Avortement médicamenteux : mieux prendre en charge la douleur

Elena Riboldi

Auteurs et déclarations

25 janvier 2023

Bologne, Italie – Bien que l’IVG médicamenteuse soit une procédure efficace, elle provoque une douleur physique qui, dans certains cas, peut être assez intense. Il est essentiel de savoir si une patiente risque de ressentir une forte douleur pour assurer une prise en charge adéquate de la douleur.

Une étude italienne publiée le mois dernier dans la revue Contraception offre un aperçu utile à cet égard [1]. Sa principale conclusion ? « Des niveaux d’anxiété de base plus élevés, la dysménorrhée et l’absence d’accouchements vaginaux antérieurs sont associés à une douleur sévère chez les femmes subissant une interruption de grossesse médicamenteuse. »

L’étude a été réalisée par des chercheurs du service d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital Maggiore – autorité sanitaire locale de Bologne et de l’unité de physiopathologie de la gynécologie et de la reproduction humaine de l’hôpital policlinique Sant’Orsola-Malpighi, également à Bologne. L’analyse de l’équipe a porté sur 242 patientes qui, au cours du premier trimestre de leur grossesse, ont subi un avortement médicamenteux – mifépristone, puis misoprostol, conformément aux directives locales et régionales en la matière.

 
Des niveaux d’anxiété de base plus élevés, la dysménorrhée et l’absence d’accouchements vaginaux antérieurs sont associés à une douleur sévère.
 

Pour établir les niveaux d’anxiété de base, les participantes ont été invitées à remplir deux questionnaires validés au préalable. Pour soulager la douleur, de l’ibuprofène a été donné à toutes les femmes ; de la morphine orale a été prescrite sur demande. Après la période d’observation (au moins 6 heures après la première dose de misoprostol), le personnel infirmier a demandé aux patientes de marquer sur l’échelle visuelle analogique (EVA) le point correspondant à l’intensité de la plus forte douleur ressentie pendant l’intervention (seuls les symptômes ressentis avant la prise de morphine devaient être pris en compte).

38% des femmes ont rapporté des douleurs sévères

L’analyse a montré que 38 % des femmes ont rapporté des douleurs sévères (EVA ≥ 70) pendant l’avortement médicamenteux. Les chercheurs ont noté une corrélation significative entre le niveau d’anxiété initial et la perception de la douleur : les femmes présentant un niveau d’anxiété initial plus élevé étaient trois fois plus susceptibles de ressentir une douleur sévère (odds ratio [OR], 3,33 ; IC 95 %, 1,43-7,76).

Les chiffres étaient encore plus élevés pour celles qui avaient signalé une dysménorrhée dans l’année précédant l’avortement médicamenteux. Par rapport aux autres femmes, elles étaient six fois plus susceptibles (OR, 6,30 ; IC 95 %, 2,66-14,91).

En revanche, le fait d’avoir déjà accouché par voie vaginale réduisait considérablement le risque de ressentir ce niveau de douleur (OR, 0,26 ; IC 95 %, 0,14-0,50).

« Les médecins doivent protéger le droit d’une femme à interrompre une grossesse dans le cadre le plus confortable possible. La gestion de la douleur pendant l’avortement médicamenteux reste un problème », soulignent les chercheurs.

« L’identification des femmes à risque de douleur sévère peut contribuer à améliorer les soins et la gestion de la douleur pendant l’avortement médicamenteux, faisant de cette procédure une alternative plus acceptable à l’avortement chirurgical. D’autres études sont nécessaires pour définir un régime analgésique adéquat pour ces patientes, des études qui devraient également prendre en considération les facteurs cliniques et historiques identifiés dans notre recherche comme étant prédictifs de douleurs sévères ».

 
L’identification des femmes à risque de douleur sévère peut contribuer à améliorer les soins et la gestion de la douleur pendant l’avortement médicamenteux.
 

 

Cet article a initialement été publié sur l’édition italienne d’Univadis sous l’intitulé Quanto è doloroso l’aborto farmacologico? Traduit par Mona El-Guechati

 

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