L’apnée du sommeil associée aux accidents thromboemboliques

Neil Osterweil

Auteurs et déclarations

28 septembre 2022

Barcelone, Espagne – « Ajoutez les événements thromboemboliques veineux à la liste des conséquences potentielles de l’apnée obstructive du sommeil sévère ». C’est la conclusion d’une étude française qui a montré que les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil (SAOS), qui présentaient les épisodes d’hypoxémie nocturne les plus longs, avaient un risque deux fois plus élevé de thromboembolie veineuse (TEV).

L’association entre l’hypoxémie nocturne et la TEV était la plus forte chez les patients qui n’utilisaient pas de système de pression positive continue (PPC), a rapporté le Dr Wojciech Trzepizur, du centre hospitalier universitaire d’Angers (France), lors de la présentation des données au Congrès 2022 de l’European Respiratory Society (ERS). [1]

Association entre SAOS et accidents thromboemboliques veineux

Des études antérieures ont suggéré des liens entre le SAOS, le cancer et le déclin cognitif, mais il s’agit de la première étude à examiner l’association entre le SAOS et l’incidence de la TEV non provoquée, a-t-il indiqué lors de la session.

« Nous avons constaté que les personnes qui passaient plus de 6 % de leur nuit avec des niveaux d’oxygène dans le sang inférieurs à 90 % de la normale avaient un risque presque double de développer des TEV par rapport aux patients qui ne manquaient pas d’oxygène », a-t-il déclaré.

En pratique, le Dr Trzepizur et ses collègues ont mené une étude rétrospective reliant les données de la cohorte à une base de données administratives sur la santé. Ils ont identifié les TEV non provoquées chez des patients soupçonnés d’être atteints de SAOS et n’ayant jamais fait de TEV.

Ils ont créé des modèles de risque proportionnel de Cox pour évaluer l’association de la TEV non provoquée avec les mesures de l’indice d’apnée hypopnée (IAH) et les marqueurs d’hypoxémie nocturne, notamment le temps passé par les patients en dessous de 90 % de saturation en oxygène (T90), l’indice de désaturation en oxygène (IDO) et la charge hypoxique, définie comme l’aire totale sous la courbe de désaturation liée à l’événement respiratoire.

 
« Les personnes qui passaient plus de 6 % de leur nuit avec des niveaux d’oxygène dans le sang < 90 % de la normale avaient un risque presque double de développer des TEV. » Dr Wojciech Trzepizur
 

Ils ont constaté qu’après un suivi médian de 6,3 ans, 104 des 7 355 patients ont fait une TEV non provoquée. Dans un modèle de risque non ajusté, il y avait des associations significatives entre la TEV et le T90, ainsi qu’avec la charge hypoxique, mais pas avec l’IAH ou l’IDO.

La saturation en oxygène : un prédicteur de la TEV ?

Cependant, dans une analyse ajustée en fonction de l’âge, du sexe, de l’indice de masse corporelle, de la consommation d’alcool, de l’hypertension, de la dépression, des antécédents de maladies cardiovasculaires, de l’utilisation de statines, du type d’étude du sommeil, du site de l’étude et de l’adhésion à la PPC, les chercheurs ont constaté que seule le T90 restait un prédicteur indépendant significatif de TEV, avec un Hazard ratio (HR) de 1,06, P = 0,02.

L’association entre T90 et TEV s’est renforcée à mesure que le temps passé en dessous de 90 % de saturation augmentait. Les patients du tercile le plus élevé, qui passaient plus de 6 % du temps en sous-saturation, présentaient un HR de TEV de 1,95 (P = 0,02) par rapport aux patients dont le T90 était inférieur à 1 %.

Le co-modérateur de la session, le Dr Raphaël Heinzer de l’Hôpital universitaire de Lausanne (Lausanne, Suisse), a commenté : « Nous voyons que le T90 semble être un paramètre solide. »

La co-modératrice de Heinzer, la Dre Silke Ryan, de l’University College (Dublin, Irlande), a souligné que bien que le T90 soit le principal prédicteur des réponses, le Dr Trzepizur et ses collègues n’ont pas contrôlé les autres maladies pulmonaires. « De toute évidence, il pourrait y avoir une influence d’autres maladies liées à l’hypoxie », a-t-elle déclaré. Elle a aussi recommandé d’en tenir compte dans les études futures.

 
« De toute évidence, il pourrait y avoir une influence d’autres maladies liées à l’hypoxie. » Dre Silke Ryan
 

Le Pr Winfried Randerath, MD, de l’Hôpital Bethanien de l’Université de Cologne, en Allemagne, chef du groupe de spécialistes de l’ERS sur les troubles respiratoires du sommeil, a indiqué que cette étude et d’autres présentées lors de la réunion « montrent des associations inquiétantes entre l’apnée obstructive du sommeil et des maladies importantes qui affectent la survie et la qualité de vie ».

« Bien que ces associations ne puissent pas prouver que le SAOS est à l’origine de l’un de ces problèmes de santé, les gens devraient être sensibilisés à ces liens et essayer de modifier leur mode de vie afin de réduire leur risque de SAOS, par exemple en maintenant un poids santé. Toutefois, en cas de suspicion de SAOS, il convient de poser un diagnostic définitif et de mettre en place un traitement. Nous attendons avec impatience de nouvelles recherches qui pourraient contribuer à clarifier si le SAOS peut être à l’origine de certains des problèmes de santé observés dans ces études », a déclaré le Pr Randerath, qui n’a pas participé à l’étude.

Financements et liens d’intérêts

L’étude a été soutenue par une subvention de l’Institut de Recherche en Santé Respiratoire des Pays de la Loire (IRSR), Beaucouzé, France. Les Drs Trzepizur, Heinzer, Ryan et Randerath n’ont signalé aucune relation financière pertinente.

 

Cet article a initialement été publié sur le site Medscape.com sous l’intitulé Obstructive Sleep Apnea Linked to Unprovoked VTE. Traduit par Mona El-Guechati

 

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