans, mais celle-ci survient entre 45 et 55 ans ». Les effets de la ménopause sont bien connus, que ce soit sur le moral, sur le sommeil, sur l’augmentation de la masse grasse, du poids, de la diminution de la masse musculaire, le risque d’ostéoporose et l’augmentation du risque cardiovasculaire (CV) mais aussi les symptômes climatériques avec les bouffées de chaleur, les maux de tête, les sueurs nocturnes, etc...

Chaque pas compte

Si, intuitivement, on peut penser que l’activité physique (AP) va être le meilleur des traitements, qu’en est-il dans les faits ?

Pour ce qui est du risque CV, la Swan Study s’est demandée si les modifications observées résultaient de la ménopause ou du vieillissement [2]. La réponse est que les deux phénomènes sont imbriqués. Ainsi, la dépression, l’incontinence urinaire, l’altération des performances cognitives et le poids dépendraient plus du vieillissement que des hormones. Néanmoins, l’étude dit que la période de la ménopause est un moment-clé pour changer les habitudes des femmes et aller vers plus de prévention CV.

Pourtant, alors que les recommandations sont de pratiquer 150 minutes par semaine d’activités modérées ou 75 minutes d’activités intenses, l’étude Swan a montré que seules 7,2% des femmes y adhéraient [2].

Des activités d’intensité légère, comme la marche, s’occuper dans la maison, dans le jardin, etc…tels que les pratiquent la majorité des femmes, est-ce suffisant ?

Une étude extraite de la WHI portant sur 5861 femmes de 63 à 99 ans et s’appuyant sur la mesure de l’AP (à l’aide d’accéléromètres) et non sur du déclaratif a établi qu’entre les femmes qui étaient les plus actives et celles qui l’étaient le moins, il existait tout de même une différence de 42% sur le risque d’infarctus et de morts coronaires et de 22% sur l’incidence des événements CV [3]. « Cela révèle que chaque pas compte, c’est très important de le souligner » a considéré le Dr Cazaubiel.

Une autre étude, portant sur 71 018 femmes âgées de 50 à 79 ans de la WHI, a montré qu’une activité physique régulière réduit de 30% le risque CV. « On sait aussi que réduire le temps passé assis à son importance. Le risque va être le plus élevé chez ceux qui sont très sédentaires et ne font pas du tout de sport.

 
Le risque va être le plus élevé chez ceux qui sont très sédentaires et ne font pas du tout de sport. Dr Ines Cazaubiel
 

« Sur les effets vasomoteurs de la ménopause (bouffées de chaleur, suées nocturnes, frissons…), il n’y a, en revanche, pas beaucoup d’études sur l’impact de l’activité physique ou alors, ils sont très controversés », a admis la cardiologue.

Pour ce qui est de la sphère psy et neuro, il a été montré que l’activité physique pratiquée au moins une fois par semaine diminue de 22% le risque de dépression, et est bénéfique en termes de cognition [5].

Côté os et muscles, l’hygiène de vie est essentielle, alimentation riche en calcium, absence de tabagisme mais aussi activité physique – travail en charge – en insistant aussi sur la coordination et l’équilibre.

Faire ou non un bilan ?

« Parmi les principaux freins à l’activité physique, les femmes évoquent la peur de tomber et celle de faire une crise cardiaque, a indiqué la Dr Cazaubiel. Il faut donc leur conseiller d’y aller petit à petit, c’est la régularité qui paye. L’autre obstacle, et les femmes ne vont pas toujours en parler car le sujet est très tabou bien qu’il touche 55% des femmes après 60 ans et 90% des femmes après 75 ans, c’est l’incontinence urinaire, notamment d’effort. Dans ce cas, il faut évoquer la possibilité de faire de la rééducation périnéale car il n’est jamais trop tard, voire de la chirurgie ».

 
L’autre obstacle, et les femmes ne vont pas toujours en parler car le sujet est très tabou bien qu’il touche 55% des femmes après 60 ans et 90% des femmes après 75 ans, c’est l’incontinence urinaire.
 

Faut-il réaliser un bilan chez une femme qui souhaite se (re)mettre à l’activité physique ? « Cela dépend. Si la patiente ne présente pas de pathologies et veut juste faire un peu de vélo et de la marche, alors c’est inutile. En revanche, dès que l’on est en présence d’un facteur de risque cardiovasculaire, il est très important de « bilanter » ce facteur de risque et de promouvoir l’AP puisque cela en est l’un des traitements. Donc, pour résumer, en présence de symptômes CV, on fait un bilan cardiologique, idem si l’activité physique est pratiquée à un rythme intense ou en compétition, sinon, non (Cf HAS, 2018 [6]) ».

Que préconiser aux femmes ? « Les recommandations sont d’effectuer au moins 2h30 par semaine d’activités modérées ou 1h15 par semaine d’activités intenses (en incluant des pratiques avec impact – pour les os –, du renforcement musculaire, du travail de l’équilibre), de limiter le temps passé assis et au minimum de pratiquer la marche – marcher 7 heures par semaine, c’est 1,8 années supplémentaire en bonne santé », assure la cardiologue parisienne.

« En conclusion, il faut dire aux patientes que l’activité physique est sure, que c’est le meilleur traitement de la ménopause – pas à 100%, ni sur tous les symptômes – mais c’est très important, a résumé l’oratrice. Surtout, il faut leur dire, que c’est un moment clé donc si elles n’en faisaient pas avant c’est le moment de commencer car cela va avoir une action prévention préventive sur le plan CV. Chaque mouvement compte. Il importe à la fois de limiter le temps passé assis et d’augmenter l’activité physique pure et dure ».

 
Marcher 7 heures par semaine, c’est 1,8 années supplémentaire en bonne santé.
 

 

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