Contre les déserts médicaux : un pont aérien entre Dijon et Nevers avec 8 médecins à bord

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

27 janvier 2023

France – Le premier pont aérien pour lutter contre les déserts médicaux a eu lieu jeudi 26 janvier entre Dijon, en Côte-d’Or (21), et Nevers, dans la Nièvre (58). Le but de ce transport express de 8 médecins : venir prêter main forte le temps d’une journée aux équipes de l'hôpital de la ville d’accueil, largement en sous-effectif.

Réduction du temps de trajet

L’idée était dans l’air depuis quelques temps, portée par le maire de Nevers, Denis Thuriot, président de Nevers Agglomération, mais aussi président du conseil de surveillance du CH de Nevers, qui ne lésine pas sur les moyens pour maintenir l’offre de soins dans la Nièvre. Après la construction d’un internat super équipé – inauguré l’été dernier – et destiné à attirer et fidéliser des professionnels de santé, en provenance de Dijon et Clermont-Ferrand (63), les deux grandes villes les plus proches, le maire avait fait connaitre sa volonté de mettre en place un pont aérien pour faciliter la venue des internes et médecins en provenance de Dijon à Nevers.

Sachant que l’hôpital de Nevers manque d’une cinquantaine de médecins et autant d'infirmier.es, cette ligne aérienne constituerait peut-être un coup de pouce dans le combat contre la désertification médicale. L’objectif : réduire le temps de trajet, pour des médecins qui viendraient le temps d’une journée en renfort depuis Dijon, ramenant ainsi le temps de transport de 2 h 30 en voiture à travers le massif montagneux du Morvan à une trentaine de minutes par les airs.

Faut-il voir dans ce pont aérien très médiatique une solution pérenne ou comme nous l’écrivions il y a quelques mois une fausse bonne idée, c’est-à-dire une opération ponctuelle, doublée d’un coup de comm’ – réussi – pour alerter sur le manque de personnels hospitaliers ?

L’avenir le dira, car dès à présent l’initiative ne fait pas l’unanimité. Sont pointés par ses détracteurs, son coût – évalué à 5 600 euros payés par l’hôpital – et, bien sûr, le bilan carbone du vol, peu compatible avec la nécessaire réduction des émissions de CO2.

Donner un petit coup de main

Qu’en pensent les médecins itinérants ? Interrogée par France Bleu, la Dre Inna Dygai-Cochet, médecin au Centre de lutte contre le cancer Georges-François Leclerc (CGFL) de Dijon, résume bien l’état d’esprit du groupe : « L'idée ne me paraît pas mauvaise, parce qu'on n'a pas trop le choix. Ce n'est peut-être pas idéal, mais je ne vois pas trop de solutions qui seraient bien meilleures dans l'immédiat. » Beaucoup estiment que le jeu en vaut la chandelle par solidarité avec la population de Nevers, dans une situation sanitaire « particulièrement difficile ».

« C’est loin, c’est beaucoup d’heures de route. Si effectivement, on n’arrive pas à donner un petit coup de main, ça va être compliqué pour la population », a déclaré cet autre médecin sur le tarmac à France Info.

Autre argument avancé : « Là, c’est le médecin qui va se déplacer au chevet du patient, on évitera ce transport médicalisé qui a un coût », explique le cardiologue Jacques Ballout, chef du service cardiologie de l’hôpital de Nevers au micro de France Info, qui espère que l’avion convaincra de nouveaux collègues à venir.

Quoi qu’il en soit, alors que cette liaison aérienne inédite devrait se renouveler tous les jeudis, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a demandé une évaluation de l’opération.

 

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