FA: la cryoablation réduit la progression vers une fibrillation persistante

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

22 novembre 2022

Chicago, Etats-Unis – En comparaison avec un traitement pharmacologique antiarythmique standard, l’ablation d’une fibrillation atriale (FA) par cathéter (cryoablation) permet de réduire le risque de progression vers une FA persistante de 75%, selon l’essai randomisé PROGRESSIVE-AF, qui rapporte les résultats d’un suivi d’une durée de trois ans mené à l’aide d’un moniteur cardiaque implanté. Ces résultats, qui ont été présentés lors du congrès AHA2022, devraient contribuer à un changement de pratique, le traitement pharmacologique étant privilégié en première intention dans cette indication.

« Une ablation en traitement de première intention est associée à une baisse significative de la progression vers une fibrillation atriale persistante, en comparaison avec un traitement par médicament antiarythmique. Ces résultats ont été observés alors que les patients inclus étaient relativement jeunes et présentaient assez peu de comorbidités, une population à faible risque de progression de FA », a commenté le Dr Jason Andrade (hôpital général de Vancouver, Canada), principal auteur de l’étude, lors de sa présentation.

 
Une ablation en traitement de première intention est associée à une baisse significative de la progression vers une fibrillation atriale persistante, en comparaison avec un traitement par médicament antiarythmique. Dr Jason Andrade
 

La fibrillation atriale (FA) est une arythmie évolutive. On estime qu’une FA paroxystique, caractérisée par des épisodes intermittents d’arythmie inférieurs à sept jours et se résolvant d’eux-mêmes, évolue dans un délai de cinq ans vers une FA persistante chez un patient sur quatre. Les épisodes d’arythmie se prolongent alors au-delà de sept jours et nécessitent une intervention médicale (cardioversion électrique ou pharmacologique) pour revenir à un rythme sinusal normal.

La progression vers une FA persistante est associée à une morbimortalité importante. Elle s’accompagne notamment d’une hausse du risque d’événements cardiovasculaires. Les admissions à l’hôpital, ainsi que les traitements par cardioversion électriques sont plus fréquentes, tandis que la qualité de vie du patient tend à se dégrader. Si un traitement précoce peut aider à éviter ou ralentir, l’administration de médicaments antiarythmiques est habituellement privilégiée à une ablation d’emblée de la FA par cathéter.

L’essai PROGRESSIVE-AF a inclus 303 patients avec une FA paroxystique, naïfs de traitement. Ils étaient âgés en moyenne de 58 ans (deux-tiers d’hommes) et la FA, diagnostiquée depuis un an en moyenne, se traduisait par trois épisodes symptomatiques par mois. Un tiers des patients avaient déjà eu une cardioversion électrique externe pour rétablir un rythme normal. Lors de l’inclusion, ils ont été randomisés pour être traités, soit par cryoablation, soit par un traitement pharmacologique antiarrhymique standard (flécaïnide, propafénone, sotalol, dronadarone ou amiodarone). Un moniteur cardiaque a été implanté en sous-cutané chez tous les patients.

Après un suivi de trois ans, 1,9% des patients (n=3) traités par cryoablation ont eu au moins un épisode de FA persistante, contre 7,4% (n=11) dans le groupe sous traitement pharmacologique, soit un risque de progression vers une FA persistante réduit de 75% avec l’ablation par cathéter.

Concernant le taux d’hospitalisation, il est de 5,2% dans le groupe ablation, contre 16,8% dans le groupe sous antiarythmiques, soit un risque réduit de 69% en faveur de l’ablation. De même, au cours du suivi, une cardioversion électrique a été réalisée chez 9,1% des patients après ablation, contre 13,4% chez les patients sous traitement médicamenteux (réduction de 32%).

L’ablation est également associée à un meilleur score de qualité de vie par rapport aux antiarythmiques, à un an, deux ans et trois ans après traitement, avec respectivement un score AFEQT supérieur de 8, 9 et 7,4 points comparativement à celui du traitement pharmacologique. A un an et trois ans, l’incidence des symptômes de FA est respectivement 50% et 72% plus faible après ablation.

Invitée à commenter les résultats, la Dr Carina Blomström (Institution of Medical Science, Uppsala, Suède) a souligné que les patients inclus étaient en moyenne assez jeunes (moyenne d’âge 58 ans), comparativement à ceux habituellement pris en charge. Selon elle, il reste à déterminer le délai après diagnostic de FA et le profil des patients pour garantir un effet optimal du traitement par ablation en première intention.

 

Le Dr Das Pradhan a fait état de relations financières avec Denka, Medtelligence, Optum, Novo Nordisk et Kowa, qui ont financé cet essai. Le Dr Watson a fait état de relations financières avec Amarin, Amgen, Boehringer-Ingelheim et Esperion.

 

L’article a été publié initialement sur Mediquality.net.

 

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