Paris, France — Malgré l’ampleur des données épidémiologiques, des complications médicales associées, et malgré l’existence de traitements efficaces, la prise en charge de l’ostéoporose est insuffisante en France comme dans d’autres pays. Aussi, certains ont conduit des études évaluant la faisabilité de campagnes de dépistage systématique à travers l’utilisation de scores de risque de fracture (FRAX), mais elles ont échoué à obtenir un résultat probant sur le critère principal de réduction des fractures ostéoporotiques de tout type. C’est dans ce contexte que depuis 2019 se développe l’idée d’un dépistage opportuniste de l’ostéoporose. Christian Roux en a présenté les principes et les enjeux dans le cadre du congrès de la Société Française de Rhumatologie. [1]
Une imagerie, deux bilans
Son principe : utiliser les données d’imagerie conduites pour d’autres investigations et en extraire les paramètres osseux d’intérêt. Cette idée permettrait d’éviter de nouveaux examens, et leur temps médical et surcoûts associés, sans irradiation supplémentaire. Étant donné les progrès concernant l’analyse automatique des images et l’essor de l’intelligence artificielle en imagerie médicale, la promesse est séduisante.
L’avantage du scanner est multiple : qu’il soit abdominal ou thoracique, il permet de visualiser les vertèbres. Dans cette approche, ce sont les données de la vertèbre L1 ou de l’ensemble du rachis lombaire qui sont utilisées, en mesurant les unités Hounsfield (UH) dans la partie trabéculaire des corps vertébraux sur les coupes sagittales et à rechercher des signaux visibles de fracture. Son évaluation semble diminuer avec l’âge de façon assez linéaire chez l’homme comme chez la femme. Le produit de contraste peut conduire à des variations de l’interprétation, et invite donc à réaliser l’évaluation avant l’injection.
À partir de l’exploration rétrospective de ces images, les premiers travaux ont visé à identifier un seuil de risque de fracture dont la valeur prédictive serait comparable aux données FRAX par exemple. Un seuil de 90-100 UH semble discriminant. La comparaison des données de scanner analysées automatiquement et celles de FRAX n’ont pas montré de différence à 5 ans de la capacité à distinguer ceux qui avaient des fractures.
Un nouveau compte-rendu d’imagerie
Il s’avère qu’en pratique, la notification de la fracture vertébrale sur les comptes-rendus concerne une minorité de patients, malgré la visibilité de la fracture à l’image. Aussi, des logiciels sont développés afin d’analyser automatiquement les clichés, soumis ensuite à validation finale du radiologue. Selon une étude française menée rétrospectivement sur près de 150 000 scanners acquis chez des sujets de 60 à 90 ans, la prévalence a été estimée entre 19 et 31 % selon la tranche d’âge (patients de structure tertiaire) à partir d’une lecture automatisée de scanners.
Aussi, l’ostéoporose de demain sera, en plus de celle d’aujourd’hui, celle issue de l’opportunité apportée par les données d’imagerie, et potentiellement celle tirée des autres tissus. En effet, le compte-rendu des scanners pourrait à terme évoluer vers des bilans en deux parties : la première viserait à répondre au questionnement ayant justifié l’exploration, la seconde serait constituée de scores générés par un logiciel apte à analyser automatiquement les images au niveau du muscle, du foie, de la rate, des artères… ainsi que des os. Cette approche génère néanmoins un certain nombre de problématiques qu’il faudra résoudre : gestion de l’annonce du diagnostic d’une maladie qui n’était pas suspectée et viendra se surajouter à celui concernant les motifs de l’exploration tomodensitométrique, détermination de seuils de risque de fractures sévères justifiant une prise en charge, augmentation des flux de patients justifiant une organisation adaptée du parcours de soins.
Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape
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Crédit de Une : Dreamstime
Citer cet article: Vers un dépistage opportuniste de l’ostéoporose ? - Medscape - 3 janv 2023.
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