Paris, France – En s’appuyant sur un score évaluant les habitudes de sommeil, une équipe de chercheurs français montre que la grande majorité des adultes âgés de 50 à 75 ans ne dorment pas correctement. Présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC 2022), les résultats préliminaires de leur étude suggèrent que 72 % des cas de maladie cardiovasculaires pourraient être évités si la qualité du sommeil était optimale [1].
Analyser l’effet conjoint de cinq habitudes de sommeil
« Notre étude illustre le potentiel d’un bon sommeil dans la préservation de la santé cardiaque et suggère qu’une amélioration du sommeil est associée à risque plus faible de maladie coronarienne et d’AVC », a commenté l’auteur principal de l’étude, le Dr Aboubakari Nambiema, épidémiologiste au Centre de recherche cardio-vasculaire de Paris (PARCC, Inserm U970, Paris, France). Il précise que ces travaux soulignent une corrélation, sans toutefois établir de relation de cause à effet.
« La majorité des études précédentes ayant montré un lien entre les habitudes de sommeil et le risque cardiovasculaire se sont focalisées sur un ou deux facteurs, comme la durée du sommeil ou l’insomnie. L’originalité de notre étude est d’analyser l’effet conjoint de cinq habitudes de sommeil sous la forme d’un score de sommeil et d’évaluer les répercussions d'un changement d’habitudes au cours du temps », a souligné le chercheur auprès de Mediquality. L’analyse porte sur la durée du sommeil, l’insomnie, la somnolence, l’apnée du sommeil et le chronotype (être du matin ou du soir).
L’étude a inclus 7 200 participants âgés de 50 à 75 ans (âge moyen de 60 ans, 40 % de femmes). Lorsqu’ils ont été recrutés entre 2008 et 2011, ils ne présentaient pas de maladie cardiovasculaire. Lors de l’inclusion, les volontaires ont passé un examen physique et ont été invités à remplir des questionnaires sur leur mode de vie, leurs antécédents médicaux et les habitudes de sommeil. Pour chaque critère évaluant la qualité du sommeil, les chercheurs ont attribué 1 point lorsqu’elle était jugée bonne (ne pas s’assoupir de manière excessive pendant la journée, être du matin, avoir jamais ou peu d’insomnie, ne pas souffrir d’apnée du sommeil, dormir entre 7 et 8 heures par nuit) et 0 point dans le cas contraire. Avec un score totalisant 5 points, la qualité du sommeil est optimale et faible entre 0 et 1.
À l’inclusion, seuls 10 % des participants ont déclaré un très bon sommeil (score de 5 points) et 8 % avaient à l’inverse un sommeil de mauvais qualité (score de 0 à 1). Après un suivi d’une durée de huit ans, 274 participants ont développé un AVC ou une maladie coronarienne. L’analyse, qui a été ajustée en fonction de plusieurs facteurs de risque (âge, sexe, consommation d'alcool et de tabac, activité physique, taux de cholestérol, hypertension, obésité…), montre qu’un score avec un point de plus est associé à un risque cardiovasculaire réduit de 22 %. Chez les participants avec un score de sommeil optimal de 5 points, le risque d’AVC et de maladie coronarienne est réduit de 75 %, comparativement à ceux avec un score entre 0 et 1.
Au cours de l’étude, un quart des volontaires ont rapporté un meilleur sommeil, qui s’est traduit par une hausse de leur score, tandis qu’une proportion similaire ont déclaré l’inverse. Les chercheurs montrent qu’une hausse du score de 1 point comparativement au score initial est associée à une diminution du risque cardiovasculaire de 9 %. « L’importance de la qualité et de la quantité de sommeil pour la santé cardiaque devrait être indiqué tôt dans la vie, lorsque les comportements ne sont pas encore établis. Réduire l’exposition à la lumière avant de dormir, le bruit pendant la nuit et le niveau de stress au travail peut aider à améliorer le sommeil », a souligné le Dr Nambiema.
Selon les chercheurs, « si tous les participants avaient un score de sommeil optimal, 72 % des nouveaux cas de maladie coronarienne et d’AVC pourraient être évités ». L’étude présente plusieurs limites, dont celle d’être basée sur l’utilisation d’auto-questionnaires pour recueillir les données sur le sommeil. « Cependant, dans ce genre d’étude, il s’agit d’un biais classique, qui conduit à sous-évaluer l’effet des facteurs. On peut donc s’attendre à un impact encore plus important du sommeil sur la santé cardiovasculaire », a commenté l’épidémiologiste auprès de Mediquality.
Cet article a été publié initialement sur le site de MediQuality.
Suivez Medscape en français sur Twitter.
Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie sur Twitter.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix
Crédit image de Une : dreamstime
Actualités Medscape © 2022
Citer cet article: Un meilleur sommeil associé à une baisse du risque cardiovasculaire - Medscape - 17 oct 2022.
Commenter