Présentation et examens
Une femme de 46 ans consulte en raison d'une fatigue et d'un essoufflement croissants depuis trois mois. Elle a des antécédents de fibromes utérins avec des saignements menstruels abondants.
L'examen physique indique une pâleur du visage et du bord de la conjonctive, des sclères bleues (figure 1A) et des koïlonychies.
Les tests de laboratoire montrent un taux d'hémoglobine de 4,0 g/dl (intervalle de référence 12-16), un taux d'hématocrite de 16,7 % (37-47), un volume corpusculaire moyen de 54,8 fL (80-98), un taux de ferritine sérique de 0,8 ng/ml (24-307) et une saturation de la transferrine de 2,8 % (20-50 %).
Diagnostic et traitement
Le diagnostic d'anémie ferriprive est établi et la patiente reçoit une transfusion sanguine et des suppléments de fer. En raison de ses fibromes utérins, elle est traitée par voie orale avec des antagonistes de l'hormone de libération des gonadotrophines.
Trois mois plus tard, ses symptômes et ses signes physiques, y compris ses sclères bleues (figure 1B), avaient disparu ; les taux d'hémoglobine et de ferritine étaient redevenus normaux.
Discussion
Selon Yasuhiro Kano (Département de médecine interne générale, Centre médical métropolitain Tama, Tokyo, Japon) qui rapporte ce cas dans le Cleveland Clinic Journal of Medicine [1], les sclères bleues sont une occurence fréquente en cas de carence en fer, mais elles sont souvent ignorées. En 1908, Sir William Osler aurait décrit pour la première fois une coloration bleue des sclères comme symptôme d'anémie chez les jeunes filles.[2] Près de 80 ans plus tard, des médecins britanniques ont ensuite rapporté dans The Lancet que les sclères bleues sont plus fréquentes chez les patients souffrant d'anémie ferriprive (87 %) que chez les patients souffrant d'autres types d'anémie (7 %).[3] Chez les patients adultes, les sclères bleues ont été signalées comme ayant une sensibilité de 87 % à 89 % et une spécificité de 64 % à 94 % pour l'anémie ferriprive et la carence en fer.
Les sclères bleues sont également présentes dans d'autres maladies, comme la polyarthrite rhumatoïde, la myasthénie grave et les traitements stéroïdiens à long terme. Elles sont particulièrement fréquentes dans les maladies génétiques, notamment l'ostéogenèse imparfaite.
Une cause connue est également un traitement de longue durée à la minocycline. Il y a tout juste un an, des dermatologues américains sous la direction du Pr Misha Rosenbach (Université de Pennsylvanie, Philadelphie) ont renseigné un tel cas de figure dans la revue JAMA . [4] L'hyperpigmentation induite par la minocycline peut se manifester par une pigmentation bleutée de la peau, des sclères, des ongles, des dents et de la muqueuse buccale. L'incidence rapportée varie entre 2 % et 15 % chez les patients traités pour acné et entre 41 % et 54 % chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Le mécanisme de l'hyperpigmentation n'est pas clair ; des examens histopathologiques indiquent, selon Rosenbach et ses collègues, que la minocycline et/ou ses métabolites forment probablement des complexes insolubles avec le fer, qui se déposent dans les tissus.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix
Suivez Medscape en français sur Twitter , Facebook et Linkedin .
Source : Dreamstime
Medscape © 2022 WebMD, LLC
Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.
Citer cet article: Étude de cas : fatigue et sclères bleues - Medscape - 15 nov 2022.
Commenter