Le sémaglutide réduirait de moitié le risque de diabète de type 2 lié à l'obésité

Mitchel L. Zoler, PhD

Auteurs et déclarations

3 octobre 2022

Stockholm, Suède __ L'agoniste du GLP-1 sémaglutide (Wegovy®) réduit fortement le risque estimé de diabète de type 2 sur 10 ans chez les personnes obèses, selon l'analyse post-hoc des deux essais STEP 1 et STEP 4.

Ces résultats, présentés lors du congrès européen de diabétologie (European Association for the Study of Diabetes - EASD)[1], suggèrent que le sémaglutide, salué lors de l’obtention de son AMM en 2021 comme un « tournant » pour le traitement de l'obésité,

«  pourrait aider à prévenir le diabète de type 2 chez les personnes en surpoids ou obèses », a déclaré le Dr W. Timothy Garvey, professeur et directeur du centre de recherche sur le diabète de l'université d'Alabama à Birmingham, lors de sa présentation.

Invité à commenter ces données, le Dr Rodolfo J. Galindo (endocrinologue à l'Université Emory d'Atlanta, Etats-Unis) a indiqué : « Nous consacrons beaucoup d'efforts au traitement des personnes atteintes de diabète, mais très peu à la prévention du diabète. Nous espérons que de nouvelles découvertes scientifiques montrant les avantages de la perte de poids, comme illustré par le Dr Garvey [et ses collègues] pour la prévention du diabète, auront un impact sur la pandémie de maladies chroniques liées à l'adiposité ».

La découverte d'un lien entre le traitement par le sémaglutide et la réduction du risque de développer un diabète de type 2 est importante car elle montre qu’il n’a pas seulement une action sur l'indice de masse corporelle (IMC) pour traiter les personnes obèses, mais qu'il est aussi un moyen de réduire potentiellement les complications de l'obésité telles que l'apparition du diabète, a expliqué Timothy Garvey, qui rappelle que les recommandations récentes sur la prise en charge de l'obésité insistent sur les interventions visant à éviter les complications.

 
« Notre analyse montre que le traitement par sémaglutide prévient le diabète par plusieurs mécanismes. Il ne s'agit pas seulement d'une baisse de la glycémie. » Dr Garvey
 

Analyse combinée des données de STEP 1 et STEP

L'analyse menée par le Dr Garvey et coll. a utilisé les données de l'essai STEP 1, qui a comparé le sémaglutide 2,4 mg en sous-cutané une fois par semaine à un placebo pour la perte de poids chez plus de 1500 personnes souffrant principalement d'obésité (environ 6% étaient en surpoids). Il en ressort qu'après 68 semaines, le sémaglutide a réduit le risque estimé de développer un diabète de type 2 au cours des 10 années suivantes de 18% au départ à 7%, contre 16% chez les personnes ayant reçu le placebo.

Une deuxième analyse similaire, l'essai STEP 4 a traité environ 800 personnes principalement atteintes d’obésité avec 2,4 mg de sémaglutide pendant 20 semaines et les a ensuite randomisées pour recevoir un placebo ou poursuivre le traitement par sémaglutide .

Elle montre que le traitement par sémaglutide a réduit leur risque estimé de diabète de type 2 incident sur 10 ans de 20 % au départ à environ 11 % après 20 semaines. Le risque a bondi chez les participants à l'étude qui sont ensuite passés du sémaglutide au placebo. En revanche, parmi ceux qui ont été randomisés pour rester sous sémaglutide pendant un total de 68 semaines, le risque à 10 ans a encore baissé à 8%.

Dans les deux essais, le Dr Garvey et ses associés ont utilisé l'outil CMDS (cardiometabolic disease staging) qu'ils avaient précédemment développé, pour calculer le risque à 10 ans de développer un diabète de type 2 en fonction de trois facteurs non modifiables (âge, sexe et race) et de cinq facteurs modifiables (IMC, pression artérielle, glycémie, cholestérol à lipoprotéines de haute densité (HDL) et triglycérides).

« Il n'y a pas de meilleur outil que je connaisse pour prédire l'incidence du diabète », a commenté le Pr Michael A. Nauck (service de diabétologie, hôpital St Josef à Bochum, Allemagne).

Les nouvelles analyses ont également montré que, dans l'étude STEP 1, l'impact du sémaglutide sur la réduction du risque de développer un diabète de type 2 était à peu près le même, que les participants soient entrés dans l'étude avec un prédiabète ou qu'ils soient normoglycémiques.

L’impact majeur des modifications de la glycémie

Parmi les cinq composantes modifiables de l'outil CMDS, la baisse de la glycémie induite par le sémaglutide est le paramètre qui a le plus contribué à modifier le risque estimé de diabète, soit un peu moins de la moitié du changement estimé, a indiqué le Dr Garvey. Les quatre autres composantes modifiables ont eu chacune des effets à peu près similaires sur le risque estimé, la modification de l'IMC intervenant pour environ 15 % de l'effet observé.

« Notre analyse montre que le traitement par sémaglutide prévient le diabète par plusieurs mécanismes. Il ne s'agit pas seulement d'une baisse de la glycémie », a précisé le Dr Garvey.

Des limites à la portée de ces résultats

Pour le Pr Nauck, il n’est pas étonnant que le sémaglutide prévienne le diabète alors que l'un de ses effets est d'atténuer l'hyperglycémie, indicateur de l'apparition du diabète.

En effet, le sémaglutide a d'abord été autorisé comme traitement du diabète de type 2 (connu sous le nom d'Ozempic®, Novo Nordisk) à des doses légèrement inférieures à celles autorisées pour l'obésité. Il est également disponible en tant qu'agent oral pour traiter le diabète (Rybelsus).

Le Pr Nauck a également noté qu’au moins une étude précédemment rapportée (SCALE) avait déjà montré la relation entre le traitement par l'agoniste GLP-1, le liraglutide, comme agent anti-obésité (dose de 3,0 mg par jour, connu sous le nom de Saxenda®) et une incidence ultérieure réduite du diabète de type 2, mais en utilisant les résultats cliniques réels pendant 3 ans de suivi plutôt qu'une projection calculée de la probabilité du diabète.

L'essai SCALE Obesity and Prediabetes a randomisé 2 254 personnes atteintes de prédiabète et de surpoids ou d'obésité en vue d'un traitement hebdomadaire par 3,0 mg de liraglutide ou un placebo. Après 160 semaines de traitement, l'incidence cumulée du diabète de type 2 était de 2 % chez les personnes ayant reçu du liraglutide et de 6 % chez celles ayant reçu le placebo, avec une réduction significative du rapport de risque de 79 % de l'incidence du diabète sous traitement par le liraglutide.

Les essais STEP 1 et STEP 4 ont été sponsorisés par Novo Nordisk, la société qui commercialise le sémaglutide (Wegovy). Le Dr Garvey a déclaré avoir servi de conseiller sans rémunération à Novo Nordisk ainsi qu'à Boehringer Ingelheim, Eli Lilly, Jazz et Pfizer. Il est également un investigateur principal pour des essais cliniques multicentriques sponsorisés par l'Université d'Alabama à Birmingham et financés par Novo Nordisk, Eli Lilly, Epitomee et Pfizer. Le Dr Galindo a déclaré avoir été consultant ou conseiller pour Boehringer Ingelheim, Eli Lilly, Pfizer, Sanofi et Weight Watchers, et avoir reçu des fonds de recherche de Dexcom, Eli Lilly et Novo Nordisk. Nauck a déclaré être conseiller ou consultant pour Novo Nordisk ainsi que pour Boehringer Ingelheim, Eli Lilly, Menarini/Berlin Chemie, MSD, Regor et ShouTi/Gasherbrum, recevoir des fonds de recherche de MSD, être membre d'un comité de surveillance des données et de la sécurité pour Inventiva, et être conférencier pour le compte de Novo Nordisk ainsi que pour Eli Lilly, Menarini/Berlin Chemie, MSD et Sun Pharmaceuticals.

 

Cet article a été publié initialement sur Medscape.com sous l’intitulé 'Game Changer' Semaglutide Halves Diabetes Risk From Obesity. Traduit et adapté par Aude Lecrubier.

 

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