Paris, France— Alors que les syndicats d'internes et d'étudiants en médecine (Isnar-IMG, Anemf), épaulés par des syndicats de médecins dont la CSMF, MG France, Le SML, mais aussi la FMF et REAGJIR, ont appelé à une nouvelle journée de manifestations le 28 octobre contre l'imposition d'une quatrième année dans le DES de médecine générale, la conférence des doyens, elle, prend fait et cause pour cette mesure.
Pour rappel, l'ajout d'une quatrième année dans le DES de médecine générale fait partie des mesures du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 (PLFSS 2023).
« La médecine générale mérité une 4e année, nous y sommes favorables. Nous avons soutenu le fait que la 4e année soit intégrée dans une refonte complète du DES de médecine générale », a notamment déclaré le Pr Didier Samuel, Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine, lors d'une conférence de presse.
Toutefois, la conférence des doyens apporte des nuances quant à la mise en place de cette quatrième année, et se prononce contre l'obligation, pour les internes, de l'effectuer dans les zones sous-denses, médicalement parlant : « Nous sommes contre une coercition des internes sur leur lieux de stage, tout en étant conscients des faiblesses du système, notamment de la carence en médecins dans certains territoires. Mais les internes doivent être accompagnés, on ne peut les laisser seuls dans des zones où les médecins sont absents. »
Renforcement des MSU
Aussi, pour que cette réforme soit une réussite, le Pr Didier Samuel plaide pour un renforcement du recrutement des maitres de stage universitaires (MSU), actuellement en nombre insuffisant. Il a également rappelé que cette réforme, si elle était adoptée par le Parlement, ne serait pas mise en œuvre avant 2027 : « Cela nous laisse le temps de la concertation avec les organisations étudiantes mais aussi avec le collège de médecine générale. Nous attendons par ailleurs les résultats de la mission dévolue à l'étude de l'instauration de cette quatrième année. »
R1C
Cette conférence de presse des doyens fut aussi l'occasion de faire le point sur les réformes en cours, notamment la R1C et la R2C. « Au sujet de la réforme du premier cycle des études médicales, nous devons clarifier notre communication. C'est une réforme difficile à comprendre, et les étudiants n'ont par exemple pas tous compris que l'examen comportait aussi un oral.
Nombreux sont ceux également qui ne comprennent pas les deux voies d'accès aux études de médecine, soit ou bien le Pass (Parcours d'Accès Spécifique Santé) ou la Las (Licence Accès Santé).
Désormais la majorité des universités proposent pass et Las, mais 7 d'entre elles ne proposent que la Las avec une majeure santé. Deuxième chose : il faut que nous homogénéisions les pratiques des différentes universités. Pour certaines d'entre elles, le poids de l'oral est trop important, et son contenu est apparu hors sujet dans certaines universités.
Au-delà des questions ayant trait aux examens, le Pr Didier Samuel a aussi appelé de ses vœux une « évaluation en temps réel de la réforme. Quels sont les profils en deuxième année de médecine ? Combien d'étudiants provenant de Las sans passer par la Pass ? Nous avons aussi noté que certains étudiants qui viennent de Las non scientifique peuvent être en difficulté lors de la 2e année de médecine, il faut travailler à la modification des programmes. Il faut aussi faire un bilan des étudiants admis ou non dans les études médicales. »
R2C
Le Pr Benoit Veber, Vice-Président de la conférence des doyens, s'est pour sa part attaché à faire un état des lieux de la réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C) :
« Nous voulons que les étudiants en deuxième cycle disposent de compétences de base. Il y a 4 axes de transformation du 2e cycle : réduction des connaissances qui basculent dans le troisième cycle, formation aux compétences de base, valorisation du parcours étudiant, nouveau programme avec ajout de nouvelles thématiques comme les violences sexuelles ou la télémédecine. L'étudiant devra avoir acquis des items de rang A, indispensables, et des items de rang B, pour choisir sa spécialisation. Il faudra à l'étudiant une note de 14/20 pour les items de rang A et les items de rang B lui permettront de se classer dans les 13 spécialisations. Ces évaluations sont effectuées sous la forme d'EDN (épreuves dématérialisées nationales) sur tablettes en fin de sixième année. La formation aux compétences se déroulera durant les 36 mois de stage et sera évaluée sous la forme d'ECOS (évaluation des compétences cliniques structurées) : ce sont des mises en situation de l'étudiant, comme par exemple l'annonce d'un diagnostic. On va examiner si la compétence est bien assimilée. Il sera formé aux compétences en 4e 5e et 6e année, avant de passer l'Ecos en mai-juin de la 6e année. Pour résumer, le processus d'affectation comprend donc les note au rang A et B, l'examen de compétence, et la note de parcours. Cela aboutira à un classement multiple. La réforme sera effective en 2024. »
Recherche biomédicale
Autre sujet préoccupant pour la conférence des doyens : l'état de la recherche biomédicale.
« Il faut relancer la recherche médicale au sein de nos facultés, elle s'est dégradée ces dernières années car elle est sous financée. Qui plus est, l'organisation des hôpitaux fait que le soin et le management ont tendance à phagocyter le temps de recherche universitaire dans l'emploi du temps des hospitalo-universitaires, nous l'avons amplement constaté pendant le Covid. Il faut une aide à la recherche clinique dans les hôpitaux, il faut inclure les patients dans les essais cliniques, reconnecter de façon transversale les cliniciens et les chercheurs pour dégager du temps de recherche. Il est urgent de s'en occuper pour éviter une dégradation de la recherche », a plaidé pour sa part le Pr Didier Samuel.
Il a également rappelé que l'inauguration prochaine de l'agence Innovation santé, les investissements d'avenir et la labellisation de nouveaux instituts hospitalo-universitaires (IHU) devraient participer à la relance de la recherche biomédicale.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Les doyens partisans de la quatrième année de MG - Medscape - 1er nov 2022.
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