Le hoquet chez les patients atteints de cancer souvent négligé et sous-traité

Megan Brooks

Auteurs et déclarations

16 novembre 2022

Rochester, États-Unis – Jusqu’à 40 % des patients atteints de cancer ont le hoquet, souvent à l’insu de leur oncologue. Mais même lorsqu’il est connu des médecins, le hoquet n’est pas toujours traité efficacement, selon une enquête américaine menée auprès de cliniciens spécialisés dans le traitement du cancer. [1]

Les résultats de l’enquête ont été publiés en ligne dans l’American Journal of Hospice & Palliative Medicine.

Lorsqu’il est mal contrôlé, le hoquet persistant peut affecter la qualité de vie du patient, 40 % des personnes interrogées considérant que le hoquet chronique est « beaucoup plus » ou « un peu plus » grave que les nausées et les vomissements.

Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les patients atteints de cancer qui développent un hoquet persistant « souffrent réellement », écrivent les auteurs.

Le hoquet n’est peut-être qu’une nuisance pour la plupart des gens, mais ces spasmes peuvent devenir problématiques pour les patients atteints de cancer, entraînant un manque de sommeil, de la fatigue, une pneumonie par aspiration, une diminution de l’apport alimentaire, une perte de poids, des douleurs, voire la mort.

Peu d’études sur le sujet

Le hoquet peut se développer lorsque le nerf qui contrôle le diaphragme est irrité, ce qui peut être déclenché par certains médicaments de chimiothérapie.

Pourtant, peu d’études se sont intéressées au hoquet chez les patients atteints de cancer et aucune, jusqu'à présent, n’a cherché à connaître le point de vue des cliniciens spécialisés dans le traitement du cancer.

La Dr Aminah Jatoi, oncologue médical à la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota), et deux collègues de la Mayo Clinic ont élaboré une enquête, en collaboration avec MeterHealth, que Medscape a diffusée auprès des cliniciens intéressés par les traitements liés au cancer.

L’enquête a permis d’évaluer la connaissance ou l’absence de connaissance par les cliniciens du hoquet cliniquement significatif - ainsi que des traitements du hoquet - et de savoir s’ils considéraient le hoquet comme un besoin palliatif non satisfait.

Au total, 684 cliniciens ont répondu à deux questions de sélection d’éligibilité, qui leur demandaient d’avoir soigné plus de 10 patients atteints de cancer au cours des 6 derniers mois présentant un hoquet cliniquement significatif (défini comme un hoquet qui a duré plus de 48 heures ou qui est survenu à cause d’un cancer ou d’un traitement lié au cancer).

Parmi les 113 professionnels de santé éligibles, 90 ont répondu à l’enquête, dont 42 médecins, 29 infirmières, 15 infirmières praticiennes et 4 assistants médicaux.

L’enquête a révélé trois points essentiels. Premièrement, le hoquet semble être un problème sous-estimé.

Parmi les professionnels de la santé qui ont répondu aux questions de sélection, moins de 20 % ont déclaré avoir pris en charge, au cours des six derniers mois, plus de dix patients atteints de cancer et souffrant d’un hoquet persistant. La plupart de ces cliniciens ont déclaré s’occuper de plus de 1 000 patients par an.

Étant donné que 15 à 40 % des patients atteints de cancer signalent un hoquet, ce résultat suggère que ce dernier n’est pas largement reconnu par les professionnels de la santé.

Deuxièmement, les données de l’enquête ont montré que le hoquet augmente souvent l’anxiété, la fatigue et les problèmes de sommeil des patients et peut diminuer la productivité au travail ou à l’école.

En somme, si l’on compare le hoquet aux nausées et vomissements – parfois décrits comme l’un des effets secondaires les plus graves du traitement du cancer – 40 % des répondants ont estimé que le hoquet était « beaucoup plus » ou « un peu plus » grave que les nausées et vomissements pour leurs patients et 38 % ont estimé que la gravité des deux problèmes était « à peu près la même ».

Enfin, même lorsque le hoquet est connu et traité, environ 20 % des répondants ont déclaré que les thérapies actuelles ne sont pas très efficaces et que d’autres options de traitement sont nécessaires.

Des traitements pas toujours efficaces

Parmi les répondants de l’enquête, les médicaments les plus fréquemment prescrits pour le hoquet chronique étaient l’antipsychotique chlorpromazine, le relaxant musculaire baclofène (Lioresal), l’antiémétique métoclopramide (Metozolv ODT, Reglan) et les anticonvulsivants gabapentine (Neurontin) et carbamazépine (Tegretol).

Les répondants de l’enquête qui ont fourni des commentaires sur les traitements actuels du hoquet ont souligné une série de difficultés. Un répondant a déclaré : « Lorsque les thérapies actuelles ne fonctionnent pas, cela peut être très démoralisant pour nos patients. » Un autre a déclaré : « J’ai l’impression que c’est un pari de savoir si le traitement du hoquet va fonctionner ou non. »

Un autre encore a estimé que si les traitements actuels fonctionnent « assez bien pour stopper le hoquet », ils s’accompagnent d’effets secondaires qui peuvent être « assez graves ».

Ces résultats « mettent clairement en évidence les besoins non satisfaits du hoquet chez les patients atteints de cancer et devraient inciter à poursuivre les recherches visant à générer des options plus palliatives », indiquent les auteurs.

 

Financements et liens d’intérêts
Cette recherche n’a bénéficié d’aucun financement commercial. MeterHealth a revu le manuscrit et a apporté sa contribution à l’exactitude des méthodes et des résultats. Le Dr Jatoi rapporte avoir fait partie d’un conseil consultatif pour MeterHealth (honoraires à l’institution).

 

Cet article a initialement été publié sur Medscape.com sous l’intitulé Hiccups in Patients With Cancer Often Overlooked, Undertreated. Traduit par Mona El-Guechati

 

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