Chicago, États-Unis – La découverte précoce d’un cancer du poumon grâce à un scanner annuel à faible dose améliore considérablement les taux de survie à long terme, qui peuvent atteindre jusqu’à 80 %, selon les résultats d’une étude internationale menée sur 20 ans, présentés lors du congrès annuel 2022 de la Radiological Society of North America (RSNA) [1] par la Dr Claudia Henschke, professeure de radiologie et directrice du Early Lung and Cardiac Action Program (ELCAP – Icahn School of Medicine, Université Mount Sinai, New York).
Ces données sont particulièrement encourageantes alors que, selon l’American Lung Association, seuls 16 % des cancers du poumon sont détectés à un stade précoce et que plus de la moitié des personnes atteintes d’un cancer du poumon meurent dans l’année qui suit le diagnostic.
Cette étude à long terme confirme que le cancer du poumon peut être guéri à condition qu'il soit diagnostiqué à un stade précoce, comme le permet le dépistage par scanner à faible dose.
Le taux de survie des participants sur 20 ans est de 80 %
Dans l’étude prospective internationale Early Lung Cancer Action Program (I-ELCAP), les chercheurs ont étudié la survie spécifique au cancer du poumon chez 87 416 participants.
Les résultats de cette vaste étude internationale ont montré que le taux de survie global à 20 ans des 1 285 participants au dépistage chez qui un cancer au stade précoce a été diagnostiqué était de 80 % (IC à 95 % ; 77 % – 83 %). Parmi les 1 285 personnes diagnostiquées, 83 % avaient un cancer de stade 1, a précisé la Dre Henschke.
Aucun décès par cancer du poumon n’a été identifié dans les cas de cancers où les nodules étaient partiellement solides et non-solides, rapportent les chercheurs.
La survie au cancer du poumon (SCP) était de 100 % pour les 139 participants dont le nodule n’était pas solide et pour les 155 participants dont le nodule était partiellement solide.
La SCP était de 73 % (IC 95 %, 69 % – 77 %) pour les 991 participants présentant un nodule de consistance solide, et pour les participants au stade clinique IA, la SCP était de 86 % (IC 95 %, 83 % – 89 %), quelle que soit la consistance.
Pour les participants atteints d’un cancer du poumon de stade pathologique IA dont la tumeur mesurait 10 mm de diamètre moyen ou moins, le taux de survie à 20 ans avec identification et résection était de 92 % (IC 95 %, 87 % – 96 %).
Ces résultats montrent que les conclusions de l’étude sur 10 ans datant de 2006 publiées dans le New England Journal of Medicine, [2] qui indiquaient également des taux de survie à 80 % avec le scanner à faible dose, se maintiennent encore aujourd’hui, a-t-elle déclaré. En 2006, 95 % des Américains chez qui un cancer du poumon avait été diagnostiqué en mouraient.
Par ailleurs, elle note qu’au moment où les symptômes apparaissent, le cancer du poumon est souvent à un stade avancé, de sorte que le meilleur outil pour détecter un cancer du poumon à un stade précoce est de s’inscrire à un programme de dépistage annuel.
Lorsque la tumeur est suffisamment petite et peut être retirée chirurgicalement, les patients peuvent être guéris de manière efficace à long terme.
Des résultats très prometteurs
Le Dr Ernest Hawk, chef de la Division de la prévention du cancer et des sciences de la population (Université du Texas MD Anderson Cancer, Houston, États-Unis), a déclaré à l’édition américaine de Medscape que les résultats étaient « très prometteurs ».
« Il s’agit de l’une des premières études à avoir évalué le scanner à faible dose. Le fait que les avantages observés en 2006 semblent se maintenir sur une plus longue période d’observation est excellent. Cela renforce les données selon lesquelles le dépistage du cancer du poumon est bénéfique sur une période d’observation plus longue », a-t-il déclaré, notant que la plupart des essais contrôlés randomisés ont été plus courts.
Jusqu’à présent, le dépistage est encore limité aux personnes à haut risque, a précisé le Dr Hawk, bien que l’on se demande si les avantages s’étendraient aux personnes exposées à l’amiante, par exemple, ou au tabagisme passif : « Le plus grand défi à l’heure actuelle est de faire passer le dépistage à ceux qui répondent réellement aux critères. »
Medscape a rapporté plus tôt ce mois-ci que, selon un nouveau rapport de l’American Lung Association, moins de 6 % des fumeurs à haut risque se soumettent au dépistage annuel recommandé du cancer du poumon.
Financements et liens d’intérêts
La Dre Henschke fait partie du conseil consultatif de LungLifeAI et du conseil de la Fondation pour la recherche sur le diagnostic et le traitement précoces. Le Dr Hawk ne signale aucune relation financière pertinente.
Cet article a initialement été publié sur Medscape.com sous l’intitulé Lung Cancer Screening Pushes 20-Year Survival Rate to 80%. Traduit par Mona El-Guechati
Crédit de Une : Dreamstime
Citer cet article: Dépistage du cancer du poumon : la détection précoce porte à 80 % le taux de survie à 20 ans - Medscape - 6 déc 2022.
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