Dans l’Actu : antibiothérapie et infection urinaire

Ryan Syrek

Auteurs et déclarations

18 novembre 2022

 

Alors que plus d’une femme sur deux souffrira d'une infection des voies urinaires (IVU) au moins une fois au cours de sa vie, des nouveautés sur le traitement et la prévention des IVU ont été très commentées cette semaine.

Résultats préliminaires positifs avec la gépotidacine

Le 3 novembre, la compagnie GSK a annoncé qu'elle interrompait le recrutement de patients d'un nouvel essai de phase 3 [sur la gépotidacine dans les IVU non compliquées] à la suite de résultats positifs substantiels, sur la base d'une recommandation du Comité indépendant de contrôle des données (IDMC) américain. La gépotidacine présente un intérêt particulier dans le contexte actuel de lutte contre la résistance aux antibiotiques ― l'Organisation Mondiale de la Santé vient d’ailleurs de publier une liste de pathogènes représentant les plus grandes menaces, dont plusieurs sont connus pour entrainer des infections urinaires. GSK a annoncé qu'il allait demander l'approbation de la gépotidacine et poursuivre la publication des données de l'étude dans une revue à comité de lecture au début de l'année prochaine.

Infections urinaires récidivantes

Les infections urinaires récidivantes sont définies comme deux épisodes symptomatiques dans les 6 mois, ou trois épisodes dans les 12 mois. La meilleure stratégie repose sur la consultation individuelle, qui permet notamment de réduire la fréquence des IVU récidivantes en fournissant des informations sur les causes de l’infection et les mesures préventives. Ces mesures comprennent la recommandation de boire une quantité suffisante, mais non excessive, de liquides : environ 1,5 litre par jour. Ce n'est qu'en cas d'échec du traitement non antibiotique qu'une antibioprophylaxie doit être envisagée, avec un objectif de 3 à 6 mois. Avant de commencer le traitement, l'agent pathogène doit être identifié par une culture d'urine, et des tests de résistance doivent être effectués. L'antibioprophylaxie postcoïtale à usage unique peut représenter une alternative, en particulier pour les femmes chez lesquelles on soupçonne un lien entre infections urinaires récurrentes et rapports sexuels.

Administration de bactéries inactivées

Plus tôt cette année, une étude a montré qu'une collection de bactéries inactivées, connue sous le nom de MV140 et administrée par voie sublinguale, permettait de prévenir les infections urinaires récidivantes. Dans un essai randomisé mené auprès de 240 femmes, l'administration quotidienne pendant trois mois a permis à 56% des femmes d'éviter les infections urinaires pendant un an, contre 25% des femmes traitées par placebo. Une durée plus longue n'a pas semblé produire un résultat significativement meilleur, puisque seulement 58% des femmes ayant reçu 6 mois de traitement n'ont pas eu d'infection urinaire. Le nombre d'événements indésirables enregistré était de 48 avec 6 mois de traitement, 76 avec 3 mois de traitement et 81 avec le placebo.

Recommandations pratiques

L'utilisation d'antibiotiques pour les infections urinaires est un sujet de préoccupation pour de nombreux infectiologues (voir interview du Dr Benjamim Davido).

Aux É.-U., la Dre Roni K Devlin (Weatherby Healthcare), a rappelé que l’antibiothérapie dans les IVU doit être adaptée pour assurer une « bonne correspondance » entre le microbe et le médicament et doit suivre les principales recommandations des sociétés savantes. Elle s’appuie sur une étude récente[1] portant sur plus de 670 000 jeunes femmes ayant reçu un diagnostic d'infection urinaire : près de la moitié d'entre elles ont reçu un antibiotique inapproprié et plus de 75% se sont vues prescrire des antibiotiques pour une durée supérieure à celle jugée nécessaire.

La Dre Devlin préconise spécifiquement les recommandations de l'Infectious Diseases Society of America (IDSA), qui travaille actuellement à la mise à jour des directives sur le traitement de la cystite aiguë non compliquée et de la pyélonéphrite. L'IDSA a déjà mis à jour les informations concernant la prise en charge de la bactériurie asymptomatique. Il s'agit d'un point essentiel pour éviter le risque d'aggravation de la résistance aux antimicrobiens, explique la Dre Devlin, qui propose une liste de catégories de patients qui ne nécessitent ni dépistage urinaire, ni traitement antibiotique pour une bactériurie asymptomatique :

  • Nourrissons et enfants

  • Femmes en bonne santé, préménopausées et non enceintes

  • Femmes ménopausées en bonne santé

  • Personnes âgées vivant dans la communauté et souffrant d'un handicap fonctionnel.

  • Personnes âgées résidant dans des établissements de soins de longue durée

  • Patients atteints de diabète

  • Patients ayant subi une transplantation rénale plus d'un mois auparavant

  • Patients ayant subi une transplantation d'organe solide non rénal

  • Patients présentant une neutropénie à haut risque

  • Patients souffrant de lésions de la moelle épinière

  • Patients ayant des cathéters urétraux 

  • Patients subissant une chirurgie nonurologique élective

  • Patients prévoyant de subir une intervention chirurgicale pour l'implantation d'un sphincter urinaire artificiel ou d'une prothèse pénienne

  • les patients vivant avec des dispositifs urologiques implantés.

En France, voir :

Infection urinaire masculine récidivante: quelle prise en charge?

Infections urinaires : quelle antibiothérapie en cas de bactéries multirésistantes?

 

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