Nitrites : un rôle probable dans l’augmentation du risque de diabète

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

19 janvier 2023

France – Après qu’un lien a été démontré entre la présence de nitrites et de nitrates dans nos aliments avec une probable augmentation du risque de cancer colorectal, une équipe de recherche de l’Inserm, d’INRAE, de l’Université Sorbonne Paris Nord, d’Université Paris Cité et du Cnam a consulté les données recueillies auprès de 104 168 participants à la cohorte prospective NutriNet-Santé pour évaluer un éventuel lien entre la consommation de nitrites et une augmentation de la survenue d’un diabète de type 2 chez les consommateurs. Leurs analyses statistiques suggèrent effectivement une association en ce sens. Les résultats ont été publiés dans PLOS One[1].

Expositions aux nitrites/nitrates (additifs alimentaires et non-additifs)

Pour ce qui est de la méthodologie, les volontaires ont renseigné en détail leurs consommations alimentaires en transmettant aux scientifiques des enregistrements complets de leurs repas sur des périodes répétées de 24 heures, incluant les noms et marques des produits. Cette approche a permis à l’équipe d’évaluer précisément les expositions aux additifs nitrates et nitrites des participants, avec des niveaux de précision élevés. En outre, ces informations ont été complétées par des données de contrôle fournies par les autorités sanitaires, qui renseignaient sur le degré d’exposition des volontaires aux nitrites/nitrates d’origine non-additifs (via l’eau et le sol donc) selon leur localisation sur le territoire, résume un communiqué Inserm [2].

 

En plus du fait de les retrouver naturellement dans l’eau ou encore dans les légumes, les nitrites et les nitrates sont aussi largement utilisés comme additifs alimentaires pour conserver les aliments notamment dans la « processed food ».
Des sels nitrités sont utilisés massivement comme additifs dans les denrées alimentaires, en particulier la charcuterie : le nitrite de potassium (E249), le nitrite de sodium (E250), le nitrate de sodium (E251) et le nitrate de potassium (E252). En France, 76% de la charcuterie vendue en grande distribution en contiendrait.

 

Les chercheurs avaient également accès à des données sur les antécédents médicaux des participants, leurs données sociodémographiques, mais aussi des informations sur leur pratique d’activité physique, leur mode de vie et leur état de santé. Les participants étudiés ici ne présentaient pas de diabète de type 2 à l’inclusion, et ont été suivis entre 2009 et 2021 pour surveiller l’apparition de cette maladie.

Les analyses statistiques ont été effectuées de façon à étudier les associations entre les expositions aux nitrites/nitrates (à la fois sous forme d’additifs alimentaires et en tant que non-additifs) et le risque de diabète de type 2. Les participants ayant une exposition plus élevée aux nitrites (provenant spécifiquement d’additifs alimentaires, mais aussi de sources « non-additifs ») présentaient un risque plus élevé de développer un diabète de type 2.

Résultats : les participants ayant une exposition plus élevée aux nitrites (provenant spécifiquement d’additifs alimentaires, mais aussi de sources « non-additifs ») présentaient un risque plus élevé de développer un diabète de type 2.

Dans cette étude, l’augmentation de risque était en effet de 27 % pour les personnes ayant la plus forte consommation de nitrites totaux par rapport à ceux ayant la plus faible consommation (avec dans le détail une augmentation de 53 % pour les personnes consommant le plus de nitrites provenant des additifs et de 26 % pour les nitrites provenant d’autres sources).

« Il s’agit de la première étude de cohorte à grande échelle qui suggère une association entre les nitrites provenant d’additifs et un risque potentiellement accru de diabète de type 2 », expliquent Bernard Srour, chercheur post-doctoral à l’Inserm, et Mathilde Touvier, directrice de recherche Inserm, qui ont piloté cette étude.

 
L’augmentation de risque de développer un diabète de type 2 a été de 27 % pour les personnes ayant la plus forte consommation de nitrites totaux par rapport à ceux ayant la plus faible.
 

« Ces résultats fournissent un nouvel élément de preuve dans le contexte des discussions actuelles concernant la nécessité d’une réduction de l’utilisation des additifs nitrités dans les viandes transformées par l’industrie alimentaire, et pourraient également soutenir la nécessité d’une meilleure réglementation de la contamination des sols par les engrais. En attendant, plusieurs autorités de santé publique dans le monde recommandent déjà aux citoyens de limiter leur consommation d’aliments contenant des additifs controversés, dont le nitrite de sodium », concluent les deux scientifiques [2].

 

Appel à réduire les nitrites dans la charcuterie
De précédentes études expérimentales ayant déjà suggéré une association entre l’exposition aux nitrites et aux nitrates et l’apparition de dysfonctionnements métaboliques, voire même de cancers colorectaux, des autorités publiques, comme l’Anses, ont appelé l’an dernier à limiter l’utilisation des nitrites et des nitrates comme additifs alimentaires.  

 

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