
La Dre Georgia Schilling
La Dre Georgia Schilling (médecin-cheffe du service de rééducation oncologique à Hambourg, Allemagne), commente une étude récente publiée dans le JAMA sur les bénéfices de l’activité physique chez les survivants d’un cancer. Rester en position assise pendant plus de 8 heures par jour est particulièrement néfaste pour ces patients et doit être compensé par une activité physique plus prononcée.
(Ci-dessous la transcription de la vidéo de la Dre Georgia Schilling, publiée originalement sur l’édition allemande de Medscape)
TRANSCRIPTION
"Bonjour, je suis Georgia Schilling, je dirige le centre de cancérologie Asklepios à Hambourg, ainsi que le service de réadaptation oncologique à la clinique Asklepios de la mer du Nord, qui est située à Westerland, sur l'île de Sylt.
Je souhaite évoquer avec vous un article du JAMA Oncology publié l’an dernier [1]. Il porte sur l'impact de la position assise au quotidien et de l'activité physique de loisir chez les patients survivants d'un cancer aux États-Unis.
La position assise (en particulier lorsqu’elle est prolongée) et le manque d'activité physique peuvent influencer négativement la survie après un cancer. L’étude a porté sur cette question, en visant à déterminer les relations indépendantes ou conjuguées entre, d’une part le temps passé quotidiennement en position assise et l'activité physique pendant les loisirs ainsi que, d’autre part, la mortalité dans cette catégorie de patients.
Il s'agissait d'une étude de cohorte prospective, portant sur un groupe représentatif de 1535 survivants du cancer et tous âgés de plus de 40 ans. Les données analysées proviennent de l'enquête américaine sur la santé et la nutrition menée entre les années 2007 et 2014. Ces données auto-déclarées incluaient le temps passé assis au quotidien et l'activité physique au cours des loisirs, avec une évaluation au moyen du Global Physical Activity Questionnaire.
Les auteurs ont relevé la mortalité associée au cancer et la mortalité liée à une autre cause, avec un suivi médian de 4,5 ans. Plus de 1500 patients d'un âge moyen de 65 ans ont ainsi été inclus dans l’analyse. 83% d’entre eux étaient des femmes.
Plus de la moitié étaient physiquement inactifs
C'est là que les choses deviennent intéressantes. 57% des participants ont déclaré n’exercer aucune activité physique de loisir et étaient donc inactifs. 15,6% consacraient moins de 150 minutes d'exercice par semaine. Ils étaient considérés comme insuffisamment actifs. Par ailleurs, ils étaient 27,6% à bouger pendant plus de 150 minutes hebdomadaires au cours de leurs moments de loisirs.
35,4% ont déclaré rester assis pendant 6 à 8 heures par jour. 25% l’étaient même pendant plus de 8 heures. Un autre chiffre : 35,8% ont déclaré une absence d’aucune activité physique avec une position assise pendant plus de 6 heures par jour.
Au terme du suivi, les auteurs ont relevé près de 300 décès, dont 114 associés à un cancer, 41 d'origine cardiaque et 138 liés à une autre cause.
Une activité plus élevée associée à un risque de décès plus faible
L'analyse multivariée de l'étude a montré que l'activité physique était associée à un risque plus faible de mortalité liée au cancer et de mortalité pour d'autres causes, en comparaison avec l'inactivité physique.
En analysant l'impact d’une durée de plus de 8 heures en position assise en comparaison avec une durée inférieure à 4 heures, il s'est avéré que moins le patient était assis, plus son risque de décès était faible.
L'analyse conjointe de la position assise et de l'activité physique a montré que la position assise prolongée et le manque d'activité physique pendant les loisirs étaient associés à un risque de mortalité accru. Le risque le plus élevé concernait les survivants inactifs ou insuffisamment actifs qui restaient assis pendant 8 heures.
Quelles conclusions en tirer ?
Comme cette étude l’a clairement montré, la combinaison d'une longue période de sédentarité et d'un manque d'activité physique est très répandue chez les survivants à un cancer, et elle est associée à un taux de mortalité très élevé, tant pour cause de cancer que pour une autre cause.
Cela nous en dit plus sur ce qu’il convient de discuter avec nos patients au cours de leur suivi. Dans l’ensemble, ils doivent bouger beaucoup, et certains doivent peut-être compenser une occupation prolongée en position assise par une activité physique plus prononcée. C'est certainement le message clé à retenir et à partager.
Ceci dit, l'étude est très controversée, et à juste titre, car l’analyse n'a pas pris en compte l’index de Karnofsky des patients, qui est certainement associé au risque de décès, ni les comorbidités qu’ils présentent. C'est un peu dommage, car ce sont deux facteurs qui jouent un rôle important dans la mortalité. Mais cela fait déjà longtemps que nous préconisons d'être physiquement actifs et d'éviter autant que possible la position assise. C'est ce que je conseille également à tous mes patients en rééducation, notamment. Je pense donc que cette étude renforce les données des études précédentes et démontre l'intérêt de l'activité physique dans ce contexte.
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Source : Dreamstime
Medscape © 2023
Citer cet article: Survivants du cancer, levez-vous et bougez ! - Medscape - 22 févr 2023.
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