Paris, France — S'il est un fait majeur dans l'évolution de la démographie médicale de ces vingt dernières années, c'est bel et bien sa féminisation. C'est en tout cas ce qui ressort des études statistiques 2022 de la caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), mises en ligne dernièrement.
« En 2002, les femmes représentaient 28 % des cotisants, dorénavant, elles sont 43 % », démarre la Carmf. Parmi les nouveaux cotisants, les femmes sont devenues majoritaires en 2011 : « Sur vingt ans, les nouvelles affiliations ont progressé de 187 % pour les femmes, et seulement 94 % pour les hommes. »
Majoritaires chez les moins de 45 ans
Sur la classe d'âge des cotisants de moins de 45 ans, les femmes sont majoritaires (2 327 femmes contre 2 068 hommes). Leur moyenne d'âge est plus jeune que celle des hommes (47,65 ans vs 57,81 ans), et elles assurent ainsi le renouvellement de la population médicale.
Toujours selon les données de la Carmf, les femmes nouvellement affiliées ne se répartissent pas de façon homogène sur le territoire : « La Normandie, les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté, voient proportionnellement moins de femmes s’installer que les régions Bretagne, PACA ou Outre-mer. »
Spécialités privilégiées et délaissées
Aussi, certaines spécialités semblent privilégiées par les femmes selon les données des nouveaux affiliés entre 2021 et 2022 : c’est le cas de la pédiatrie, « exercée par 128 femmes pour seulement 35 hommes, ou la gynécologie obstétrique avec 135 femmes pour 51 hommes. »
Dans une moindre mesure, la psychiatrie est également davantage féminisée avec « 215 femmes qui débutent un exercice libéral en psychiatrie, pour 146 hommes ».
En revanche, les femmes sont nettement moins présentes en chirurgie, « spécialité dans laquelle 310 hommes ont débuté leur exercice et où les femmes n’ont été que 117 », en anesthésie-réanimation, (224 hommes et 96 femmes), ou en radiologie imagerie (233 hommes pour 153 femmes). En médecine générale, elles sont plus présentes (58 %).
En termes de durée de carrière, les femmes sont plus persévérantes : si elles partent un an plus tôt à la retraite, elles commencent aussi deux ans plus tôt.
Rémunération
Mais la différence la plus flagrante relève de la rémunération. En libéral, leurs revenus en 2021 étaient inférieurs de 36 % à celui des hommes, même si ces revenus ont moins baissé pendant la crise du Covid que celui des hommes : « Pendant que les bénéfices non commerciaux (BNC) des hommes baissaient de 6 % environ entre 2019 et 2020, celui des femmes ne perdait que 3,7 %. »
Le revenu médian s'élève à 92 099 € pour les hommes, 61 947 € pour les femmes, et à 75 839 € tous sexes confondus.
L'écart de revenus le plus important (42,24 %) concerne la tranche d'âge la plus élevée (70 ans et plus), et l'écart le moins important concerne des médecins entre 30 et 34 ans (25,54 %). En milieu de carrière, entre 45 et 49 ans, l'écart de revenus est dans la moyenne, soit 36,94 % (pour des revenus moyens de 86 373 € pour les femmes et de 136 959 € pour les hommes).
Néanmoins, on observe un rattrapage des inégalités de revenus entre hommes et femmes : hors la période de Covid (2020), « les femmes ont vu entre 2019 et 2021 leurs revenus d'activité libérale augmenter plus vite, +6,29 %, que celui des hommes, +2,24 % ».
Cependant, du fait de la présence de plus en plus majoritaire des femmes dans la profession, et de leurs revenus inférieurs à celui des hommes, la Carmf anticipe une baisse du financement de la retraite : « Il faudrait donc davantage de cotisants afin d’obtenir le même niveau d’encaissement qu’auparavant. »
Retraites
Au chapitre des retraites, les effectifs féminins ont également explosé ces vingt dernières années : « Sur ces vingt dernières années, le nombre de retraités a augmenté de 171 % chez les hommes et de 508 % chez les femmes. Ces dernières représentaient 14 % des effectifs retraités en 2002, pour 26 % en 2022. »
Les femmes médecins s'investissent-elles dans le cumul emploi-retraite ? Moins que les hommes. Si elles représentent actuellement 26 % des retraités, et 30 % des retraités de moins de 75 ans, elles ne représentent que 21 % des effectifs des médecins en cumul emploi-retraite.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Médecine libérale : la révolution féminine - Medscape - 16 janv 2023.
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