Paris, France — Après les syndicats de médecins, c’est au tour de l'Académie nationale de médecine et du Conseil national de l'Ordre des médecins de demander aux autorités de s’emparer du sujet des rendez-vous médicaux non-honorés.
Dans un communiqué commun, les deux instances indiquent que « plusieurs enquêtes suggèrent que chaque semaine 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de 2 heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu'en soit la discipline et, par extrapolation, près de 27 millions de rendez-vous non honorés par an ».
Près de deux tiers de ces défections concerneraient un premier rendez-vous et « le phénomène semble en constante augmentation », indique le communiqué.
En cause notamment, l’avènement des plateformes de rendez-vous en ligne qui permettent à certains patients de prendre plusieurs rendez-vous pour finalement ne se rendre qu’à l’un d’entre eux sans décommander les autres ; un phénomène encore dénoncé récemment par l’un de nos bloggeurs cardiologue.
Or, ces « lapins » entravent l’accès aux soins. Ils impactent fortement le quotidien des médecins libéraux mais aussi l’hôpital car ils contribuent à majorer le nombre de patients qui, ne trouvant pas de rendez-vous en ville, s'adressent aux services d'urgence.
Faire payer
« Face à ce véritable problème de santé publique », l'Académie nationale de médecine et le Conseil national de l'Ordre des médecins demandent aux pouvoirs publics :
- de sensibiliser et responsabiliser le public par des campagnes d'information dénonçant cette manifestation d'incivilité hautement préjudiciable à l'offre de soins,
- d'amender les propositions de loi sur l'accès aux soins, en cours de discussion, afin que le code de la santé publique permette de responsabiliser les patients sur les rendez-vous non honorés.
Ce que demandent le CNOM et l’Académie de Médecine, en clair, se sont des sanctions financières. Sanctions demandées depuis longue date par plusieurs syndicats de médecins.
Le syndical Union Française pour une Médecine Libre (UFML) a, pour sa part, lancé une pétition en juillet 2022 demandant que « la facturation des rendez-vous non honorés puisse être autorisée :
-par une modification de l’article R.4127-53 du Code de la santé publique qui indique que les honoraires ne peuvent être réclamés qu’à l’occasion d’actes réellement effectués ;
-puis au travers de négociations conventionnelles afin de construire un avenant conventionnel ouvrant à cette autorisation ».
« Diminuer le nombre de consultations non-honorées, c’est libérer du temps de soin, donner de la disponibilité de rendez-vous aux patients et diminuer une part des passages aux urgences », martelait alors l’UFML.
Alors que la pétition a reçu près de 9 000 signatures à ce jour, le syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) s'est vivement opposé à cette proposition. Magnanime, il a en effet considéré dans un communiqué que de « nombreux écueils peuvent amener à ne pas pouvoir honorer un rendez-vous médical » et qu’« en juger ne fait qu'affaiblir la relation de soin ».

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Crédit de Une : Dreamstime
Crédit image texte : UFML
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Citer cet article: L’Académie de médecine et le CNOM réclament des sanctions pour les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous - Medscape - 30 janv 2023.
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