Étude de cas : anaphylaxie mortelle après un rapport sexuel

Dr Thomas Kron

Auteurs et déclarations

5 janvier 2023

Les réactions allergiques graves aux arachides ne sont pas inhabituelles. Néanmoins, les circonstances particulières qui ont conduit à une anaphylaxie mortelle chez un jeune homme rappellent l’importance de la sensibilisation aux anaphylaxies associées à l'intimité  et de l'éducation des patients. Les protéines allergènes peuvent en effet persister plusieurs heures après une ingestion et donc constituer un danger pour les patients allergiques sévères, comme le rapportent des médecins canadiens dans la revue Allergy, Asthma & Clinical Immunology.[1]

Présentation

Les secours ont été appelés pour le cas d’un jeune homme en situation de dyspnée, qui s’est effondré pendant un rapport sexuel. Le patient et son partenaire s'étaient rencontrés sur une application de rencontres, puis avaient eu des relations sexuelles orales. Le partenaire avait consommé du beurre de cacahuètes avant la rencontre, sans savoir que l'autre homme avait une allergie aux arachides, souffrait d'une rhinite allergique et d'un asthme sévère. Pendant la fellation insertive, le patient allergique a alors développé une dyspnée avec perte de connaissance.

Prise en charge et évolution 

Quarante-cinq minutes après le rapport sexuel, les secours sont arrivés, ont intubé et réanimé le patient et lui ont administré de l'adrénaline. Une fois la circulation spontanée rétablie, il a reçu de la noradrénaline, de l'épinéphrine et du salbutamol, puis a été admis à l'hôpital local. Il y est cependant décédé le lendemain. Selon les auteurs canadiens, la cause immédiate de la mort était une pneumonie due à une « encéphalopathie ischémique hypoxique » résultant d'un arrêt cardio-respiratoire consécutif à une anaphylaxie.

Discussion

Le diagnostic différentiel d'anaphylaxies associées à l'intimité est large et comprend l'hypersensibilité au latex, l'allergie systémique au plasma séminal humain, le transfert d'allergènes alimentaires et médicamenteux dans le liquide séminal, le syndrome de maladie post-orgasmique et l'anaphylaxie induite par l'effort. En outre, l'activité sexuelle peut déclencher des symptômes même chez les patients souffrant d'allergies respiratoires (ce qu'on appelle « sexercise-induced asthma », asthme de la lune de miel).

Selon l'allergologue Marco Caminati (Université de Vérone, Italie), les patients souffrant d'une allergie alimentaire ou médicamenteuse peuvent présenter une réaction allergique après avoir embrassé une personne ayant ingéré l'aliment ou le médicament en question.[2]  Des réactions allergiques ont été décrites après des baisers et sont généralement légères ou modérées, les symptômes les plus fréquents étant l'angioedème local et/ou l'urticaire.

Les auteurs canadiens rappellent donc que les réactions allergiques au baiser peuvent mettre la vie des patients en danger. [1] Des analyses de salive auraient montré qu'une des principales protéines allergènes de l'arachide, Ara h 1, pouvait persister plusieurs heures après l'ingestion chez jusqu'à 10% des personnes. Le cas du jeune homme souligne l'importance de la sensibilisation aux allergies et de l'éducation des patients, en particulier des jeunes qui présentent déjà un risque accru d'anaphylaxie sévère. Le cas montre en outre l'importance de l'information sur les indications pour l'application d'adrénaline, la technique idoine et l'utilisation immédiate en cas de suspicion d'anaphylaxie.

Les partenaires devraient-ils déclarer leurs propres allergies avant d'entamer des rapports intimes ? La question mérite d'être posée.

 

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