Traiter la vaginose bactérienne pour éviter la persistance du papillomavirus

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

25 janvier 2023

Montrouge, France – Quatre femmes sur cinq vont être infectées par un ou plusieurs papillomavirus au cours de leur vie. Pour la majorité d'entre elles, l'HPV va être éliminé mais 5 % d'entre elles développeront des lésions précancéreuses au niveau du col de l'utérus. Le rôle du microbiote vaginal dans la persistance de l'HPV a été établi par des travaux de recherche au cours des dernières années.

À l'occasion d’une conférence de presse en amont du 46ème congrès de la  Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) , la Dr Julia Maruani (gynécologue médicale, Marseille) est revenue sur l'importance de l'environnement vaginal et la nécessité de traiter les vaginoses bactériennes [1].

Le microbiote vaginal, un équilibre fragile

Essentiel pour diminuer le risque d'IST, un microbiote vaginal sain est constitué de millions de microorganismes, principalement des lactobacilles, mais aussi d'autres bactéries (gardnerella vaginalis, atopobium vaginae, Prevotella , streptocoque, gonocoque), de l'HPV et des champignons.

Les lactobacilles produisent de l'acide lactique, qui diminue le pH du vagin, et du peroxyde d'hydrogène, toxique pour les autres bactéries.

Différents facteurs, comme l'alcool, une alimentation riche en acides gras polyinsaturés et en sucres mais surtout le tabagisme, peuvent entraîner un déséquilibre des bactéries du microbiote vaginal et une vaginose. On observe alors une multiplication anormale d'espèces bactériennes anaérobies présentes habituellement en faible proportion. Il y a une baisse relative des lactobacilles, ce qui a pour conséquence une augmentation du pH vaginal, une augmentation du risque d'IST et une diminution de l'élimination du papillomavirus. « Chez les femmes fumeuses, c'est probablement par le biais du déséquilibre de la flore vaginale qu'il y a une persistance du HPV », avance la Dre Maruani.

 
Chez les femmes fumeuses, c'est probablement par le biais du déséquilibre de la flore vaginale qu'il y a une persistance du HPV. Dr Maruani
 

La vaginose favorise la persistance du papillomavirus

Lorsque les lactobacilles ne sont plus assez nombreux, ils ne peuvent plus protéger la muqueuse vaginale, laquelle est désorganisée sous l'action des autres bactéries. « Le HPV a alors accès aux cellules basales », indique Julia Maruani qui rappelle que la question de la vaginose bactérienne et de la persistance du HPV ont fait l'objet de nombreuses études depuis une dizaine d'années. « Pendant des années, je n'arrêtais pas de voir cette corrélation : des patientes avec des vaginoses persistantes étaient les mêmes que celles qui avaient un HPV persistant. Je n'ai pas été la seule, et des études y ont été consacrées », poursuit-elle.

Ces études ont montré d'une part qu'en cas de vaginose, l'infection au papillomavirus perdure avec pour conséquence l'apparition de lésions épithéliales et que, d'autre part, plus la dysbiose est sévère, plus les lésions sont sévères.

Quid des probiotiques ? Peuvent-ils à la fois traiter la dysbiose et avoir une action sur l'infection à HPV ? « Les probiotiques fonctionnent très bien sur la vaginose à condition de les utiliser longtemps. On sait qu'ils font régresser l'infection à HPV et les lésions de bas de grade », répond Julia Maruani, même si les études randomisées manquent. Avant de bien mettre les choses au clair toutefois : « Il ne faut pas tout mélanger. On n'est pas en train de traiter avec des probiotiques des patientes qui ont des lésions précancéreuses ». Il n'existe aujourd'hui aucune donnée sur l'efficacité des probiotiques sur les lésions de haut grade. Aujourd'hui, la gynécologue marseillaise s'interroge sur la pertinence de diagnostiquer les vaginoses asymptomatiques : les traiter diminuerait le risque d'infection persistante au HPV.

 
Les probiotiques fonctionnent très bien sur la vaginose à condition de les utiliser longtemps.
 

 

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