Anneau de remontée testiculaire à visée contraceptive : quelle tolérance ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

14 décembre 2022

Paris, France — Alors que la contraception est toujours assurée à 70 % par les femmes dans le couple et qu’il existe une tendance sociétale en faveur d’une bascule de la charge contraceptive vers l’homme, Vincent Foulonneau (statisticien, CHU Toulouse) a présenté une étude sur la tolérance de l’anneau de remontée testiculaire à visée contraceptive Andro-Switch©, lors du dernier congrès d’urologie ( AFU 2022 )[1].

Aujourd’hui, trois types de contraceptions masculines sont recommandées par l’OMS, le préservatif masculin, le retrait et la vasectomie.

L’anneau contraceptif en silicone, qui ne fait pas parti des moyens de contraception recommandés, a lui pour principe la contraception thermique au même titre que le « slip chauffant ».

Il s’agit d’induire une apoptose des cellules germinales par réchauffement testiculaire mais pour cela, le dispositif doit être porté 15 heures par jour avec un délai d’efficacité de 3 mois.

Son utilisation a été suspendu par l’ANSM mi-décembre 2021 en raison de l’absence de marquage CE, « seul élément permettant d’en garantir l’efficacité ainsi que la sécurité d’utilisation ». Pourtant, il continue à être commercialisé autour de 40 euros par la société Thoreme au titre « d’œuvre d’art », nous confie-t-on. 

Anneau contraceptif : les raisons de son utilisation 

Fin 2021, Vincent Foulonneau et coll. ont réalisé une petite étude indépendante observationnelle et transversale pour évaluer les motivations des utilisateurs de ce dispositif, le profil de tolérance et les répercussions sexologiques associées à son utilisation.

Les participants ont été recrutés via des consultations avec un but d’accompagnement. Puis un questionnaire a été envoyé en ligne à 75 hommes. En tout, 37 réponses (40,3%) ont été recueillies.

Le questionnaire était composé de 15 questions : 3 sur l’épidémiologie, une sur les motivations, 3 sur l’observance, 4 sur les effets indésirables (inconfort, douleurs, problème cutané, gène pendant une activité sportive) et 4 sur les répercussions sexuelles.

Concernant le profil des utilisateurs, il s’agissait pour 40,5 % d’hommes de 30 à 34 ans ; pour 24,3% d’hommes de 24 à 29 ans, pour 21,6 % d’hommes de 35 à 39 ans, pour 8,1 % d’hommes de 40 ans et plus et pour 5,4% d’hommes de moins de 24 ans. La plupart étaient en couple (78,4%) et la durée de relation était comprise entre un et 6 ans pour 76% des participants.

Les principales motivations à l’utilisation de l’anneau étaient le partage de la charge mentale au sein du couple (89,2%), d’éviter une grossesse à la compagne (78,4%), le caractère réversible du dispositif (73%), la difficulté à trouver une contraception féminine adaptée ou bien tolérée (67,6%) et la simplicité d’utilisation (43,2%).

Quelle tolérance ?

A la question de savoir s’il était difficile de maintenir le dispositif 15 heures par jour, sur une échelle de 0 à 10, 33,3 % ont répondu « pas du tout » (score zéro), 42 % ont coché un score 1, 2 ou 3 et 16% un score de 8 à 10 pour « beaucoup ».

En tout, près de 20 % des répondeurs avaient interrompu la contraception même temporairement au cours des 3 derniers mois.

Concernant les effets indésirables, 20 % n’ont rapporté aucun effet indésirable, 28,6% un inconfort, 8,6 % des douleurs, 74,3 % des problèmes cutanés (rougeur, irritation, démangeaison) et 11,4 % une gêne lors d’une activité sportive régulière.

Sur le plan de la sexualité, la fréquence des rapports, la qualité des rapports et la libido sont restées inchangées dans respectivement 85,7, 88 et 88,6 % des cas. La qualité des rapports et la libido ont augmenté dans 11,4 % des cas.

En conclusion, l’orateur a souligné que les données étaient rassurantes au niveau de la sexualité mais que le profil de tolérance ne paraissait pas optimal : 80 % des individus ont ressenti des effets indésirables mineurs et 3 personnes ont arrêté le dispositif pour mauvaise tolérance.

Il a précisé qu’une des limites de l’étude était que la moitié des utilisateurs n’avaient pas répondu à l’enquête.

Enfin, si l’efficacité du dispositif n’a pas été analysée (les données sur les spermogrammes n’étant pas assez complètes), le Dr Foulonneau a tout de même précisé qu’une grossesse non désirée était survenue pendant l’utilisation de ce moyen de contraception.

« L’efficacité est la vraie question. Il faudrait d’autres études plus vastes pour l’évaluer », a insisté l’intervenant auprès de Medscape édition française.

« Cette méthode de contraception est encore en cours d’expérimentation, et ce dispositif n’ayant pas de marquage CE ne doit donc pas être recommandé en pratique courante », a conclu le Dr Foulonneau.

 
Cette méthode de contraception est encore en cours d’expérimentation, et ce dispositif n’ayant pas de marquage CE ne doit donc pas être recommandé en pratique courante.
 

 

Suivez Medscape en français sur  Twitter .

Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie sur  Twitter .

Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape :  sélectionnez vos choix

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....