Canada, Brésil — Un nouveau traitement contre le Covid-19, l’interféron pégylé lambda, fabriqué par la société californienne Eiger BioPharmaceutical, réduirait de moitié le risque d'hospitalisation ou de temps passé en observation aux urgences (>6 heures) chez les personnes à risque de développer une forme sévère de la maladie, selon un essai de phase 3 publié dans le New England Journal of Medicine[1].
« Le peginterféron lambda a un énorme potentiel thérapeutique alors que nous continuons à observer l'émergence de variants agressifs du virus qui se répandent dans le monde entier et qui sont moins sensibles à la fois aux vaccins et au traitement par anticorps », a déclaré le Dr Jordan Feld, co-auteur de l’étude (Université de Toronto, Canada), dans un communiqué de presse du NEJM.
« La résistance liée aux variants ou à de nouvelles souches du virus […] pourrait ne pas être un souci avec le peginterféron lambda en raison de son mécanisme d'action qui implique l'activation de multiples voies d'élimination du virus », ajoute-t-il.
Quel rationnel ?
Dans les cellules infectées, le SARS-CoV-2 limite l’expression des interférons de type III produits naturellement et qui constituent une ligne de défense précoce dans les infections des voies respiratoires supérieures. Le traitement consistant en un apport exogène d'interféron lambda, tel que l'interféron lambda pégylé, pourrait stimuler l'immunité antivirale et traiter l'infection précoce par le SARS-CoV-2.2
Concernant le profil de sécurité de la molécule, les auteurs signalent que l'administration d'interféron lambda pégylé à plus de 4 000 patients pour diverses maladies (dont l'hépatite B, C et D, et Covid-19) a permis d'établir un profil de sécurité et d'effets secondaires bien balisé.
Une étude sur près de 2000 patients
Dans l’étude, les chercheurs ont évalué le traitement administré en ambulatoire (injection sous-cutanée unique, 180 μg) par rapport à un placebo chez 1 949 adultes au Canada et au Brésil qui présentaient un risque élevé de Covid-19 grave. Les personnes du groupe traité ont reçu, en ambulatoire, l'injection dans les 7 jours suivant l'apparition des symptômes.
Au total, 933 patients ont été randomisés pour recevoir l'interféron pégylé lambda (2 ont été exclus par la suite en raison de déviations du protocole) et 1018 ont été assignés à recevoir le placebo. Dans l'ensemble, 83 % des patients avaient été vaccinés et, au cours de l'essai, de multiples variants du SARS-CoV-2 sont apparus.
Dans les 28 jours suivant la randomisation, 25 des 931 patients (2,7 %) du groupe interféron ont été hospitalisés ou ont passé plus de 6 heures en observation aux urgences, contre 57 des 1018 (5,6 %) du groupe placebo, soit une différence de 51 % (risque relatif, 0,49).
En termes de résultats secondaires, le risque relatif concernant le temps d'hospitalisation lié au Covid-19 était de 0,57 et celui associant hospitalisation ou décès lié au Covid-19 était de 0,59.
Le traitement était plus efficace lorsqu'il était pris dans les trois jours suivant l'apparition des symptômes. Les résultats ont également montré qu'il était efficace pour les personnes vaccinées et non vaccinées, ainsi que contre différents variants dominants du Covid.
Parmi les patients ayant une charge virale élevée au départ, ceux qui avaient reçu l'interféron pégylé lambda avaient une charge virale plus faible au 7ème jour comparés aux patients qui avaient reçu le placebo. L'incidence des effets indésirables était similaire dans les deux groupes.
« Ces données démontrent le potentiel du peginterféron lambda à conférer un bénéfice significatif aux patients atteints de Covid-19 et suggèrent un potentiel pour d'autres infections virales respiratoires », a commenté le Dr David Apelian PDG par intérim d'Eiger avant d’ajouter « Nous disposons de plus de 100 000 seringues de peginterféron lambda et d'autres produits intermédiaires de fabrication qui permettraient de soutenir une capacité de >10 millions d'unités si nécessaire ». Toutefois, la FDA n’a pas pour le moment pas donné suite à une demande d’autorisation en urgence de ce candidat médicament.
A noter que ce traitement en une seule injection offrirait un avantage pratique par rapport à l’antiviral Paxlovid de Pfizer, qui nécessite la prise de plusieurs pilules sur plusieurs jours.
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Crédit de Une : iStock/Getty Images
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Citer cet article: Interféron lambda pégylé : vers un nouveau traitement contre le COVID -19 ? - Medscape - 13 févr 2023.
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