
Alors que l’incidence des troubles du sommeil a augmenté de façon vertigineuse durant la pandémie de COVID-19, de nouvelles études confirment leurs effets néfastes et potentiellement graves sur la santé.
Un risque accru de maladies chroniques
Dans le cadre d’une étude franco-britannique[1], près de 8000 fonctionnaires du Royaume-Uni ont déclaré leur quantité de sommeil nocturne tous les 4-5 ans pendant 25 ans, à partir de l'âge de 50 ans. Les participants ne souffraient d'aucune maladie chronique à l'âge de 50 ans et étaient principalement des hommes (67,5 %), caucasiens (90 %). Les recherches ont montré un risque accru de 30 % de maladies chroniques chez ceux qui dormaient ≤ 5 heures à l'âge de 50 ans (hazard ratio [HR], 1,30 ; 95% IC, 1,12 -1,50 ; p < 0,001). Ce risque passait à 32 % à l'âge de 60 ans (HR, 1,32 ; 95% IC, 1,13 -1,55 ; p < 0,001) et à 40 % à l'âge de 70 ans (HR, 1,40 ; 95% IC, 1,16 -1,68 ; p < 0,001). Les maladies chroniques pour lesquelles le risque augmentait étaient le diabète, le cancer, les maladies coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux, l'insuffisance cardiaque, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, les maladies rénales chroniques, les maladies du foie, la dépression, la démence, la maladie de Parkinson et l'arthrite.
Maladies cardiovasculaires : l’AHA revoit sa « checklist »
Ce sont de tels résultats qui ont incité l'American Heart Association (AHA) à inclure la durée du sommeil comme « élément essentiel pour une bonne santé du cœur et du cerveau » dans sa liste actualisée, désormais appelée Life's Essential 8 . Une étude[2] a comparé quatre versions de ce que l'on appelait auparavant les listes de contrôle Life's Simple 7, qui incluaient le sommeil en relation avec le risque de maladie cardiovasculaire (MCV). Les participants qui se situaient dans le tertile le plus élevé des listes de contrôle de santé cardiovasculaire incluant le sommeil présentaient un risque de MCV jusqu'à 47 % inférieur. Dormir 7 heures ou plus, mais moins de 9 heures, par nuit, était considéré comme « idéal », selon l'étude. « Notre étude est la première à montrer que les mesures du sommeil ajoutent une valeur prédictive indépendante aux événements de MCV, en plus des sept mesures initiales de santé cardiovasculaire », a déclaré l'auteure principale, Nour Makarem, à theheart.org | Medscape Cardiology.
Excès de sommeil et démence
Un excès de sommeil pourrait également présentaient des associations négatives. Les résultats d'une étude de population chinoise, portant sur près de 2 000 personnes âgées, ont montré que le risque de démence était 69 % plus élevé chez les personnes dormant plus de 8 heures par jour comparativement à celles dormant de 7 à 8 heures quotidiennement.[3] En outre, le risque était deux fois plus élevé chez les personnes qui se couchaient avant 21 heures que chez celles se couchant à 22 heures ou plus. Les associations étaient plus prononcées chez les personnes âgées de 60 à 74 ans et chez les hommes. Chaque fois que l'on avance d'1h l'heure du coucher, le risque de démence augmente de 25 % (IC à 95 %, 1,03-1,53). Chaque fois que l'on avançait d'1 h l'heure du coucher et l'heure du milieu du sommeil, on obtenait un HR ajusté de 1,27 (IC 95 %, 1,01-1,59) et de 1,49 (IC 95 %, 1,05-2,12), respectivement.
Couverture et mélatonine
Plusieurs types d’interventions sont mises en place pour tenter d’améliorer la durée et la qualité du sommeil. Une étude récente a montré qu'une couverture pondérée [ndlr. couverture permettant de répartir un poids uniformément sur le corps] provoquait la libération de concentrations plus élevées de mélatonine lorsqu’elle était lestée d'environ 12 % du poids corporel, par rapport à une couverture plus légère ne représentant qu'environ 2,4 % du poids corporel.[4] Cette petite étude croisée en laboratoire a montré que l'utilisation d'une couverture lestée augmentait la mélatonine dans la salive d'environ 30 %. L'étude a porté sur un total de 26 volontaires en bonne santé, 15 hommes et 11 femmes, dont aucun ne présentait de troubles du sommeil. Deux nuits ont été testées : une pendant laquelle la couverture pondérée a été utilisée et la seconde pendant laquelle les participants prenaient la couverture plus légère. Les nuits de test, les lumières ont été tamisées entre 21 h et 23 h, et les participants ont utilisé une couverture pondérée couvrant les extrémités, l'abdomen et la poitrine 1 heure avant et pendant 8 heures de sommeil. L'augmentation moyenne des concentrations de mélatonine salivaire était plus importante dans les conditions de couverture pondérée, soit 6,6 pg/mL contre 5,0 pg/mL pendant la session de couverture légère (p = 0,011). L'ocytocine a augmenté d'environ 315 pg/ml au début, mais cette augmentation n'a été que transitoire. Au fil du temps, aucune différence significative des niveaux d'ocytocine n'a été observée entre les deux conditions de couverture.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix
Suivez Medscape en français sur Twitter, Facebook et Linkedin.
Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie en français sur Twitter.
Medscape © 2022
Citer cet article: Dans l’Actu : le sommeil et son impact sur la santé - Medscape - 4 nov 2022.
Commenter