Calcium alimentaire et ostéoporose : quels produits privilégier ?

Hélène Joubert

Auteurs et déclarations

1er février 2023

Paris, France – C’est une première, en France et dans le monde : la Société française de rhumatologie (SFR) et le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO) ont émis des recommandations destinées aux professionnels de santé sur l’alimentation dans la prévention et le traitement de l’ostéoporose [1]. Focus sur le calcium, un sujet approfondi lors de la journée scientifique annuelle du GRIO (20/01/23, Paris) [2].

Les soins nutritionnels font partie intégrante de la prévention et du traitement de l’ostéoporose. De manière générale, le groupe de travail français SFR-GRIO soutient une alimentation de type méditerranéen et la consommation de deux à trois produits laitiers chaque jour. Ensemble, ils fournissent la quantité de calcium et de protéines « de haute qualité » nécessaires au maintien d’un équilibre calcium-phosphore et d’un métabolisme osseux normaux, et sont associés à un risque de fracture plus faible.

2 à 3 produits laitiers par jour améliorent la DMO à tous les sites

Les apports quotidiens recommandés en calcium peuvent être atteints en ingérant trois produits laitiers par jour (soit un apport de 150 à 200 mg de calcium/portion) [3,4]. Riches en calcium, leur biodisponibilité est bien meilleure que les sources végétales [5,6].

Dans une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés, la consommation de produits laitiers s’est avérée bénéfique sur la densité minérale osseuse (DMO) à tous les sites. Par exemple, la différence moyenne standardisée (DMS) était de 0,21g/cm2 (IC 95 % = 0,05-0,37, P = 0,009) au niveau du rachis lombaire, de 0,36g/cm2 (IC 95 % = 0,19-0,53, P < 0,001) au col fémoral et de 0,37g/cm2 (IC 95 % = 0,20-0,55, P < 0,001) au niveau de la hanche totale [7].

Une étude d’intervention prospective randomisée menée dans des maisons de retraite a relevé une réduction de 33 % de l’incidence des fractures, une réduction de 46 % des fractures de la hanche et une réduction de 11 % des chutes lorsque le nombre de produits laitiers est passé de 2 à 3,5 par jour en moyenne en association avec des apports protéiques optimisés, comparativement à une alimentation inchangée [8]

Des associations bénéfiques avec le risque de fracture ont été constatées dans des méta-analyses randomisées quel que soit le type de produit laitier. Et des associations encore plus marquées ont été remarquées avec des produits laitiers fermentés (yaourt, fromage) [9,10].

En revanche, la littérature est inexistante en ce qui concerne les produits laitiers à base de lait de brebis ou de chèvre. Par conséquent, chez les patients atteints d’ostéoporose ou en prévention de cette maladie, le groupe d’experts conseille 2 à 3 produits laitiers différents par jour.

Les produits laitiers associés à une évolution favorable du profil lipidique

La teneur élevée en acides gras saturés des produits laitiers pourrait-elle altérer le profil lipidique, d’où un risque cardiovasculaire accru ? Souvent énoncée, cette assertion ne repose cependant sur aucun fondement scientifique.

À l’inverse, la consommation de produits laitiers (à l’exception du beurre, bien entendu) est associée à une évolution favorable du profil lipidique (triglycérides, cholestérol total, cholestérol LDL et HDL), avec un risque réduit de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2 [11,12,13,14].

Ceci s’explique par l’effet « matrice » (l’interaction entre les différents nutriments) qui impacte l’effet physiologique. Ainsi, l’effet des produits laitiers sur le profil lipidique est différent avec le fromage qu’avec des produits laitiers riches en matières grasses (beurre, crème). 

Le fromage doit néanmoins être consommé modérément en raison de sa densité énergétique élevée – due à sa teneur en lipides – et de la quantité de sel qu’il contient.

 

Cas des antécédents de lithiase urinaire
Les patients ayant des antécédents de lithiase urinaire ont tendance à limiter leurs apports en calcium. Or, un faible apport en calcium est au contraire préjudiciable, d’après la littérature. En effet, cela favorise les lithiases oxaliques en augmentant l’absorption digestive des oxalates en réponse à la diminution des complexes calcium-oxalate [15]. De plus, aucune augmentation du risque de lithiase n’a été rapportée avec des apports calciques recommandés selon l’âge, soit entre 800 et 1 200 mg/jour [16].

La bonne biodisponibilité du calcium des eaux minérales

Les eaux minérales sont une source de calcium alimentaire, dont la biodisponibilité équivaut à celle du calcium des produits laitiers [17]. Les eaux riches en calcium et en bicarbonate et pauvres en sulfates sont à privilégier.

Chez les patients atteints d’ostéoporose ou dans la prévention de l’ostéoporose, le groupe d’experts est en faveur de la consommation d’eaux minérales riches en calcium (> 250-300 mg Ca/L) dans le cas où l’ingestion de produits laitiers serait insuffisante.

À teneur en calcium identique, les eaux riches en bicarbonate réduisent davantage le remodelage osseux que les eaux riches en sulfate [18]. Cependant, pour certaines eaux riches en bicarbonates, l’apport éventuel de sel doit également être envisagé car le sel induit une augmentation de la calciurie [19].

Enfin, en ce qui concerne les boissons à base de végétaux, il n’existe pas de données suggérant qu’elles sont équivalentes aux laits animaux comme source de calcium. Une unique étude publiée, d’intervention, a trouvé que le lait de vache avait un effet plus favorable sur la prévention de la perte osseuse post-ménopausique qu’une boisson à base de soja [20].

Enfin, chez les sujets qui consomment très peu de produits laitiers, soit pour des raisons « culturelles » (le lait et les produits laitiers en général « sont mauvais pour la santé », d’après eux) soit parce qu’ils ne les supportent pas d’un point de vue digestif, une supplémentation en calcium peut être judicieuse, la consommation des seules eaux minérales pouvant ne pas être suffisante.

 

Déclarations de liens d’intérêt :
- Emmanuel Biver déclare une activité ponctuelle (conseils consultatifs) pour Nestlé.
- Julia Herrou, Guillaume Larid, Mélanie A Legrand, Sara Gonnelli, Cédric Annweiler, Roland Chapurlat, Véronique Coxam, Patrice Fardellone, Thierry Thomas, Jean-Michel Lecerf, Bernard Cortet et Julien Paccou déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt.

 

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