Paris, France — C'est une première, de mémoire de conseiller ordinal : dans un communiqué de presse du 9 février dernier, le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) annonce qu'il « prendra part à la manifestation organisée pour protester contre la loi Rist, actuellement discutée au Sénat ».
Pour le Cnom, adopter cette loi, « c'est promettre aux Français une médecine à deux vitesses. L’adopter, c’est entériner des risques de perte de chance pour les patients ».
Le Cnom fait ici référence à l'accès direct à certains paramédicaux (les infirmiers en pratique avancée (IPA), les kinésithérapeutes mais aussi les orthophonistes), sans la médiation du médecin généraliste, tel que le stipule la loi Rist.
Texte amendé
Examiné le 8 février en commission des affaires sociales du Sénat, le texte a pourtant été amendé : l'accès direct à ces paramédicaux seraient réservés à ceux exerçant dans des centres ou maisons de santé, équipes de soins primaires et spécialisées, et non plus dans des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé).
La commission des affaires sociales a par ailleurs supprimé l'article 4 quater qui visait à ne valoriser que les médecins qui s'engageaient dans le territoire, via la participation, entre autres, à la permanence des soins ambulatoire.
Enfin, dernier geste en faveur des médecins : les sénateurs ont adopté un nouvel article qui indemnise les rendez-vous non honorés des médecins.
Force est de constater que ces appels du pied du Sénat en direction des médecins libéraux n'ont pas convaincu. Car le Cnom poursuit, dans son communiqué : « Tout patient a le droit de voir un médecin s’il est malade. Seule la coordination par le médecin est à même de garantir aux patients l’accessibilité, la qualité et la sécurité de leur parcours de soins. »
Pour rappel, l'appel à la manifestation du 14 février avait été initialement signé par sept syndicats représentatifs de la profession médicale : avenir spé, le bloc, CSMF, FMF, MG France, SML, et UFML-S.
D’autres syndicats de médecins
Depuis, d'autres syndicats les ont rejoints. À commencer par ceux faisant partie de la CSMF, comme les généralistes CSMF, qui appelle à une mobilisation massive « pour défendre la santé de tous les Français », « contre la loi Rist & consort, contre une convention indigne des médecins que nous sommes ».
Le syndicat des médecins agréés pour le contrôle médical d'aptitude à la conduite (Smacmac) s'est lui aussi joint à l'appel à manifester le 14 février en demandant également à tous ses adhérents de « ne recevoir aucun usager hors commission le 14 Février 2023, d'annuler leur participation à toutes les commissions médicales prévues le 14 février, de se rendre en masse à la manifestation parisienne ».
Le syndicat Jeunes médecins, qui représente « les internes et tous les médecins », appelle également à la grève le 14 février. Dans son communiqué, Jeunes médecins dénonce « l’accès direct aux infirmiers de pratique avancée comme le remède miracle à la pénurie de médecins, [...] la revalorisation de 1,50 € la consultation alors que l’inflation avoisine les 10 % [...] la mise en place d’un contrat d’engagement territorial comme condition à une réelle augmentation tarifaire [...] considérer que l’intérim médical serait le fait de comportements « cannibales »".
Collectifs
Du côté des collectifs, Médecins pour demain, qui milite pour une revalorisation de la consultation à 50 euros, sera bien évidemment dans la rue le 14 février. Pêle-mêle, le collectif de médecins généralistes dénonce « une nouvelle organisation du système de santé en ville, et un nouveau mode d'accès aux soins pour nos patients ».
Cette nouvelle organisation passe par « la quatrième année d'internat, la généralisation des CPTS et des SAS », les consultations directes pour les IPA, la mise en place du contrat d'engagement territorial... Et de conclure : « Dans le contexte actuel d’une grande souffrance déjà existante pour de nombreux médecins, ce nouveau système se révèle totalement contre-productif. »
Plus éloigné de la médecine de ville et plus proche de l'hôpital, le collectif santé en danger est lui aussi solidaire des revendications des libéraux. Sur sa page Facebook, Santé en danger a notamment appelé à manifeste le 14 : « Le 14 février Le Collectif Santé En Danger sera aux côtés de tous les syndicats Libéraux ».
Les internes, dont l'intersyndicale nationale des internes (Isni), battra le pavé aux cotés des leurs ainés libéraux. Aux mots d'ordre « d'opposition à toute mesure coercitive concernant les modes d'exercice des jeunes médecins, pour une revalorisation conséquente de la consultation en soins de ville, pour la revalorisation des moyens donnés à la médecine de ville », l'Isni appelle sur son compte Twitter à la grève des internes le 14 février.
Enfin, sur les territoires, au-delà de la manifestation parisienne, des unions régionales des professionnels de santé se mobilisent, à l'instar de l'UPRS Paca, qui a décidé de suspendre sa participation aux travaux de mise en place du SAS.
Derniers en date à se joindre au mouvement social, l'intersyndicale de praticiens hospitaliers APH (Action praticiens hôpital) et les urgentistes de l'AMUF (association des médecins urgentistes de France). Dans un communiqué commun, les deux organisations syndicales indiquent que le 14 février prochain, « les médecins libéraux le conseil de l'ordre des médecins et les syndicats de praticiens hospitaliers d'Action praticiens Hôpital avec l'amuf seront devant le Sénat pour s'opposer à ce texte ». Rappelant la « triste aventure des officiers de santé » il y a deux siècles, les médecins hospitaliers revendiquent « la pratique avancée dans les domaines où la coordination du soin et le transfert de tâche ont du sens. Pour APH et l'amuf, la pratique avancée doit se concevoir dans le cadre d'un parcours dont l'initiateur du soin est le médecin, en ville ou à l'hôpital ».
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Crédit de Une : Jacques Cofard
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Citer cet article: Manifestation du 14 février : le Cnom sera aussi dans la rue ! - Medscape - 13 févr 2023.
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