Montpellier, France – En 2022, le CHU de Montpellier a lancé un projet original intitulé L’Art sur ordonnance en partenariat avec le musée d’art contemporain de Montpellier, le MO.CO. Les personnes adressées par le Département d’Urgences et Post Urgences Psychiatriques (DUPUP) du CHU se voient ainsi proposer un programme complet mêlant rencontres avec les œuvres et les artistes, visites des expositions et ateliers de pratiques artistiques. Détails.
La France inaugure à son tour le concept
Déjà étudié et expérimenté au Canada (initié en 2018 par le musée des Beaux-Arts de Montréal et l’Ordre des médecins au Canada, et où les professionnels de santé peuvent prescrire jusqu’à 50 visites de musées par an à leurs patients), au Royaume-Uni et plus récemment en Belgique, ce dispositif de « prescription d’art » s’appuie sur des études qui démontrent que la pratique artistique joue un rôle dans la prévention des problèmes mentaux et la promotion de la santé, du bien-être et de la cohésion sociale. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’en est d’ailleurs fait l’écho dans un rapport paru en 2019 (voir encadré).
La France inaugure à son tour le concept, et le CHU de Montpellier fait office de pionnier avec la mise en place l’an dernier d’une expérience pilote qui consiste à proposer à des patients suivis au CHU pour des épisodes dépressifs de participer à des parcours artistiques d’un mois, mêlant visites d’expositions et ateliers créatifs.
L’initiative est née de l’« urgente nécessité à sensibiliser le public aux avantages de l’engagement artistique pour la santé mentale et vise à faire sortir les patients de l’hôpital en leur prescrivant de l’art », précise le communiqué.

Atelier avec l'artiste plasticienne Bianca Biondi
S’engager dans une démarche de création artistique
Le projet se veut cependant très différent des ateliers d’art-thérapie, en ce qu’il est « totalement déconnecté du système sanitaire », le participant y est présent « pour s’exprimer au niveau émotionnel, un processus qui n’est pas du tout repris comme en art-thérapie sur le plan psychothérapeutique », explique le Pr Philippe Courtet, psychiatre et responsable du DUPUP, dans une vidéo du Huffington Post .
Par la rencontre avec l’art, les participants aux ateliers peuvent ainsi s’évader, aborder les thématiques artistiques et sociétales qui animent les artistes et découvrir leur propre créativité. Ils échangent, s’engagent dans une démarche de création artistique et co-construisent avec l’artiste autour de son projet, tissent de nouveaux liens sociaux et s’enrichissent mutuellement des expériences vécues.
En pratique, un interne en psychiatrie et un étudiant aux Beaux-Arts accompagnent chacun des ateliers, en sachant que l’équipe du service des publics du MO.CO. – qui propose depuis longtemps de nombreuses actions adaptées et à la carte, à destination de publics empêchés ou éloignés de la culture – est rodée à ce type de projet.

Atelier chorégraphique avec Anne Lopez
Des artistes invités en lien avec la programmation du MO.CO.
Des artistes invités par le MO.CO. interviennent auprès d’un groupe de patients sur une durée d’un mois chacun. En 2022, trois groupes différents d’environ 10/12 patients ont pu en bénéficier.
Le premier groupe de patients a travaillé avec l’artiste Bianca Bondi, ensuite, c’est la chorégraphe Anne Lopez qui a conçu un atelier de pratique chorégraphique. Enfin, l’artiste Suzy Lelièvre a pris la relève avec un troisième groupe, en s’appuyant à chaque fois sur la programmation du MO.CO.
En termes d’évaluation, l’Art sur ordonnance au MO.CO. donnera lieu à une étude observationnelle de suivi réalisée par le DUPUP du CHU. L’objectif sera d’évaluer l’impact de l’intervention artistique sur le bien-être mental des patients, la qualité de vie et les changements de l’anxiété et de la dépression.
Activités artistiques : un bon complément aux protocoles thérapeutiques, selon l’OMS
L’art peut être bénéfique pour la santé, tant physique que mentale. C’est l’une des principales conclusions d’un rapport de 2019 du Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a analysé les éléments de preuve tirés de plus de 900 publications du monde entier [1].
Ce rapport a étudié l’apport des activités artistiques tant pour promouvoir la santé et éviter qu’elle ne se détériore, que pour gérer et soigner les problèmes de santé physique et mentale et faciliter les soins palliatifs.
Cinq grandes catégories artistiques ont été explorés : les arts de la scène (musique, danse, chant, théâtre, cinéma), les arts visuels (artisanat, design, peinture, photographie) ; la littérature (écrire, lire, se rendre à des festivals littéraires) ; la culture (fréquenter des musées et des galeries, assister à des concerts, théâtre) ; et les arts en ligne (animation, arts numériques, etc...).
L’OMS a ainsi établi que dans les établissements de santé, les activités artistiques peuvent servir de complément aux protocoles thérapeutiques ou renforcer ces derniers.
Le rapport souligne que « certaines interventions dans le domaine des arts, en plus de donner de bons résultats, peuvent aussi être plus rentables que des traitements biomédicaux plus conventionnels » tout en ne comportant « qu’un faible risque de résultats négatifs ».
Parmi les recommandations émises à l’issu du rapport, l’OMS préconise, d’ :
Inclure les arts dans la formation des professionnels de santé ;
Introduire ou renforcer les mécanismes par lesquels les établissements de santé ou d’aide sociale prescrivent des programmes ou des activités artistiques.
Plusieurs pays examinent désormais la possibilité d’introduire des prescriptions d’activités artistiques ou sociales, qui permettraient aux médecins dispensant des soins de santé primaires d’aiguiller leurs patients vers des activités artistiques, précise-t-elle.
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Crédit image de Une : Aloïs Aurelle
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Citer cet article: Visite au musée sur ordonnance : une initiative montpellieraine - Medscape - 3 févr 2023.
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