Tatouages : déconstruire les idées reçues sur les complications et les risques 

Caroline Guignot

Auteurs et déclarations

2 janvier 2023

Paris, France — La fréquence des complications des tatouages (infectieuses, allergiques, granulomatose…) est variable selon les études, mais ces dernières ne sont pas rares au cabinet médical, étant donné que près d’un adulte sur 5 est tatoué en France, comme dans le monde. Lors des Journées dermatologiques de Paris (JDP 2022) [1], le Dr Nicolas Kluger, qui a ouvert la première consultation “tatouage” à l’hôpital Bichat (Paris) a précisé ou déconstruit, certaines des idées reçues sur les risques associés aux tatouages.

Un risque accru de cancer ?

Les effets cancérigènes des tatouages et des encres de tatouage ne sont pas clairs. Plusieurs études suggèrent la présence de produits potentiellement cancérigènes dans ces dernières mais aucune étude probante ne permet pour l’heure d’associer la pratique et le risque de cancer cutané. L’association entre les deux est préférentiellement considérée comme fortuite, et encore plus concernant les cancers viscéraux. Seuls des kératoacanthomes éruptifs sur tatouage sont rapportés chez des sujets de plus de 50 ans, généralement dans un contexte multifactoriel (processus inflammatoire et cicatriciel secondaire au tatouage intégrant de l’encre rouge, avec une exposition au soleil durant la cicatrisation).

Que faire en cas d’allergie au nickel ?

Le nickel est présent à des concentrations variables mais généralement faibles dans la plupart des encres de tatouage, a fortiori dans les encres utilisées en Europe où il est présent à l’état de trace. Aussi, le tatouage n’est pas contre-indiqué chez les personnes allergiques au nickel.

Peut-on passer une IRM ou un PET-Scan ?

La présence de matériaux conducteurs dans certaines encres peut théoriquement conduire à des picotements voire des sensations de brûlures lors de la réalisation d’une IRM. Cependant, ce risque est exceptionnel pour les tatouages réalisés en Europe après 2009, car les normes relatives aux encres ont évolué. Un tatouage ne constitue donc pas une contre-indication même s’il peut perturber l’image en regard de la zone d’intérêt.

Les pigments des tatouages notamment noirs peuvent migrer dans les ganglions lymphatiques régionaux et les colorer, ce qui peut conduire à poser un diagnostic erroné de métastases ganglionnaire au niveau du ganglion de drainage, en l’absence d’information de l’anatomopathologiste sur l’existence de tatouage. Ces ganglions compliquent par ailleurs les résultats du PET-scan en donnant des fixations faussement positives.

Peut-on donner son sang ?

On considère que le tatouage ne doit pas faire l’objet d’une contre-indication au don de sang dès lors que de bonnes conditions d’asepsie ont été respectées lors du tatouage, réalisé dans des pays où la pratique est encadrée. Il n’y a pas non plus d’indication à proposer un délai temporaire d’attente.

Risque en cas de traitement immunosuppresseur

Globalement, on contre-indique le tatouage en phase d’attaque, mais il peut être envisagé dans un traitement d’entretien ou conduit à dose minimale. Il faut noter que la corticothérapie est considérée comme pouvant avoir un impact sur la cicatrisation du tatouage. Pour les autres traitements immunosuppresseurs conventionnels ou biologiques, le risque est à évaluer au cas par cas. Le club Rhumatisme et inflammation a établi un référentiel qui précise la conduite à tenir en cas de tatouage ou de piercing selon la nature de la molécule, sachant que le tatouage est considéré au même niveau qu’une chirurgie à risque infectieux faible.

En cas de cardiopathie congénitale

Si le patient a un risque d’endocardite (bien qu’exceptionnel), il est préférable de recueillir un avis cardiologique et de discuter d’une antibioprophylaxie en veillant bien à se méfier des signes généraux dans les semaines suivant le tatouage (fièvre, malaise…).

En cas de troubles de la coagulation, aucune complication sévère n’est décrite dans la littérature, même si on recommande une première séance allégée à valeur de test pour les sujets sous AVK, anticoagulants oraux ou aspirine.

Aucune complication particulière n’a été décrite concernant la réalisation d’un tatouage lors de la grossesse ou de l’allaitement. Il n’existe aucune contre-indication à réaliser une effraction cutanée dans une zone colorée par le tatouage (anesthésie péridurale, épidurale, vaccination). En revanche, on ne doit pas se tatouer sur une zone récemment vaccinée ou se faire vacciner sur un tatouage récent.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

Suivez Medscape en français sur Twitter.

Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie sur Twitter.

Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix

 

 

 

 

 

 

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....