France– Que faire face à une nouvelle épidémie liée à un orthopoxvirus ? Et quelle place donner aux différents vaccins antivarioliques dans la stratégie vaccinale ? Telles sont les questions auxquelles la Haute Autorité de Santé (HAS) a répondu dans un document publié mardi dernier [1].
Une réponse graduée selon différents niveaux d'urgence potentiels
L’émergence d’épidémies à orthopoxvirus telles que celle de mpox (ex monkeypox ou variole du singe) qui a sévi cet été a conduit la (HAS) à ré-interroger sa stratégie de vaccination contre ce type d’infections. Les travaux qu’elle publie à ce début d’année « ont pour objectif d'orienter le gouvernement dans la mise en place de son plan de lutte contre les orthopoxvirus ».
En se fondant sur l’expérience acquise lors des épidémies de Covid et de mpox, la HAS « recommande d'ouvrir la possibilité de vaccination sur la base du volontariat aux personnels de santé, même en l'absence de menace spécifique ». Par ailleurs, elle recommande également des stratégies différentes en fonction du type d'épidémie et de son niveau d'urgence.
En dehors de la variole et de la mpox, les autres orthopoxvirus transmissibles à l'homme (vaccine, buffalowpox, camelpox...) sont considérés comme moins virulents.
En cas de résurgence d'une épidémie de variole
Dès les premiers cas survenant sur le territoire national, la HAS recommande le déploiement de la vaccination des intervenants de première ligne et la mise en place d'une vaccination en anneaux autour des cas. Le scénario le plus pessimiste, incluant de nombreux cas simultanés sur le territoire national, prévoit une vaccination généralisée à l'échelle d'une région, voire du pays.
En cas d'épidémie de mpox
En présence de cas isolés ou dispersés sur le territoire national, la HAS recommande la mise en place d'une stratégie de vaccination post-exposition pour les personnes adultes contacts à risque d'exposition au virus de mpox. La première dose de vaccin doit être administrée idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard. Pour les personnes ayant bénéficié d'une vaccination antivariolique avec un vaccin de 1re génération avant 1980 et répondant à la définition de contacts à risque, une seule dose de vaccin doit être administrée.
Si les cas sont nombreux et simultanés sur le territoire, la HAS recommande en supplément la vaccination préventive des personnes à haut risque d'exposition et des personnels de santé amenés à prendre en charge, diagnostiquer, traiter, ou vacciner des cas ou des personnes-contact.
Dans le cas d'une épidémie de variole ou de mpox, la HAS précise qu'en cas de tension d'approvisionnement, la vaccination intradermique, qui nécessite une dose de vaccin 5 à 10 fois inférieure à la voie sous-cutanée, est une option à envisager. Celle-ci nécessite la mise à disposition de matériel d'injection spécifique et devra être effectuée par des professionnels de santé formés et si possible expérimentés dans la technique de la voie intradermique, afin de réduire le risque de mésusage au moment de l'injection.
Quels vaccins utiliser ?
Si les vaccins sont le moyen le plus efficace de lutter contre une épidémie liée à un orthopoxvirus, quels vaccins utiliser entre ceux de 1re, 2ème et 3ème génération ?
Après analyse de la littérature, la HAS préconise celui de 3ème génération dont « le profil de sécurité est beaucoup plus satisfaisant » (que celui des vaccins de 1re et 2ème générations), « tout en assurant une réponse immunitaire comparable à celle observée avec les vaccins de 1re génération ». Le schéma vaccinal est composé de 2 doses de vaccin espacées de 28 jours.
Les données d'efficacité contre le mpox, bien que préliminaires et limitées, suggèrent une bonne efficacité de ce vaccin (entre 76 et 87 % après une première dose). « Ces données nécessitent cependant d'être complétées, notamment dans les populations particulières (personnes immunodéprimées, femmes enceintes, enfants...) », précise la HAS.
La vaccination post-exposition est également efficace contre les formes graves et les décès, si le vaccin est administré dans les 4 jours suivant l'exposition. Le délai peut s'étendre à 2 semaines pour les personnes vaccinées pendant l'enfance.
Au vu de ces données, la HAS recommande de « constituer des stocks stratégiques de vaccins antivarioliques de 3ème génération, suffisants pour permettre la mise en place rapide d'une campagne de vaccination réactive, y compris à large échelle si le niveau de menace le justifie ».
À savoir : en cas de tension d'approvisionnement dans un contexte d'épidémie de variole ou de mpox, la vaccination intradermique, qui nécessite une dose de vaccin 5 à 10 fois inférieure à la voie sous-cutanée, est une option à envisager, précise la HAS.
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Crédit photo de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Après l’épidémie de mpox, la HAS actualise sa stratégie vaccinale contre les orthopoxvirus - Medscape - 6 janv 2023.
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