Étude de cas : des cadeaux de Noël oubliés

Dr Thomas Kron

Auteurs et déclarations

21 décembre 2022

Une perte de mémoire soudaine en l'absence de tout traumatisme peut être très déstabilisante, et même effrayante pour les personnes concernées. Parfois, l'examen neurologique et l'IRM peuvent heureusement fournir un diagnostic globalement rassurant, comme le montre le cas d'un homme décrit par des neurologues norvégiens.[1]

Présentation

Un homme d'âge moyen et en bonne santé rapporte aux neurologues du service des urgences de l’hôpital St. Olavs de Trondheim en Norvège, s'être retrouvé assis dans sa voiture alors qu’il effectuait ces courses de Noël ; il ne se souvenait plus où il avait posé les cadeaux qu'il avait achetés. Il raconte s’être alors arrêté plusieurs fois pour chercher « perte de mémoire » sur Internet avec son smartphone, sans parvenir à se souvenir des résultats. Une fois rentré chez lui, il ne se souvenait que de quelques bribes de ses achats et d'un cadeau de Noël emballé, mais le contenu du paquet était un mystère pour lui.

Examens et diagnostic

L'examen clinique aux urgences n'a révélé aucun déficit neurologique récent, hormis une amnésie antérograde.

Le scanner cérébral était sans particularité, l’EEG sans signe d'activité épileptique.

L’IRM cérébrale pondérée en diffusion montre une lésion de deux millimètres de large dans l'hippocampe caudal gauche (voir image )

Le diagnostic posé est alors celui d’une amnésie globale transitoire.

Discussion et critères diagnostiques

L'amnésie globale transitoire (AGT) est un syndrome de dysfonctionnement hippocampique aigu qui dure quelques heures ; pendant ce temps, aucune nouvelle information ne peut être enregistrée.

L'IRM permet souvent de voir des troubles de diffusion uni- ou bilatéraux en forme de point dans l'hippocampe, explique le neurologue Dr Daniel Eschle (hôpital cantonal d'Uri, Suisse). [2] Le moment optimal pour détecter ces lésions isolées se situerait entre 24 et 72 h après le début des symptômes.

Toujours selon Eschle, les épisodes doivent être observés, c'est-à-dire qu’on doit disposer d'une anamnèse fiable d'un tiers. Il doit y avoir une amnésie antérograde claire. Il n'y a pas d'altération de la conscience ni de perte d'identité personnelle ; le trouble cognitif est limité à l'amnésie. Aucun déficit somato-neurologique focal pendant et après l'épisode. Il n'y a pas de signes de crises d'épilepsie. La durée de l'épisode est limitée à 24 h.

Les patients ayant subi un traumatisme crânien récent ou souffrant d'épilepsie active (sous prophylaxie médicamenteuse des crises ou ayant eu une crise au cours des deux dernières années) sont exclus au préalable.

Les diagnostics différentiels sont:

  • Amnésie épileptique transitoire (AET)

  • Amnésie ischémique

  • Hémorragie cérébrale

  • Amnésie psychogène (dissociative)

  • Délire

  • Syndrome de Korsakoff

  • Encéphalite limbique

  • Traumatisme crânien

  • Amnésie médicamenteuse

La physiopathologie de l'AGT est une énigme. On sait toutefois « qu'il s'agit d'un syndrome auto-limité et bénin, il n'y a notamment pas de risque accru d'accident vasculaire cérébral ultérieur ».[2] Le risque de récidive est extrêmement faible. Le diagnostic peut être posé cliniquement selon des critères pertinents en cas d'expression typique.

En principe, aucune clarification supplémentaire n'est nécessaire pour l'AGT proprement dite.

Pour le reste, le patient des neurologues norvégiens a choisi d'attendre le jour de Noël pour voir ce qu'il avait acheté comme cadeau. Lorsqu'il s'est avéré « qu'il avait fait un bon choix, la fête et l'ambiance festive étaient retrouvées ».

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