Pénuries de médicaments pédiatriques : amélioration attendue dans les semaines à venir

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

15 décembre 2022

France – Les difficultés d’approvisionnements en amoxicilline, seule ou en association à l’acide clavulanique, persistent – surtout pour les formes pédiatriques –, et il en va de même pour le paracétamol.

Dans un contexte de fortes tensions dues à la recrudescence des infections hivernales, les autorités de santé ont fait le point sur les mesures prises, comme la dispensation raisonnée des médicaments en officine, et ont lancé un appel aux bonnes pratiques. Telles que l’utilisation à bon escient des antibiotiques pour pallier, tant bien que mal, la pénurie.

Un retour à la normale est attendu « dans les semaines, voire les mois qui viennent » a-t-il été annoncé, le temps nécessaire à la remise en route des chaines de production en plein régime et à la reconstitution des stocks.

« Contexte compliqué » pour le paracétamol

Concernant la disponibilité du paracétamol, l’ANSM a reconnu « un contexte assez compliqué » qui espère-t-elle, « va se stabiliser dans les prochaines semaines ». Parmi les causes évoquées, « une demande très forte au regard de la disponibilité des médicaments » s’expliquant par la circulation de virus et les épidémies hivernales, surtout depuis octobre, ainsi que « des problématiques de production diverses ». Sont particulièrement concernées les formes orales et suppositoires pédiatriques.

Pour y pallier, l’ANSM a mis en place un contingentement strict de 50% des industriels vers les officines et les grossistes répartiteurs, lequel « est maintenu ». La piste de la recherche d’autres fournisseurs et l’importation de médicaments a aussi été explorée mais s’est heurtée au fait que « la tension est globale et ne touche pas que la France ».

L’ANSM a par ailleurs demandé aux industriels de « prioriser la production de certaines formes galéniques afin de couvrir les besoins des Français ». De plus, depuis le 7 décembre dernier, les laboratoires ne sont plus en mesure de vendre directement les médicaments à base de paracétamol pour les formes pédiatriques – suspensions buvables et suppositoires – aux officines.

« Cette toute nouvelle mesure permet d’approvisionner les 200 grossistes-répartiteurs répartis sur tout le territoire national plutôt que les 22 000 officines afin que la distribution se fasse de la façon la plus harmonisée possible ».

Pour résumé, « la situation sur le paracétamol est toujours complexe et va prendre un peu de temps pour se normaliser pour ce qui est des formes pédiatriques ». Les autres formes, notamment injectables, sont, quant à elles, devenues « plus confortables ».

 
La situation sur le paracétamol est toujours complexe et va prendre un peu de temps pour se normaliser pour ce qui est des formes pédiatriques.
 

Amélioration à venir pour l’amoxicilline

Pour ce qui est de l’amoxicilline, la situation a été qualifiée par l’ANSM de « meilleure » par rapport à ce qu’elle a été. Les laboratoires commencent à reconstituer leur stock, « une très bonne nouvelle », selon l’ANSM.

Là aussi, comme pour le paracétamol, le canal de « vente directe » a été fermé et le contingentement à 50% mis en place et la piste consistant à rechercher d’autres fournisseurs a été poursuivie – sans succès car ce n’est pas seulement la France qui est impactée, mais l’Europe, l’Amérique du Nord, voire même l’Australie, a-t-il été précisé.  

La bonne nouvelle vient des industriels qui ont annoncé une amélioration – laquelle devrait se répercuter « dans les prochains jours et les prochaines semaines sur la situation en officine », prédit l’Agence du médicament.

Durée de traitement réduite à 5 jours

Outre les questions logistiques, les Autorités et les Sociétés savantes misent sur le respect du bon usage pour optimiser la disponibilité de ces médicaments en grande tension. Il a ainsi été rappelé que, chez l’enfant, nombre d’antibiothérapies pour des pathologies courantes sont inappropriées et que prescrire des antibiotiques en cas d’infections virales « ne sert à rien ».

A cela s’ajoutent des recommandations qui consistent à économiser les boîtes d’antibiotiques. Cela passe par la limitation de la durée de prescription à 5 jours, car « les études montrent qu’il n’est pas nécessaire, pour nombre de pathologies de traiter 5, 7 ou 10 jours ».

« A condition de bien respecter la posologie, 5 jours de traitement suffisent » a-t-il été rappelé.

Toutes ces mesures associées à l’utilisation plus fréquente des TROD – tests qui permettent de discriminer entre une angine virale et bactérienne – permettent encore d’économiser des traitements antibiotiques.

Parmi les dernières mesures mises en place, cette fois-là à destination des pharmaciens, l’ANSM a préconisé la désormais possible dispensation à l’unité, tout en reconnaissant devoir « retravailler » sur cette disposition avec l’Ordre des pharmaciens et les syndicats pour la rendre plus accessible.

Enfin, sachant la pénurie d’amoxicilline et amoxicilline/acide clavulanique – qui représentent 70% des antibiotiques prescrits en pédiatrie – est susceptible d’impacter d’autres familles d’antibiotiques, produites, elles, en quantité beaucoup plus limitée, les Sociétés savantes concernées* ont proposé des recommandations permettant, quand la situation l’exige, d’adapter les formes adultes aux dosages pédiatriques – en attendant un prochain réapprovisionnement (Voir les recommandations des Sociétés savantes face aux fortes tensions d’approvisionnement des formes pédiatriques orales d’amoxicilline et d’amoxicilline-acide clavulanique [1]).

*Groupe de Pathologie Infectieuse de la Société Française de Pédiatrie, de l’Association Française de Pédiatrie ambulatoire et de la Société Française de Pathologie Infectieuse de Langue Française

 

Cas des infections à streptocoque du groupe A
La DGS rappelle que plus de 80 % des angines sont d’origine virale et que l’antibiothérapie (amoxicilline en 1ère intention) n’est recommandée qu’en cas de TROD angine positif [1]. Dans de plus rares cas, le streptococoque du groupe A (SGA) est responsable d’infections invasives (IISGA) potentiellement graves (bactériémies, infections cutanées nécrosantes, arthrites…), dont certaines peuvent se compliquer d’un syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS), dû à la production d’une toxine. Cette situation clinique justifie, en revanche, une mise sous antibiothérapie.

 

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