
De nouvelles études sur les effets bénéfiques des flavonols sur la mémoire et la cognition, ainsi que l’impact des aliments ultra-transformés sur le déclin cognitif ont été récemment publiées.
Flavonols et cognition
Les flavonols sont un sous-groupe des flavonoïdes que l'on retrouve dans les légumes (p. ex. oignons, chou frisé, laitue, tomates) et les fruits (pommes, raisins, baies), ainsi que dans certains thés et vins. Des données avaient déjà indiqué que certains composants des flavonols inversaient les signes histologiques de la maladie d'Alzheimer chez les souris. Une nouvelle étude [1] montre qu'ils peuvent également être bénéfiques chez les humains. La recherche a porté sur environ 960 participants (âge moyen : 81 ans), la plupart étant des femmes (75 %) et des Blancs (98 %). Sur une période de suivi de 7 ans en moyenne, les participants ont rempli un questionnaire nutritionnel annuel et effectué des tests cognitifs et de mémoire.
Pour déterminer les taux de déclin cognitif, les chercheurs ont utilisé un score général de cognition globale résumant 19 tests cognitifs. Le groupe ayant le plus faible apport en flavonols en consommait environ 5 mg/j, contre 15 mg/j en moyenne chez ceux donc l’apport était le plus élevé. A noter que la consommation moyenne de flavonols chez les adultes américains est d'environ 16 à 20 mg/jour. Après ajustement de divers facteurs, les investigateurs ont constaté une différence significative dans le déclin cognitif entre les personnes ayant la consommation de flavonols la plus élevée et celles rapportant la plus faible.
- Les participants ayant la consommation la plus élevée de kaempférol présentaient un taux de déclin cognitif 32 % plus lent que ceux ayant la consommation la plus faible.
- Ceux dont la consommation de quercétine était la plus élevée avaient un taux de déclin cognitif 30 % plus lent.
- Les personnes ayant la consommation la plus élevée de myricétine avaient un taux de déclin cognitif plus lent de 31 %.
Aliments ultra-transformés et déclin cognitif
Une autre étude récente a quant à elle montré qu'une alimentation riche en aliments ultra-transformés (AUT) augmente le risque de démence. [2] Les chercheurs ont analysé la consommation d'AUT chez plus de 70 000 personnes exemptes de démence (âge moyen : 61,6 ans). Au cours des 10 années de suivi, les pathologies suivantes ont été répertoriées :
- Démence : 518 participants
- Maladie d'Alzheimer : 287 participants
- Démence vasculaire : 119 participants
- Démence non spécifiée : 112 participants.
Dans le groupe ayant la plus faible consommation d’AUT, ces AUT représentaient 9 % de l'alimentation quotidienne (225 g/j en moyenne). Dans le groupe ayant la plus forte consommation, les AUT représentaient 28% de l'alimentation quotidienne (814 g/j). Chez les individus qui consommaient le plus d'AUT, le risque de démence était augmenté de 50 % par rapport à ceux qui en consommaient le moins (rapport de risque [RR], 1,51 ; IC 95 %, 1,16-1,96 ; p < 0,001). Le risque de démence vasculaire était quant à lui multiplié par plus de 2 (HR, 2,19 ; 95% CI, 1,21-3,96 ; p < 0,01).
Les boissons constituaient l’apport principal en AUT (34 %), suivies des sucreries (21 %), des produits laitiers (17 %) et des snacks salés (11 %). Les chercheurs ont conclu qu'en remplaçant 10 % des AUT consommés habituellement par des aliments non transformés ou peu transformés, on pourrait déduire de 19 % le risque de démence, toutes causes confondues (HR, 0,81 ; IC à 95 %, 0,74-0,89 ; p < 0,001) et de 22 % le risque de démence vasculaire (HR, 0,78 ; IC à 95 %, 0,65-0,94 ; p < 0,01).
Canneberges et mémoire épisodique
Les canneberges pourraient constituer un bon substitut alimentaire, selon une étude récente qui suggère que ces baies stimulent la mémoire et les fonctions cérébrales chez des adultes en bonne santé, en plus de réduire le cholestérol LDL.[3] Les résultats d'un essai randomisé contrôlé par placebo mené auprès d'adultes âgés de 50 à 80 ans indiquent que la consommation d'un extrait lyophilisé de canneberge ― équivalant à une tasse de canneberges fraîches ― pendant 12 semaines, est associée à une amélioration de la mémoire épisodique. Chez les patients ayant consommé de l’extrait de canneberge, on observait une augmentation de la perfusion régionale dans le cortex entorhinal droit, la zone accumbens et le caudate. Cela s’accompagnait d'une amélioration significative de la mémoire visuelle. Cependant, la consommation de canneberges ne semble pas améliorer d'autres domaines neurocognitifs, tels que la mémoire de travail et le fonctionnement exécutif.
Acides gras polyinsaturés et fonction cognitive
Certaines graisses alimentaires pourraient stimuler la fonction cognitive chez les personnes âgées. Une étude réalisée en 2022 [4] a montré que l'apport alimentaire en acides gras polyinsaturés (PUFA en anglais), en particulier les oméga 6, peut être bénéfique. L'analyse a utilisé des données combinées (2011-2012 et 2013-2014) d’une enquête nationale américaine sur la santé et la nutrition. Pour évaluer la fonction cognitive, les chercheurs ont utilisé les scores CERAD de la maladie d’Alzheimer, le test de fluence verbale et le test de substitution de symboles numériques (DSST).
L'étude a porté sur 2253 adultes âgés de 60 ans ou plus (âge moyen : 69,4 ans), 51% étant des personnes blanches non hispaniques. Après ajustement pour divers facteurs, l'apport alimentaire en acides gras polyinsaturés et omégas 6 était positivement associé au DSST. Le score DSST a augmenté d'environ 0,06 écart-type (SD) (~1 score) pour chaque augmentation (écart-type) d’apport en acides gras (8,8 g/d pour les acides gras polyinsaturés et 7,9 g/d pour les omégas 6 ; les valeurs de p étaient de 0,02 pour les acides gras polyinsaturés et 0,01 pour les omégas 6). Le score de fluence verbale a augmenté d'environ 0,05 ecart-type (environ 0,3 score) pour chaque d'augmentation de l'apport alimentaire en oméga 3 (écart-type ; 1,1 g/j). Pour les auteurs, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, il est important de bien équilibrer l'apport en graisses alimentaires.
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Citer cet article: Dans l’Actu : alimentation et fonction cognitive - Medscape - 9 déc 2022.
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