Santé périnatale : de grandes inégalités entre métropole et régions d'outre-mer

Serge Cannasse

Auteurs et déclarations

7 octobre 2022

Saint-Maurice, France —Santé publique France publie le premier rapport complet sur l’état de la périnatalité en France entre 2010 et 2019, soit avant la pandémie de COVID-19 (un travail sur l’impact de celle-ci est en cours). Deux constats majeurs en ressortent : « la situation préoccupante de la santé périnatale de façon globale en France » et de profondes inégalités territoriales, avec notamment des indicateurs globalement moins bons dans les départements et régions d’Outre-Mer (DROM). [1,2]

Données sociodémographiques

  • L’âge maternel moyen à l’accouchement continue d’augmenter : 30,2 ans en 2019.

  • Le nombre annuel de naissances diminue : 810 000 en 2010 vs 733 000 en 2019, avec un taux de natalité passé de 135 à 125 pour 1 000 habitants entre 2010 et 2019. Cette baisse de taux s’explique à la fois par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer et par le déplacement du pic de naissances vers les femmes de 35-40 ans, moins fécondes.

Facteurs de risque et surveillance de la grossesse

  • La proportion de femmes ayant accouché avec un IMC normal avant grossesse a diminué, passant de 68,0 % en 2003 à 60,8 % en 2016. 

  • La proportion de grossesses pour lesquelles la mesure de la clarté nucale a été effectuée a été globalement stable entre 2010 et 2017. Elle est plus élevée en France métropolitaine, variant de 95,5 % à 93,9 % entre ces deux dates, mais elle est bien plus faible dans les DROM, variant de 85,4 % à 86,2 % au cours de cette période. En Guyane, une baisse a même été observée, de 81,6 % en 2011 à 69,7 % en 2017.

Pathologies obstétricales

  • Les désordres hypertensifs sont une cause de morbi-mortalité maternelle et fœtale pour près de 7 % des grossesses en France. Leur prévalence est très hétérogène sur le territoire avec une fréquence particulièrement élevée dans les DROM. 

  • Le taux de diabète gestationnel entre 2010 et 2019 a plus que doublé dans toutes les régions de France métropolitaine (de 6,7 % à 13,6 % des accouchements) et d’outre-mer (de 6,1 % à 13,0 %), avec des taux très contrastés selon les départements.

  • Le taux d’hémorragies du post-partum était de 5,4 % des accouchements en 2019 vs 4,2 % en 2010. Dans les DROM hors Mayotte, le taux était moins élevé : 4,5 % en 2019 vs 3,7 % en 2010. 

  • Le taux de naissances par césarienne est resté stable : 20,5 % en 2010 vs 20,2 % en 2019. Mais il recouvre de grandes variations entre les établissements avec un taux minimum de 8,2 % et un taux maximum de 46,2 % en 2019. 

  • En 2019, le taux de prématurité sur l’ensemble des naissances vivantes et mort-nées était de 7,0 % vs 6,3 % pour les naissances vivantes (NV) et 5,5 % sur les NV uniques, représentant un peu moins de 60 000 enfants par an, dont la part la plus importante était représentée par la prématurité modérée et tardive (80 %). 

Post-partum

  • La proportion de nouveau-nés allaités au sein quittant la maternité est passée de 80,1 % en 2014 à 83,4 % en 2019. Aucune source n’est disponible pour évaluer la durée de cet allaitement. 

  • Entre les triennats 2007-2009 et 2013-2015, le ratio de mortalité maternelle jusqu’à 42 jours post-partum en France a diminué globalement de 9,5 à 8,1 pour 100 000 NV. Dans les DROM, les ratios sont au moins trois fois supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

  • Entre 2012 et 2019, les taux de mortalité périnatale pour la France ont peu varié : entre 10,6 et 10,7 pour 1 000 naissances. En métropole, les taux étaient inférieurs à la moyenne nationale : 9,4 pour 1 000 naissances en 2012 et 9,2 pour 1 000 naissances en 2019. Les taux étaient bien plus élevés dans les DROM : 19,8 pour 1 000 naissances en 2012 et 21,0 pour 1 000 naissances en 2019. 

  • Entre 2010 et 2019, les taux de mortalité néonatale ont varié entre 1,6 pour 1 000 NV et 2,0 pour 1 000 NV pour la France entière. En métropole, les taux sont semblables à la moyenne nationale : entre 1,6 pour 1 000 NV et 1,8 pour 1 000 NV en 2010 et 2019 respectivement. Dans les DROM, la mortalité néonatale est plus élevée et a varié entre 3,3 pour 1 000 NV en 2010 et 4,1 pour 1 000 NV en 2019. 

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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