Dans l’Actu : un vaccin contre le fentanyl

Ryan Syrek

Auteurs et déclarations

23 décembre 2022

 

Environ 500 000 décès par an sont attribués à la consommation de drogues dans le monde. Plus de 70 % d’entre eux sont liés à des opioïdes, c’est pourquoi on parle désormais d’« épidémie » d'opioïdes, notamment aux États-Unis o ù plus de 107 000 personnes ont succombé à une overdose l’an dernier, la plupart impliquant du fentanyl. De nombreuses recherches sont actuellement menées sur cet opioïde dont le potentiel analgésique vaut environ 100 fois celui de la morphine.

Un vaccin contre le fentanyl

Des chercheurs ont mis au point un nouveau vaccin permettant d’empêcher le fentanyl de pénétrer dans le cerveau [1] (voir infographie). « Ainsi, la personne ne ressent pas les effets euphoriques et peut reprendre le chemin de la sobriété », a déclaré le Dr Colin Haile, investigateur principal de l’étude, dans un communiqué de presse. « Les anticorps anti-fentanyl étaient spécifiques à la fois du fentanyl et d’un dérivé du fentanyl, et n'ont pas eu de réaction croisée avec d'autres opioïdes, comme la morphine. Cela signifie qu'une personne vaccinée pourrait toujours recevoir un traitement antalgique avec d'autres opioïdes », a précisé le Dr Haile. Le fait qu'aucun effet indésirable n'ait été observé dans cette étude menée chez la souris est également encourageant. Des essais chez l'humain sont en cours de planification, l'équipe de recherche ayant l'intention de mettre à disposition un vaccin dans les mois qui viennent.

Augmentation des overdoses chez les femmes enceintes

Ce nouvel outil arrive à point nommé, alors que des recherches ont indiqué que les décès par surdosage de médicaments chez les femmes enceintes et en post-partum ont augmenté d'environ 81 % entre 2017 et 2020 aux États-Unis. [2]  Au cours de la période étudiée, 1249 des 7642 décès durant la grossesse étaient liés à une overdose, ce qui indique un taux cumulé de décès par surdosage de 8,35 pour 100 000 habitants. De 2017 à 2020, les décès par overdose durant la grossesse sont passés de 6,56 à 11,85 pour 100 000 habitants. Cela se traduit par un taux de changement absolu de 5,30 pour 100 000 et une augmentation relative de 81 %.

Les chercheurs ont constaté des augmentations substantielles des décès liés au fentanyl. Les décès par overdose durant la grossesse et impliquant des benzodiazépines, de l'héroïne et des opioïdes sur ordonnance sont restés stables sur la même période.

Contamination des autres stupéfiants

Aujourd’hui, la plupart des drogues illicites contiendraient également du fentanyl et de plus en plus de gens développent une addiction au fentanyl sans en être conscients. Ils pensent consommer de la cocaïne, de l'oxycodone ou une autre drogue et se retrouvent sans le savoir exposés au fentanyl. [3] Ceci est particulièrement problématique étant donné la forte puissance du fentanyl qui peut surpasser le blocage opioïde de la méthadone et de la buprénorphine. Une étude récente[4] a montré que près de la moitié des décès par overdose de fentanyl étaient survenus avant que l'organisme ait eu la possibilité de produire du norfentanyl, un processus qui ne prend que 2 à 3 minutes. Sur les 48 décès par fentanyl qui ont été étudiés, aucune concentration notable de norfentanyl n'a été détectée dans 20 des cas (42 %) ; les concentrations étaient inférieures à 1 ng/ml dans 25 cas (52 %).

Des tests de détection rapide du fentanyl

Cette contamination a conduit certaines instances à autoriser des tests (sous forme de bandelettes) conçus pour détecter la présence de fentanyl dans une drogue illicite. Une trentaine d’états américains, comme récemment la Pennsylvanie, ont décriminalisé la vente des bandelettes de détection. Ces tests immunologiques coûtent environ 1$ et donnent une simple indication positive ou négative de la présence de fentanyl dans une poudre, une pilule ou un produit injectable. La DEA (Drug Enforcement Administration des États-Unis) considérait ces tests comme "un accessoire" de consommation de drogues illicites. Les défenseurs du test affirment que la suppression de cette restriction pourrait contribuer à réduire le risque d’overdose et donc à sauver des vies.

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