Étude de cas : maladie de Parkinson et délire d’adultère

Dr Thomas Kron

Auteurs et déclarations

9 février 2023

Présentation

Un homme de 70 ans, qui avait présenté les premiers signes de la maladie de Parkinson à l'âge de 60 ans, a été admis à l'hôpital pour des troubles du comportement.

Depuis environ six mois, il pense que sa femme a une liaison avec un autre homme, sans preuves à l'appui. Parallèlement, il a commencé à montrer une nette augmentation de sa libido. En raison de la maladie de Parkinson, le patient est traité médicalement depuis environ neuf ans, d'abord par lévodopa bensérazide (200-50 mg/j), puis depuis six ans par pramipexole 0,75 mg à1,5 mg/jour) et sélégiline (1 mg/j).

Sa mémoire s'est détériorée au cours de l'année écoulée, en particulier à court terme, selon les rapports médicaux. Trois mois avant cette hospitalisation, il a développé des hallucinations visuelles, croyant voir des fantômes ; des hallucinations si vives qu'il a demandé à plusieurs reprises à des membres de sa famille "d'exorciser les esprits".

Le patient est par ailleurs en bonne santé.

Examens et diagnostic

L'examen général de l'homme n'a rien révélé.

L'examen neurologique a montré une expression faciale figée, une bradykinésie modérée et une raideur des quatre membres. Le membre supérieur droit présentait un léger tremblement au repos.

Les tests de laboratoire suivants n'ont rien révélé : la numération sanguine, les électrolytes, la vitamine B12, l'acide folique, te test de syphilis, les marqueurs tumoraux, les fonctions hépatique, rénale et thyroïdienne sont normaux.

L'IRM cérébrale a montré une légère atrophie fronto-temporale bilatérale.

Le diagnostic établi par les médecins est celui d’une maladie de Parkinson avec syndrome d'Othello, troubles du contrôle des impulsions (TCI) et démence.

Prise en charge et évolution

La dose de pramipexole du patient a été réduite à 50 % de la dose précédente ; l'homme a également reçu de la quétiapine et de l'entacapone.

Selon les auteurs qui ont rapporté ce cas dans le World Journal of Clinical Cases[1], un examen de suivi effectué deux mois plus tard a montré une nette diminution des symptômes de la maladie de Parkinson, et les délires de l'homme concernant l'infidélité présumée de sa femme avaient également diminué.

Discussion

Le syndrome d'Othello se caractérise par des idées délirantes sur l'infidélité d'un conjoint ou d'un partenaire sexuel, qui peuvent conduire à des comportements extrêmes. Le délire de jalousie est présent dans différents troubles psychotiques. Dans les psychoses organiques, il existe généralement, au-delà du délire, des troubles de l'orientation ou d'autres symptômes cognitifs. Le délire de jalousie est le plus fréquent dans les psychoses organiques (7 %) et paranoïaques (6,7 %), les psychoses alcooliques (5,6 %) et les schizophrénies (2,5 %), alors qu'il n'est présent que dans 0,1 % des troubles affectifs. [2  ]La prévalence du délire de jalousie affecterait près de 16 % chez les personnes atteintes de démence.

Le délire de jalousie revêt parfois une importance médico-légale, en tant que motif d'homicide affectif du conjoint. Le syndrome d'Othello et les troubles du contrôle des impulsions dans la maladie de Parkinson pourraient tous deux être des effets secondaires des agonistes dopaminergiques, soulignent en outre les auteurs.

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