
Les traitements contre les dorsalgies, lombalgies et cervicalgies ont fait l'objet de nombreuses recherches récentes, qu'il s'agisse d'interventions basées sur l'activité physique, la médecine traditionnelle chinoise, la stimulation de la moelle épinière ou les médicaments antalgiques couramment prescris. Le point sur l'actualité.
Interventions combinées
L'essai contrôlé randomisé SPINE CARE montre que deux types d’interventions conservatrices suivies pendant 6 à 8 semaines, entraînent une amélioration conséquente dans les douleurs de la colonne vertébrale. [1]
2971 adultes (60% de femmes ; âge moyen, 51 ans) souffrant de douleurs dorsales ou cervicales durant moins de 12 semaines ont été randomisés à recevoir des soins standard (aucune intervention ; n = 992), une intervention de type ICA [pour « identifier, coordonner et améliorer »] (n = 829) ou TPI [pour « thérapie posturale individualisée »] (n = 1150). Le modèle ICA stratifie les patients sur la base du risque de progression vers la douleur chronique et s'attaque aux facteurs biopsychosociaux contribuant à la douleur. Les patients à faible risque ont reçu une consultation (visite) de physiothérapie et un appel de coaching ; les patients à risque élevé ont reçu trois visites de physiothérapie, trois appels de coaching et une téléconsultation. La thérapie posturale individualisée était dispensée en huit séances hebdomadaires axées sur le réalignement postural. Elle mettait également l'accent sur l'auto-efficacité et l'autogestion, notamment par des exercices quotidiens visant à améliorer le contrôle postural, la coordination et l'équilibre musculaire.
Les résultats à 3 mois ont montré que les scores ODI (Oswestry Disability Index) étaient significativement plus améliorés dans les groupes ICA et TPI comparativement au groupe recevant les soins standard. Les scores ODI de l'ICA sont passés de 31,2 à 15,4. Avec la TPI, les scores sont passés de 29,3 à 15,4. Les soins standard ont entraîné une baisse de 28,9 à 19,5. Après 3 mois, la différence absolue du score ODI par rapport aux soins standard était de -5,8 pour l'ICA (IC 95 %, -7,7 à -3,9 ; p < 0,001) et de -4,3 pour la TPI (IC 95 %, -5,9 à -2,6 ; p < 0,001).
Médecine chinoise
Une nouvelle étude portant sur la médecine traditionnelle chinoise dans le traitement des douleurs chroniques de la colonne vertébrale et du cou, suggère que deux interventions seraient plus bénéfiques qu'une seule. [2]
Dans un essai randomisé et contrôlé, la thérapie par le tuina (ou Tui Na) associée à des exercices de yijinjing (ou Yì Jīn Jīng) s'est avérée plus efficace que la thérapie uniquement par tuina pour la douleur, la récupération fonctionnelle et l'anxiété. Le massage tuina consiste en une manipulation des tissus mous (p. ex. pression, poussée, pétrissage) associée à une manipulation de la colonne vertébrale. Le yijinjing met l'accent sur la coordination de la posture, la méditation et la respiration.
L'étude a porté sur 102 participants (âge moyen 36 ans) souffrant de douleurs cervicales chroniques non spécifiques depuis au moins trois mois. La moitié des patients ont reçu un massage tuina seul, et l'autre moitié a reçu le tuina combiné au yijinjing. Par rapport au tuina seul, la double-thérapie a été associée à un score significativement plus faible sur l'échelle visuelle analogique (EVA) après 8 semaines, ce qui a satisfait le critère d'évaluation principal. Le score médian sur l'EVA au départ était de 7 dans les deux groupes. À la semaine 8, le groupe tuina présentait une réduction moyenne de 4,1 points du score sur l'EVA, contre une réduction de 5,4 points dans le groupe recevant le traitement combiné (différence moyenne de 1,2 point ; p < 0,001). Après 8 semaines, les patients du groupe de thérapie combinée présentaient une réduction plus importante de l'incapacité et de la dureté des tissus, ainsi qu'une meilleure amplitude de mouvement actif, que les patients du groupe tuina seul. L'impact plus important de la thérapie combinée sur l'intensité de la douleur persistait à 12 semaines.
Manque d’efficacité de la stimulation de la moelle épinière
La stimulation de la moelle épinière (SME) n'est pas associée à une réduction de l'utilisation des opioïdes ou à une intervention non pharmacologique contre la douleur à 2 ans, par rapport à la prise en charge médicale conventionnelle, selon une étude récente. [3] Elle était en revanche associée à des coûts plus élevés et à une augmentation des complications. Dans cette étude rétrospective, les chercheurs ont comparé plus de 7 500 patients appariés qui avaient reçu soit une SME, soit une prise en charge médicale conventionnelle. Ils ont constaté qu'au cours des 12 premiers mois, les patients traités par SME avaient plus de risque d'utiliser des opioïdes à long terme, mais qu'ils subissaient moins d'injections de corticostéroïdes, d'ablations par radiofréquence et de chirurgies vertébrales. Au cours de la deuxième année, aucune différence significative entre les groupes n'a été constatée.
Au cours des deux ans de l'étude, 17,9 % des patients traités par SME ont subi des complications connexes (p. ex. rupture, déplacement, autres complications mécaniques, infections). Des modifications et/ou des retraits du dispositif de SME ont été rapportés chez 22,1 % des patients ; parmi ces retraits, un dixième des cas n'était pas associé à une complication. Selon les auteurs, ces résultats suggèrent « un manque d'efficacité ». Les coûts totaux des soins au cours de la première année dépassaient 39 000 $ avec le SME vs la prise en charge standard, et étaient similaires au cours de la deuxième année.
Prise en charge pharmacologique
Concernant la prise en charge médicamenteuse, une analyse exhaustive de la littérature publiée l'été dernier suggère que les médicaments auraient des profils de sécurité et d’efficacité différents dans le traitement des douleurs de la colonne vertébrale chez les patients âgés. [4]
Les chercheurs ont examiné 138 essais menés en double aveugle et contrôlés par placebo. Parmi leurs principales conclusions et recommandations, on note que l'acétaminophène présente un profil de sécurité favorable pour les douleurs liées à la colonne vertébrale, tandis que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont plus efficaces.
Les médicaments contre la douleur neuropathique, la gabapentine et la prégabaline, ont également montré un certain bénéfice contre la névralgie du cou et du dos (p. ex. la sciatique) chez les adultes plus âgés, bien qu'ils puissent causer des étourdissements ou des difficultés à marcher. Les chercheurs conseillent d'utiliser ces molécules à des doses plus faibles avec des ajustements de dose moins importants. Ils préviennent également que les relaxants musculaires carisoprodol, chlorzoxazone, cyclobenzaprine, métaxalone, méthocarbamol et orphénadrine doivent être évités chez les personnes âgées en raison de leur association avec un risque de sédation et de chutes.
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Source image : Medscape
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Citer cet article: Dans l’Actu : traitement des douleurs de la colonne vertébrale - Medscape - 13 janv 2023.
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