Chicago, Etats-Unis __ Après la dapagliflozine (Forxiga®, AstraZeneca), c’est au tour de l’I-SGLT2 empagliflozine (Jardiance®, Boehringer Ingelheim, Lilly) de montrer une efficacité sur le ralentissement de la progression de la maladie rénale ou les événements cardiovasculaires chez les patients atteints de maladie rénale chronique (MRC) et présentant un risque de progression.
Les résultats de l’essai de phase III EMPA-KIDNEY, le plus vaste essai dédié à un inhibiteur du SGLT2 dans la MRC, ont été présentés lors du congrès de l’AHA 2022 par le Pr David Preiss (Université d'Oxford, Angleterre) et publiés auparavant dans le NEJM[1,2].
L'étude multicentrique internationale a inclus 6609 patients souffrant d'IRC et présentant un risque de progression de la maladie, défini par un débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe) de 20 à < 40 ml/min/1,73 m2 ou un DFGe de 45 à < 90 ml/min/1,73 m2 plus un rapport albumine urinaire/créatinine ≥ 200 mg/g. Les participants ont été randomisés entre l'empagliflozine 10 mg une fois par jour et le placebo en plus du traitement standard.
Un vaste éventail de patients
L'âge moyen des participants était de 64 ans et 33 % étaient des femmes. Le DFGe moyen était bas, de 37 ml/min/1,73 m2. 46% des patients étaient diabétiques. Et, 26 % des patients présentaient une MCV préexistante.
« Le protocole d’EMPA-KIDNEY a inclus un éventail de patients plus large que jamais auparavant », a indiqué le Pr Richard Haynes, co-investigateur principal dans un communiqué de presse. « En effet, les essais précédents des inhibiteurs du SGLT2 étaient centrés sur certains groupes de patients atteints de MRC, tels que les patients diabétiques ou avec des taux élevés de protéines (albumine) dans les urines. Ces résultats d’essai positifs sur un éventail large de population atteinte de MRC, présentés aujourd’hui, représentent une opportunité d’améliorer la prise en charge de cette maladie et d’éviter aux patients d’avoir besoin d’une dialyse. »
Résultats positifs sur le critère principal et les hospitalisations
Le principal résultat regroupait les décès d'origine cardiovasculaire et/ou la progression de la maladie rénale (insuffisance rénale terminale, décès d'origine rénale ou baisse soutenue du DFGe (de ≥ 40 % ou à < 10 mL/min/1,73 m2).
Au cours d'un suivi médian de 2 ans, l'empagliflozine (Jardiance® ; Boehringer Ingelheim/Eli Lilly) a réduit le critère principal de 13,1% versus 16,9 % pour le placebo (HR 0,72 ; IC95 % de 0,64 à 0,82).
Aussi, les hospitalisations toutes causes confondues ont été réduites de manière significative (HR 0,86 ; IC à 95% 0,78-0,95).
Les autres critères d'évaluation cardiovasculaires secondaires ont montré des tendances positives mais n’ont pas atteint la significativité.
-Risques d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque (HR 0,80 ; IC à 95 % 0,60-1,06) ;
-Décès d'origine cardiovasculaire/hospitalisation pour insuffisance cardiaque (HR 0,84 ; IC à 95 % 0,67-1,07) ;
-MACE (HR 0,93 ; IC à 95 % 0,76-1,12).
Les décès toutes causes confondues n'étaient pas non plus significativement différents entre les bras empagliflozine et placebo (4,5 % vs 5,1 % ; HR 0,87 ; IC 95 % 0,70-1,08).
Les résultats n’étaient pas liés au fait d’avoir une maladie cardiovasculaire préexistante ou au fait d’être diabétique de type 2 ou non (p-value d’interaction = 0,99).
L’ensemble des données de tolérance a été cohérent avec les résultats des études précédentes évaluant les effets de l’empagliflozine chez les patients diabétiques ou insuffisants cardiaques.
Répondant lors d'une conférence de presse à la question de savoir si les différences observées entre les résultats des essais DAPA-CKD et EMPA-KIDNEY signifiaient qu’il existait des différences d’efficacité entre la dapagliflozine et l'empagliflozine, le Pr Preiss a répondu que, selon lui, il s’agissait d’un « effet classe ».
« Nos résultats suggèrent que les inhibiteurs du SGLT-2 tels que l'empagliflozine devraient être proposés à tous les adultes susceptibles de bénéficier de ce traitement, afin de réduire le risque de progression de la maladie rénale et de complications cardiovasculaires chez les personnes atteintes d'une maladie rénale chronique, qu'elles aient ou non un diabète de type 2 », a-t-il souligné.
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Crédit image de Une : BSIP
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Citer cet article: EMPA-KIDNEY : bons résultats de l’empagliflozine dans l’insuffisance rénale chronique - Medscape - 28 nov 2022.
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