Dans l’Actu : réduire la consommation d’alcool

Ryan Syrek

Auteurs et déclarations

3 février 2023

 

Chaque année, des millions de personnes s'abstiennent de consommer de l'alcool pendant le premier mois de l'année dans le cadre du « Dry January » ou  Janvier Sobre . En ce début de février, de nouvelles recommandations et les résultats de nouvelles recherches confirment les effets bénéfiques de la réduction de la consommation d'alcool.

Nouvelles recommandations canadiennes

Le Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances (CCDUS) a publié un nouveau rapport  [1] remplaçant les directives de consommation d'alcool à faible risque datant de 2011 (voir infographie). Les nouvelles recommandations ont été élaborées conjointement par un comité exécutif, des organisations nationales, trois groupes d'experts scientifiques et un groupe de travail chargé de l'examen des données scientifiques.

À partir de différents seuils de risque de mortalité, le CCDUS a élaboré le continuum de risque suivant :

- Faible (≤ 2 verres* par semaine).

- Modéré (3-6 verres par semaine)

- De plus en plus élevé (≥ 7 verres par semaine).

 

*un verre équivaut à une consommation standard contenant 17,05 millilitres (13,45 grammes) d’alcool pur, soit une cannette de bière (12 oz, 341 ml, 5 % d’alcool), une petite bouteille de cidre (12 oz, 341 ml, 5 % d’alcool), un verre de vin (5 oz, 142 ml, 12 % d’alcool), un verre de spiritueux (1,5 oz, 43 ml, 40 % d’alcool).

 

Le rapport canadien note également que la consommation de plus de deux boissons standard par occasion est associée à une augmentation des risques pour la santé et qu'aucune quantité d'alcool n'est sans danger pour les femmes enceintes ou qui essaient de le devenir. Le CCDUS a également souligné des différences entre les hommes et les femmes : au-delà du risque modéré, les risques pour la santé augmentent plus fortement chez les femmes, alors que la consommation d'alcool chez les hommes entraîne beaucoup plus de blessures, de violence et de décès. Les experts rappellent que toute réduction de la consommation d'alcool est bénéfique.

 
Les experts rappellent que toute réduction de la consommation d'alcool est bénéfique.
 

Réduction de la mortalité

Ces recommandations sont soutenues par des résultats récents concernant les hépatopathies alcooliques. Une étude portant sur des patients souffrant d'une maladie du foie liée à l'alcool a montré que ceux qui s'abstiennent de consommer de l'alcool ont un meilleur pronostic, incluant une réduction de la mortalité toutes causes confondues et de la mortalité d’origine hépatique, même s'ils présentent une hypertension portale cliniquement significative.[2]

Plus de 300 patients présentant une hypertension portale cliniquement significative ont été suivis pendant une période médiane de 3 ans. Ceux qui s'abstenaient de consommer de l'alcool présentaient une réduction de 61 % du risque d’insuffisance hépatique, ainsi qu'une diminution de 57 % du risque de mortalité hépatique et de 55 % du risque de mortalité toutes causes confondues. La réduction de la décompensation hépatique a été observée même chez les patients présentant des gradients de pression veineuse hépatique ≥ 20 mm Hg, signifiant une hypertension portale à haut risque.

Réduction du risque de cancer colorectal

Diminuer la consommation d'alcool peut également réduire le risque de cancer colorectal (CCR). Les résultats d'une grande cohorte européenne suggèrent que les changements de mode de vie réduisent l'incidence du CCR. [3] Plus précisément, la diminution de la consommation d'alcool était associée de manière significative à une réduction du risque de CCR chez les participants âgés de 55 ans ou moins au départ. Dans l'ensemble, le passage d'un « mode de vie défavorable » à un « mode de vie favorable » a été associé à une réduction de 23 % du risque de CCR (par rapport à l'absence de changement). De même, le passage d'un « mode de vie favorable » à un « mode de vie défavorable » était associé à un risque accru de 34 %.

Les médecins aussi...

La réduction de la consommation d'alcool ne doit pas être envisagée uniquement pour les patients. Selon une étude récente, la consommation d'alcool estimée « problématique » semble être en augmentation également chez les praticiens. [4] Dans le cadre d'une analyse systématique de la littérature sur la consommation autodéclarée, les chercheurs ont constaté que plus d’un médecin sur quatre (25 %) rapportent désormais des abus d'alcool. Les chercheurs ont examiné 31 études réalisées entre 2006 et 2020 et portant sur 51 680 internes, résidents ou médecins salariés dans 17 pays. Les données ont montré une augmentation de la consommation d'alcool estimée comme problématique de 16,3 % entre 2006 et 2010, à 26,8 % entre 2017 et 2020.

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