France, États-Unis — Une équipe franco-américaine a mis en évidence, chez la souris, que l’istradefylline, un médicament utilisé contre la maladie de Parkinson, pourrait réduire les effets délétères du cisplatine et en améliorer l’efficacité [1].
Si cette molécule confirme son intérêt, environ 30 % des patients traités par cette cisplatine pourraient en bénéficier.
Pourquoi est-ce important ?
Le cisplatine est une chimiothérapie puissante utilisée dans de nombreux cancers solides (poumon, ovaire, testicules…) [2]. Cependant, son efficacité est largement limitée du fait de la survenue fréquente d’effets indésirables graves. Les propriétés antitumorales du cisplatine, comme ses effets indésirables, sont dose-dépendants. Les toxicités rénales, qui entraînent une insuffisance rénale aiguë, et les douleurs neuropathiques sévères, qui nécessitent des ajustements de doses ou même un sevrage sont des effets indésirables graves qui affectent négativement l’efficacité du traitement.
La prévention de la néphrotoxicité induite par le cisplatine passe, encore aujourd’hui, souvent par des mesures non spécifiques (hydratation saline, perfusion de magnésium), et les patients sont encore trop souvent invités à supporter les douleurs neuropathiques faute de traitement pour les éviter. D’où l’intérêt d’identifier des stratégies thérapeutiques qui pourraient limiter les toxicités induites par le cisplatine.
Un effet néphroprotecteur et d’atténuation de l’hypersensibilité à la douleur
L’istradefylline est un antagoniste du récepteur de l’adénosine A2A. Cette molécule est approuvée par la FDA dans le cadre de la maladie de Parkinson. Les résultats soulignent que chez la souris, la néphrotoxicité induite par le cisplatine est associée à la régulation du récepteur A2A rénal. Les effets bénéfiques de l’istradefylline ont été constatés après administration unique ou répétée de cisplatine. Ils ont été observés alors même que les propriétés de contrôle de la croissance tumorale par le cisplatine ont été préservés.
Les chercheurs suggèrent que l’effet néphroprotecteur pourrait reposer notamment sur sa capacité à limiter l’accumulation de cisplatine dans le rein. Et l’effet d’atténuation de l’hypersensibilité à la douleur pourrait être consécutif à la réduction des cytokines pro-inflammatoires. Mais ce dernier point nécessite d’être mieux compris par d’autres travaux.
Ces résultats sont prometteurs sur deux effets secondaires majeurs du cisplatine et pourraient répondre à une problématique qui concerne environ un tiers des patients traités par cette molécule. Il convient cependant maintenant de renforcer la valeur clinique potentielle de ces données par des études cliniques de qualité. Néanmoins, le fait que l’istradefylline soit déjà utilisée chez l’humain pour traiter une autre pathologie constitue d’ores et déjà une perspective intéressante.
« De fait, nous disposons déjà de nombreuses données issues d’essais cliniques qui montrent que cette molécule est sûre. S’il est nécessaire de mener une étude clinique afin de tester son efficacité pour réduire les effets secondaires de la chimiothérapie, la possibilité d’un repositionnement thérapeutique est une perspective prometteuse pour améliorer la prise en charge des patients à court terme », soulignent les chercheurs .
Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Un antiparkinsonien pour limiter les effets secondaires de la cisplatine ? - Medscape - 7 févr 2023.
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