Acné, rosacée, dermatite séborrhéique… : les défis de la prise en charge

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

28 novembre 2022

France – En amont du congrès de la Société française de dermatologie (SFD), la Pre Marie Beylot-Barry (CHU de Bordeaux) a présenté – au nom du Dr Sandra Ly – les projets du nouveau groupe de travail DEFI sur les dermatoses faciales, des pathologies qui du fait de leur localisation impactent fortement la qualité de vie des patients et dont certaines restent très difficiles à traiter [1].

Impact sur la qualité de vie

Qu’il s’agisse d’acné, de la rosacée ou encore de la dermatite séborrhéique, les dermatoses faciales, parce qu’elles sont immédiatement visibles, sont « un motif fréquent de consultation et une préoccupation quotidienne des patients et des dermatologues en raison de leur impact sur la qualité de vie, tant sur le plan personnel, que social et professionnel », a déclaré en préambule la dermatologue bordelaise.

Plus rarement, peuvent s’y ajouter des dermatoses moins spécifiques au visage, telles que le psoriasis, la dermatite atopique, la maladie de Verneuil ou le vitiligo lorsque leurs manifestations se situent au niveau de la face. Des lésions faciales peuvent également révéler ou accompagner une maladie générale telle que le lupus, la dermatomyosite, la sarcoïdose mais aussi des hémopathies ou des dermatoses bulleuses auto-immunes…

 
C’est un champ très vaste, avec des enjeux et des besoins importants, pas toujours résolus
 

Enfin, le visage peut être le siège de toxicité médicamenteuse, avec les traitements anti-cancéreux en particulier, comme les immunothérapies. « Les lésions peuvent alors être papuleuses, inflammatoires, crouteuses et avec une sécheresse cutanée très importantes et vont demander une prise en charge de ces patients pour leur permettre de tolérer le traitement qui leur est indispensable pour traiter leur cancer », a précisé la Pre Beylot-Barry.

Avant d’ajouter : « C’est un champ très vaste, avec des enjeux et des besoins importants, pas toujours résolus ». C’est ce qui a donné envie à la Société française de Dermatologie de créer un nouveau groupe thématiques dédié aux Dermatoses Faciales, le groupe DEFI présidée par la Dr Sandra Ly (CHU de Bordeaux).

Ses objectifs sont d’améliorer les connaissances et la prise en charge des dermatoses faciales et de diffuser l’information sur les dermatoses faciales les plus courantes – le tout de façon totalement indépendante de l’industrie pharmaceutique.

L’acné de la femme adulte et des peaux noires

Le Pr Beylot-Barry a ensuite donné quelques exemples de ce que seront les réflexions et les initiatives mises en place pour différentes dermatoses faciales.

Pour l’acné, qui touche à des degrés divers 90% des adolescents, mais est de plus en plus fréquente chez la femme adulte, les pistes de réflexion vont concerner 3 domaines.

D’une part, la prescription de l’isotrétinoïne, traitement majeur des formes sévères, mais non dénuée de risques, à la fois tératogène et psychiatrique et qui requiert, de fait, une surveillance biologique. Le groupe DEFI a ainsi organisé un séminaire dédié à cette molécule en juin 2022 où ont été invités différentes spécialités (pharmacologue, psychiatre, gynécologue et généraliste), de même qu’un représentant de l’ANSM – qui a récemment changé les règles de prescription, et notamment de renouvellement, de l’isotrétinoïne.

Deuxième problématique qui fera l’objet d’une attention particulière du groupe DEFI : l’acné féminine tardive, chronique et récidivante – plus de 40% après l’âge de 20 ans sont concernées –, qui peut être difficile à prendre en charge par les traitements classiques (cyclines, isotrétinoïne). La spironolactone, connue comme anti-hypertenseur mais qui possède aussi des propriétés anti-androgénique, est actuellement testée contre l’acné persistante chez la femme adulte. A ce titre, les résultats d’une étude française, FASCE , menée par la Pre Brigitte Dreno à Nantes, et qui compare la spironolactone versus doxycycline sont attendues pour 2023, a indiqué l’oratrice.

Autre thématique intéressante : les complications cicatricielles chez les patient.es de phototype foncé, peau « noire ». Le groupe DEFI prévoit de lancer une étude (ETHNIC 2022) sur l’intérêt d’un traitement précoce par isotrétinoïne chez ces patient.es qui sont sous-représentées dans les études et dans les recommandations des sociétés savantes.

La rosacée et la dermite séborrhéique sont là aussi des dermatoses dont certaines formes sont difficiles à prendre en charge, avec une résistance ou une intolérance aux traitements habituels. Deux études françaises se sont intéressées à ces formes difficiles à traiter. La première a montré l’intérêt de l’isotrétinoïne à faible dose dans ce type de rosacée. La seconde a mis en évidence l’intérêt du tacrolimus topique dans la récidive de la dermatite séborrhéique. Mais il arrive qu’il existe des dermatoses mixtes, associant les deux. Le groupe DEFI a pour projet une étude ayant pour premier objectif de mieux caractériser ces « dermatoses mixtes » du visage, peu étudiées dans la littérature, afin d’en améliorer la prise en charge.

Au cours des JDP qui se tiendront au Palais des Congrès du 29 novembre au 3 décembre prochain, deux forums seront organisés par le groupe DEFI, l’un consacré à l’isotrétinoïne, l’autre aux dermatoses faciales mixtes posant des difficultés diagnostiques.

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