Paris, France – Si l’immunothérapie continue de révolutionner la prise en charge du cancer du poumon en diminuant la mortalité associée à la maladie, des données solides montrent désormais que deux autres leviers peuvent drastiquement changer la donne au côté des mesures anti-tabac : le dépistage ciblé et la lutte contre la pollution.
Après quelques années de débats sur l’intérêt du dépistage à partir de 55 ans chez les gros fumeurs ou anciens gros fumeurs (30 paquets-années), la publication en 2018 de l’étude NELSON a marqué un tournant en montrant que la réalisation de scanners faible dose chez des patients asymptomatiques à risque de cancer du poumon était associée à une baisse de la mortalité par cancer de poumon de 24% à 10 ans avec un faible taux de faux positifs.
Depuis, d’autres données positives ont été publiées, notamment dans le département de la Somme en France, et un certain nombre de pays européens envisagent ce dépistage ciblé. La Haute Autorité de Santé a, pour sa part, demandé un programme pilote à l’INCa en début d’année.
Aux Etats-Unis, ce dépistage ciblé a été lancé il y a 9 ans et l’année dernière, le groupe de travail des services préventifs des Etats-Unis (USPSTF) a décidé d’avancer l’âge du dépistage de 55 à 50 ans et d’abaisser le seuil d’intensité du tabagisme de 30 à 20 paquets-années.
Le mécanisme oncogénique de la pollution de l’air explicité
Au côté du dépistage, la prévention a fait ses preuves et doit continuer à concentrer les efforts d’après les experts. En témoigne la baisse du tabagisme depuis 10-15 ans qui a permis de faire chuter l’incidence des carcinomes épidermoïdes pulmonaires chez l’homme en France, rappelait dernièrement Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue, ancien pneumologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, tabacologue à l’Institut A. Vernes et Président de Paris Sans Tabac et AQODI, à l’issue du congrès de la Société Francophone de Tabacologie fin novembre.
Toutefois, si la lutte contre le tabagisme porte peu à peu ses fruits chez les hommes (des efforts majeurs restant nécessaires chez les femmes), le combat contre la pollution atmosphérique reste lui à ses balbutiements.
Pourtant, le caractère carcinogène des particules fines est connu depuis longtemps et les mécanismes par lesquels la pollution de l’air induit des cancers du poumon ont été compris très récemment, permettant de prouver une bonne fois pour toute un lien de causalité directe entre pollution atmosphérique et cancer du poumon.
Lors d’une session présidentielle du dernier congrès de l’ESMO, le Pr Charles Swanton (Francis Crick Institute, Royaume-Uni) a présenté des résultats inédits montrant que l’inflammation induite par les particules fines PM2,5, via l’interleukine 1 bêta, déclenchait la transformation des cellules des voies respiratoires en cellules cancéreuses, à la condition que les premières soient porteuses des mutations à risque EGFR et KRAS.
« Ces nouveaux résultats seront-il suffisants pour conduire à des changements en matière de politique de santé publique ? », la question, lancée par le Pr Fabrice André, directeur de la recherche de l’Institut Gustave Roussy et président de l’ESMO, lors de la grand-messe des oncologues, reste ouverte.
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Crédit image de Une : Héloïse Chochois
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Citer cet article: Cancer du poumon : rien ne vaut la prévention - Medscape - 6 déc 2022.
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