Masques et déguisements sont des incontournables d’Halloween. Rajouter à cela des blouses blanches, des scalpels et soupoudrer le tout d’un complexe de supériorité, et vous aurez une combinaison parfaite d’effroi, voire de terreur. Medscape a sélectionné des docteurs maléfiques parmi les plus renommés du cinéma classique… des médecins qui préfèrent hanter plutôt que guérir.
George Harris (Richard Widmark, “Morts suspectes” 1978)

Selon le Dr George Harris (interprété par Richard Widmark), chef du service de chirurgie du Boston Memorial, « la médecine possède désormais une grande puissance dans la société ». Parce que le public fait confiance aux médecins, ce praticien se sent légitime pour « prendre des décisions difficiles » et notamment choisir de jeunes patients en bonne santé, les plonger dans un coma irréversible et prélever leurs organes. Harris devient le mentor rassurant de la Dre Susan Wheeler (Geneviève Bujold), une jeune arriviste qui découvre rapidement le complot ourdi par son maître... jusqu’à ce qu’il la drogue afin d’en faire sa prochaine donneuse involontaire... Le film « Mortes suspectes (Coma) », basé sur le best-seller de Robin Cook, a été réalisé par Michael Crichton, qui a quitté la faculté de médecine de Harvard pour faire carrière dans l’écriture de romans de science-fiction et la réalisation de films, dont « Le Mystère Andromède » (sur la propagation d’un virus extra-terrestre) ou « Jurassic Park ».
Christian Szell (Laurence Olivier, "Marathon Man" 1976)

De prime abord inoffensif, le Dr Christian Szell (Laurence Olivier) est en fait une personnalité sadique qui cumule un secret, une cachette et des talents de coupeur de gorge. Dentiste connu pour ses crimes de guerre sous le nom d'« Ange blanc d'Auschwitz », il ne recule devant rien pour protéger les diamants qu'il a volés à ses victimes dans les camps. Dans l'une des scènes de torture les plus tristement célèbres d'Hollywood, Szell tente de soutirer, avec ses instruments de dentiste, des informations à Babe Levy (Dustin Hoffman), un innocent étudiant.
Orin Scrivello (Steve Martin, “La petite boutique des horreurs” 1986)

Pour rester dans le domaine des dentistes « dérangés », le Dr Orin Scrivello (Steve Martin) chante et danse pour s'immiscer dans vos cauchemars à grand renfort de protoxyde d’azote. La mère d'Orin, bien trop encourageante, lui suggère de transformer ses tendances sadiques en une carrière « où les gens paieront pour être inhumain ». Et le fiston suit son conseil. Les spectateurs ont droit aux effets sonores d'une dent arrachée pendant un numéro musical à la Elvis, tourné en partie dans la bouche d'un patient. Martin rend cette scène, qui peut sembler effrayante, bien plus amusante qu’un traitement de carie.
Henry Frankenstein (Colin Clive, "Frankenstein" 1931)

Henry Frankenstein (Colin Clive) est à la recherche de cadavres récemment décédés afin de les soumettre à des expériences. Bien sûr, il a dû quitter la faculté de médecine pour se prêter à son passe-temps en solo. Alors que sa fiancée lui rend visite, en plein orage, il ramène un cadavre à la vie. Elle le prend initialement pour un fou, ce qu’il dément avec véhémence. Son mentor, le Dr Waldman, l'avertit que l'ancien propriétaire du cerveau volé, dans le cadavre "réssuscité", était un criminel notoire. Quand le Dr Frankenstein s'exclame : « Il est vivant, il est vivant ! », il est loin de se douter qu'il a créé un visage (celui de Boris Karloff dans le film) qui deviendra mondialement célèbre par la suite. Chaque année, des milliers de personnes se déguisent en créature de Frankenstein, l’un des masques emblématiques d'Halloween.
Dr Gogol (Peter Lorre, “Les mains d’Orlac” 1935)

Quelques années après avoir joué le rôle du Dr Frankenstein, Colin Clive, dans le rôle d’un pianiste de concert dont les mains ont été mutilées dans un accident de train, devient lui-même le patient d'un médecin fou. Mauvais karma. Son épouse en effet sollicite le Dr Gogol (Peter Lorre), qui promet de rattacher chirurgicalement les mains du musicien. Mais Gogol devient tellement obsédé par l'épouse ― une star de spectacles gores ― qu'il crée un personnage de cire à son effigie et imagine un projet diabolique qui lui permettrait de se rapprocher d’elle : il veut greffer les mains d'un meurtrier à Clive pour ensuite le livrer à la police en l’accusant d'avoir commis un meurtre avec ces « mains de tueur ». Gogol fait sienne cette complainte maladive : « J'ai conquis la science. Pourquoi ne puis-je pas conquérir l'amour ? »
Hannibal Lecter (Anthony Hopkins, “Le silence des agneaux” 1991)

Le FBI, à la recherche d'un tueur en série, envoie une stagiaire, Clarice Starling (Jodie Foster), chercher des informations sur le meurtrier auprès du Dr Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), un brillant psychiatre ayant un penchant pour le meurtre ― et un goût pour la chair de ses victimes. Lecter se révèle être une menace dès leur première rencontre ; les barreaux et les vitres qui entourent sa cellule ne protègent pas Clarice de son regard et de sa capacité à lire dans ses pensées. À sa manière, Lecter, qui est à la fois urbain et pathologiquement charmant, se prend d'affection pour Clarice. Il l'aide à résoudre l'affaire tout en se lançant dans une nouvelle série de meurtres contre les hommes qui ont récemment fait du tort à sa nouvelle protégée. Lorsqu'il s'échappe, il n'a pas prévu de dîner avec Clarice, mais les autres n'auront pas cette chance.
Henry Jekyll (Fredric March, "Dr Jekyll et Mr Hyde" 1931)

Le Dr Henry Jekyll (Fredric March) est doté d’une personnalité multiple. Le jour, il est un gentil médecin du Londres victorien... Mais il est tellement déterminé à séparer les mauvaises personnes des bonnes, qu'il conçoit une potion lui permettant de passer d’une personnalités à l’autre. Alors qu'il se transforme en Mr. Hyde ― un être poilu à la tête oblongue qui aurait bien besoin d'un orthodontiste ― il s'exclame : « Libre ! Enfin libre ! »… Libre de s'adonner à la débauche, la violence, la haine de soi, à des tentatives de viol et, finalement, au meurtre ― autant de thèmes abordés dans ce film novateur, la première version parlante du livre de Robert Louis Stevenson.
Dr Moreau (Charles Laughton, "L’ile du Dr Moreau” 1932)

« Quels étranges indigènes vous avez là », s’étonne Edward Parker (Richard Arlen), victime d'un naufrage, en s’adressant à son hôte, le Dr Moreau (Charles Laughton), vêtu de blanc et armé d'un fouet. Très vite, nous apprenons que les talents de vétérinaire maléfique de Moreau ont permis de créer sur l'île, une population d'hybrides humains/bêtes qui sont contraints de suivre ses lois, notamment celle qui leur interdit de manger de la viande ou de marcher à quatre pattes. Les contrevenants sont conduits à la Maison de la douleur, un établissement médical qui, comme son nom l'indique, n’est pas spécialisé dans l'analgésie. Burt Lancaster et Marlon Brando ont repris le rôle de Moreau dans des versions ultérieures, mais Laughton est resté le plus effrayant lorsqu'il demande : « Savez-vous ce que cela signifie de se sentir comme Dieu ? » Le film a été interdit pendant des années en Grande-Bretagne, et H.G. Wells n’a pas apprécié outre mesure cette adaptation de son récit anti-vivisection.
Charles Nichols (Jeroen Krabbé, “Le fugitif” 1993)

Le Dr Richard Kimble, chirurgien vasculaire de Chicago, rentre chez lui pour découvrir qu'un homme (dont la particularité est d’être manchot) vient d'assassiner brutalement la femme qu’il aime. Le tueur s'échappe de l’appartement et Kimble tombe dans un piège tendu par le meurtrier. Reconnu coupable de féminicide, il est envoyé en prison dont il s'échappe, dans une scène d'évasion épique qui lui coûte aussi son bras droit. Il passe le reste du film à tenter de retrouver le meurtrier, tout en étant poursuivi par un policier tenace interprété avec enthousiasme par Tommy Lee Jones. Kimble finit par découvrir que son collègue, le Dr Charles Nichols (Jeroen Krabbé), n'est pas vraiment le meilleur ami qu'un homme puisse avoir ― ni le plus éthique des investigateurs cliniques.
Elliot and Beverly Mantle (Jeremy Irons, “Faux semblants” 1988)

« Il faut que tu sortes avec la star de cinéma », implore le Dr Elliot Mantle (Jeremy Irons), spécialiste de la fertilité, à son frère jumeau Beverly (Jeremy Irons également), en parlant de Claire, une patiente actrice (Geneviève Bujold) comme s'il s'agissait d'un simple plat au restaurant. Beverly partage un cabinet avec Elliot, mais aussi des traits de caractère (une gémellité) et une dépendance à la drogue facilement satisfaite du fait de leur statut social. Beverly ignore qu'Elliot séduit des patientes avant de les recaser auprès de lui, comme c’est le cas avec l'actrice. Lorsque Claire consulte Beverly, celui-ci tombe amoureux d'elle et refuse de la « partager », ce qui perturbe l'équilibre de leur « couple de frères ». C'est le début d'une descente vers la folie agrémentée de quelques traumatismes liés à des instruments chirurgicaux bizarres et insalubres.
Dean Armitage (Bradley Whitford, "Get Out," 2017)

Le Dr Dean Armitage (Bradley Whitford) est un neurochirurgien, grand admirateur du président Obama, pour qui il aurait voté une troisième fois s'il avait pu. C'est du moins l'image qu'il donne de lui-même à Chris (Daniel Kaluuya), un photographe afro-américain et nouveau petit-ami de sa fille Rose. Chez les Armitage, travaillent de nombreuses personnes de couleur, mais Chris les trouve bien étranges et distants ce qui ne va pas en s'arrangeant lorsque les parents de Rose organisent une grande réception avec tous leurs proches. Le personnel est exclusivement composé de victimes du Dr Armitage qui ne sont pas seulement hypnotisées, mais "transplantées". Elles servent d'hôtes pour d'autres personnalités, tout en ayant encore conscience de ce parasitage et en assistant à une vie qui n'est plus la leur, sans pouvoir rien y faire.
Dr Génessier (Pierre Brasseur, ‘’Les yeux sans visage’’ 1960)

Le film « Les yeux sans visages » narre les tentatives désespérées d'un chirurgien, le Dr Génessier (Pierre Brasseur), pour réparer le visage de sa fille, défigurée lors d'un accident de la circulation. Tentant, par tous les moyens, de lui reconstituer un vrai visage, il n'hésite pas à enlever, opérer, puis tuer d'innocentes jeunes filles ressemblant à sa fille. Aidé dans cette entreprise par son assistante (Juliette Mayniel), femme totalement dévouée, le chirurgien criminel poursuit cette quête monstrueuse jusqu'à ce que sa fille, dégoûtée par ses excès, mette définitivement fin à ses pratiques.
Marcel Petiot (Michel Serrault, ‘’Docteur Petiot’ 1990)

Le Dr Marcel Petiot fut l'un des pires tueurs en série de la période de l'occupation. Christian de Chalonge en a tiré un film dans lequel de sordide médecin est interprété par Michel Serrault. Entre 1941 et 1944, Petiot aurait attiré dans son hôtel particulier du 21, rue Le Sueur, à Paris, des dizaines de personnes qu'il aurait ensuite assassinées, puis brûlées. Lors de son procès, il aurait revendiqué 63 meurtres, qu'il prétendit être des allemands et des collaborateurs. En réalité, ses victimes étaient essentiellement des juifs tentant de fuir les persécutions nazies et à qui il promettait de leur faire quitter la France. Il fut condamné à mort pour le meurtre de 27 personnes et exécuté en 1946.
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Citer cet article: De Frankenstein à Hannibal Lecter : les médecins les plus effrayants du cinéma - Medscape - 31 oct 2022.
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