Une vague de COVID-19 submerge la Chine : doit-on s’inquiéter ?

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

29 décembre 2022

France – La fin brutale ce mois-ci de la politique du « zéro Covid » en Chine a entrainé une explosion des cas qui inquiète le reste du monde. Alors que certains pays ont commencé à mettre en place des mesures de protection, la Commission Européenne se réunit ce jour pour évoquer d’éventuelles mesures de précaution à prendre vis-à-vis des personnes en provenance de Chine. Ce matin, le Pr Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et membre du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), s’est voulu rassurant au micro de France Info (voir encadré).

Explosion des cas de Covid-19 en Chine

Face à la colère des Chinois, le gouvernement de Pékin a allégé les mesures extrêmement restrictives qui pesaient sur la population début décembre. Depuis ce relâchement, l’épidémie a pris une ampleur inédite – et ce d’autant que le pays n’a pas amplifié sa campagne de vaccination, ni ne dispose de vaccins à ARNm. Près de 37 millions de personnes en Chine pourraient avoir été infectées par le Covid-19 en une seule journée cette semaine, a rapporté Bloomberg News vendredi dernier, sur la base d’estimations faites par la principale autorité sanitaire du gouvernement.

Environ 248 millions de personnes, soit près de 18 % de la population, sont susceptibles d’avoir contracté le virus au cours des 20 premiers jours de décembre, indique le rapport, reprenant le compte rendu d’une réunion interne de la Commission nationale de la santé de Chine qui s'est tenue mercredi.

Les Etats-Unis, le Japon et l’Inde prennent des mesures de précaution

Face à l’emballement de l’épidémie, la Commission européenne a convoqué une réunion ce jeudi pour discuter de nouvelles mesures. En attendant, plusieurs pays dans le monde ont déjà imposé des restrictions d'entrée sur leur territoire.

L'Inde a instauré, depuis le 24 décembre, des tests PCR pour les voyageurs venant de Chine, mais aussi de Thaïlande, du Japon, de Corée du Sud et de Singapour, précise le Monde . Les voyageurs devront notamment remplir un formulaire avant de prendre l'avion. Les cas positifs seront placés en quarantaine. 

A partir de ce vendredi, le Japon exigera le dépistage à l'arrivée pour les passagers en provenance de Chine. Ces voyageurs seront donc les seuls, avec ceux qui présentent des symptômes du Covid-19, à devoir se soumettre à un test lorsqu'ils débarquent, indique France Info. S'ils sont testés positifs, ils se verront imposer une quarantaine de sept jours dans des établissements prévus à cet effet.

Dès le 5 janvier, « tous les voyageurs par avion âgés de 2 ans et plus venant de Chine devront faire un test pas plus de deux jours avant leur départ », et ce indépendamment de leur nationalité ou leur statut vaccinal, ont annoncé, mercredi, les autorités sanitaires américaines. Les Etats-Unis sont notamment inquiets que la transmission rapide du virus en Chine ne provoque l'émergence de nouveaux variants. Un responsable américain a dit n’avoir que « des informations limitées » fournies par la Chine face à la recrudescence des cas, les hospitalisations et « surtout les décès ».

L’Europe se prépare

En Europe, l'Italie a pris les devants en décidant, mercredi, d'imposer des tests à tous les voyageurs venant de Chine. « Cette mesure s'avère indispensable pour garantir la surveillance et l'individualisation d'éventuels variants du virus afin de protéger la population italienne », a justifié le ministre italien de la Santé, Orazio Schillaci, relayé par France Info.

En France, Emmanuel Macron a « demandé au gouvernement des mesures adaptées de protection des Français », avec une exigence « de voir à la fois au niveau national et européen », rapporte France Info. Le ministère de la Santé s'est dit « prêt à étudier toutes les mesures utiles qui pourraient être mises en œuvre en conséquence, en lien avec les partenaires européens de la France, et dans le cadre juridique qui existe aujourd'hui ». L'exécutif garde seulement la possibilité d'imposer, jusqu'au 31 janvier, la présentation d'un test négatif avant l'entrée sur le territoire « en cas d'apparition et de circulation d'un nouveau variant de la Covid-19 susceptible de constituer une menace sanitaire grave ».

L’avis du virologue Bruno Lina

Interrogé ce jeudi matin sur France Info , le Pr Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et membre du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), s’est voulu rassurant : « Pour l'instant, on n'a pas de signal particulièrement alarmant. Les variants qui circulent en Chine sont les mêmes que ceux qui circulent en Europe». Tout en reconnaissant que l’épidémie en Chine a « une taille qu’on a vue nulle part ailleurs », le virologue a affirmé qu'une personne qui rentrerait de Chine « porterait les mêmes virus que celles qui sont infectées en Europe ».

Concernant l’apparition d’éventuels variants, il a rappelé que « jamais aucune mesure de contrôle n’a empêché l’arrivée d’un variant sur le territoire européen », en citant l’exemple des variants delta et gamma en provenance d’Afrique du Sud et du Brésil, respectivement.

L’important, pour le Pr Lina , c’est d’avoir des informations fiables sur ce qui se passe en Chine. « Tout l’enjeu, a-t-il déclaré, c'est d'avoir des informations qui viennent de Chine concernant le nombre de cas et les variants qui circulent dans le pays »« Il faut que les Chinois soient transparents », a ajouté le virologue.

 

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