Étude de cas : effets secondaires gynécologiques du rituximab

Dr Thomas Kron

Auteurs et déclarations

26 décembre 2022

Les femmes qui reçoivent un traitement à long terme par rituximab doivent être interrogées sur l'existence de troubles vaginaux et être examinées en conséquence. La justification de ce conseil est exposée par des médecins danois dans un article récent dans BMJ Case Reports.[1] La recommandation est étayée par le cas d'une jeune femme, rapporté ci-dessous.

Présentation

Une jeune femme dans la vingtaine consulte pour des pertes vaginales abondantes, douleurs vaginales, irritations et dyspareunie évoluant depuis 6 mois. Une sclérose en plaques (SEP) récurrente-rémittente avait été diagnostiquée chez la patiente 31 mois auparavant ; elle était traitée par rituximab (off label). Elle n'avait reçu aucun autre traitement immunomodulateur avant de commencer le traitement par anticorps. La SEP était cliniquement et radiologiquement stable. La patiente n'avait pas d'antécédents de vaginite, ni d'infections antérieures, ni de neutropénie ou d'épisodes d'hypogammaglobulinémie. Plusieurs analyses de sang n'avaient rien révélé d'anormal.

Diagnostic, traitement et évolution

L'examen gynécologique indique des pertes de couleur jaune-gris et une vaginite. La peau de la vulve est sans particularité. Le pH vaginal n'a pas été mesuré.

L'examen du liquide vaginal a révélé un nombre plus élevé de leucocytes que de cellules épithéliales. Aucun lactobacille n'a été détecté.

Les recherches d'agents infectieux sexuellement transmissibles se sont révélées négatives, tout comme les cultures de champignons et de germes aérobies.

L'examen histologique des tissus vaginaux indique  une inflammation mixte neutrophile, lymphocytaire et éosinophile, ainsi que des érosions focales recouvertes de fibrine et de granulocytes.

L'immunohistochimie pour les virus de l'herpès simplex et de la varicelle-zona était négative.

La patiente a d'abord été traitée avec du métronidazole, et localement avec de la clindamycine, sans que ses symptômes ne s'améliorent. Elle a ensuite reçu quotidiennement du budésonide comme thérapie locale, ce qui a permis d'atténuer partiellement les symptômes.

En raison de la gravité des symptômes, le rituximab a été arrêté, ce qui a entraîné un retour des cellules B circulantes après cinq mois (de 0,0010 à 0,023 × 109 /l, plage normale 0,09-0,57 × 109/l). À ce moment-là, la jeune femme a indiqué que ses symptômes avaient complètement disparu.

Discussion

L'anticorps monoclonal rituximab entraîne une déplétion des lymphocytes B et peut réduire la fréquence des poussées de SEP et des nouvelles lésions cérébrales à l'IRM chez les patients atteints de SEP récurrente-rémittente. [1]

Les complications vaginales sous traitement à long terme par rituximab ne sont pas inconnues. Ainsi, selon les médecins danois, des rapports de cas de femmes atteintes de maladies hématologiques et rhumatologiques sous rituximab ont décrit un pyoderma gangrenosum vulvo-vaginal. Une analyse rétrospective (2017) a également mis en évidence la présence d'une vaginite inflammatoire chez 8 des 263 femmes ayant reçu un traitement à long terme par rituximab pour une vascularite associée à des anticorps cytoplasmiques anti-neutrophiles (ANCA). La durée moyenne de la déplétion lymphocytaire B continue est de 3,5 ans. Une analyse rétrospective cas-témoins a également révélé une vaginite inflammatoire chez 16 des 454 femmes traitées au long cours par rituximab. Avec le retour des lymphocytes B après l'arrêt de l'anticorps, la plupart des femmes ont signalé que leurs symptômes s'étaient atténués.

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