Adélaïde, Australie – La carence en vitamine D augmente le risque de mortalité et une augmentation, même légère, des niveaux de vitamine D pourrait réduire ce risque, ont découvert des chercheurs en se fondant sur les données de la UK Biobank.
Ils ont utilisé une approche de randomisation mendélienne, qui utilise les variants génétiques comme "marqueurs de remplacement" pour les facteurs externes affectant les niveaux de vitamine D, tels que l'exposition au soleil ou l'apport alimentaire. Cette méthode permet d'analyser la relation entre la carence et les résultats, notamment la mortalité, ce qui ne peut être fait dans le cadre d'essais cliniques randomisés pour des raisons éthiques.
En utilisant cette méthode, le nutritionniste Joshua P. Sutherland, PhD, du Centre australien pour la santé de précision, à Adélaïde, et ses collègues ont trouvé une association entre les niveaux de vitamine D [25-(OH)D] prédits génétiquement et la mortalité due à plusieurs causes majeures, avec des preuves de causalité chez les personnes dont les concentrations mesurées étaient inférieures à 50 nmol/L. Les résultats ont été publiés en ligne le 24 octobre dans Annals of Internal Medicine .
« Contrairement à d'autres types d'études observationnelles, nous avons surmonté certains obstacles méthodologiques. Ce qui est spécial dans cette nouvelle étude, c'est que nous avons pu investiguer des personnes ayant de très faibles concentrations de vitamine D et voir ce qui se passerait si leurs concentrations étaient un peu plus élevées. La plupart des essais contrôlés randomisés ne mettent pas en évidence de gros effets de la vitamine D parce que la plupart des gens ont des concentrations suffisantes. Et d'un point de vue éthique, on ne peut pas faire un essai sur des personnes ayant de très faibles concentrations sans les traiter », a déclaré l'auteur principal, Elina Hyppӧnen, PhD, à Medscape Medical News.
Ici, les données sont en accord le seuil de 50 nmol/L approuvé par l'Académie nationale de médecine des États-Unis et s'alignent sur des données antérieures suggérant que le bénéfice de la supplémentation en vitamine D est largement observé chez les personnes présentant une carence.
« Il est recommandé à toute personne dont le taux de vitamine D est inférieur à 50 nmol/L d'augmenter son taux. Nos résultats suggèrent qu'il n'est pas nécessaire d'aller très haut. Le message positif est que si nous sommes capables d'augmenter les taux pour atteindre les recommandations américaines actuelles, c'est très bien. Il n'est pas nécessaire d'utiliser des doses importantes en termes de supplémentation », a expliqué Elina Hyppӧnen.
Selon elle, « une supplémentation sera clairement utile, en particulier pendant l'hiver ou si une personne ne reçoit pas suffisamment de vitamine D du soleil ou dans des endroits où les aliments ne sont pas enrichis en vitamine D. »
Néanmoins les données ne soutiennent pas l'approche consistant à utiliser de fortes doses de façon intermittente, a-t-elle ajouté.
« Parfois, les médecins veulent remédier rapidement à la carence avec une dose importante en 'bolus', puis continuer avec une dose d'entretien. De plus en plus de données suggèrent que cette approche n'est pas bénéfique et qu'elle pourrait perturber le métabolisme de l'organisme et l'empêcher d'obtenir la quantité dont il a besoin. Cette méthode est sûre dans l'ensemble, mais elle pourrait ne pas apporter le bénéfice souhaité ».
Au contraire, a déclaré Elina Hyppӧnen, « mon sentiment est que la supplémentation quotidienne en vitamine D à dose modérée, lorsqu'elle est nécessaire, est la meilleure voie à suivre. »
L'approche génétique révèle une relation de cause à effet
Les chercheurs ont analysé les données de 307 601 individus de la UK Biobank, une cohorte prospective de personnes recrutées en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles entre mars 2006 et juillet 2010. La plupart d'entre eux étaient d'ascendance européenne blanche et étaient âgés de 37 à 73 ans au départ.
Les niveaux de vitamine D génétiquement prédits ont été estimés à l'aide de 35 variants 25-(OH)D confirmés. Les participants ont été suivis pour les résultats jusqu'en juin 2020.
La concentration moyenne de 25-(OH)D mesurée au départ était de 45,2 nmol/L, et 11,7 % (n=36 009) des participants présentaient des niveaux compris entre 10,0 et 24,9 nmol/L. Des niveaux plus élevés ont été observés chez les personnes vivant dans les régions méridionales et les non-fumeurs, ainsi que chez celles ayant un niveau d'activité physique plus élevé, moins de privations socio-économiques et un indice de masse corporelle plus faible.
Au cours du suivi, 6,1 % des participants sont décédés (n=18 700). Après ajustement des variables, les rapports de cotes pour toutes les causes de mortalité étaient les plus élevés chez les personnes dont les taux de 25-(OH)D étaient inférieurs à 25 nmol/L et semblaient se stabiliser entre 50 et 75 nmol/L, sans autre réduction de la mortalité pour des valeurs de 75 à 125 nmol/L.
Mortalité 36% plus élevée chez les personnes déficientes en vitamine D
Le risque de mortalité était significativement plus élevé de 36 % chez les participants dont la teneur en 25-(OH)D était de 25 nmol/L par rapport à 50 nmol/L.
Avec la randomisation mendélienne, il y avait une association en forme de L entre le niveau de 25-(OH)D prédit génétiquement et la mortalité toutes causes confondues (P pour la non-linéarité < 0,001) et pour la mortalité due au cancer et aux maladies cardiovasculaires (P pour la non-linéarité ≤ 0,033).
Encore une fois, l'association la plus forte entre ces résultats et le taux de 25-(OH)D prédit génétiquement a été trouvée à des niveaux inférieurs à 25 nmol/L et un plateau observé à 50 nmol/L.
Par rapport à une concentration mesurée de 25-(OH)D de 50 nmol/L, les investigateurs ont estimé que les chances de mortalité toutes causes confondues prédites génétiquement seraient multipliées par 6 (odds ratio [OR], 6,00) pour les participants à 10 nmol/L et par 25 % (OR, 1,25) pour ceux à 25 nmol/L.
Et par rapport à une concentration mesurée de 25-(OH)D de 50 nmol/L, ceux qui avaient 10 nmol/L présentaient des odds ratios génétiquement prédits de 5,98 pour la mortalité cardiovasculaire, de 3,37 pour la mortalité par cancer et de 12,44 pour la mortalité respiratoire.
En comparant les concentrations mesurées de 25-(OH)D de 25 nmol/L à celles de 50 nmol/L, les rapports de cotes pour ces résultats étaient de 1,25, 1,16 et 1,96 (IC à 95 %, 1,88 - 4,67), respectivement. Tous étaient statistiquement significatifs.
Des résultats en faveur d'un effet causal de la 25-(OH)D prédite génétiquement sur la mortalité toutes causes confondues chez les personnes présentant de faibles concentrations de vitamine D mesurées ont également été trouvés dans une analyse de sensibilité portant sur 20 837 personnes d'origine ethnique non blanche.
L'étude a été financée par le Conseil national australien de la santé et de la recherche médicale. La bourse d'étude de Sutherland est financée par une bourse du programme australien de formation à la recherche.
L’article a été publié initialement sur Medscape.fr sous l’intitulé Vitamin D Deficiency Linked to Death, New Study Finds . Traduit par Stéphanie Lavaud.
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Crédit image de Une : Getty
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Citer cet article: Selon une nouvelle étude, une carence en vitamine D est liée à une augmentation de la mortalité - Medscape - 28 oct 2022.
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