POINT DE VUE

La revue de presse en cardiologie de février

Dr Walid Amara

Auteurs et déclarations

16 février 2023

Ce mois-ci Walid Amara commente 4 publications :

  • Étude METRC : l'aspirine versus HBPM dans la thromboprophylaxie après une fracture

  • Bénéfice cardiovasculaire de 10 000 pas par jour chez les plus de 60 ans

  • Réduction de la mortalité à long terme grâce à la télésurveillance des défibrillateurs implantables

  • Prévalence et impact des problèmes de santé mentale chez les cardiologues

TRANSCRIPTION

« Bonjour et bienvenue dans cette revue de presse, sur Medscape. Je suis Walid Amara  et je vais vous parler de quatre articles que j’ai aimés lire dans cette dernière semaine.

METRC : aspirine vs HBPM dans la thromboprophylaxie post-fracture

Le premier article est l’étude METRC publiée dans le New England Journal of Medicine et qui s’intéresse à la prophylaxie thromboembolique après fracture : aspirine ou héparine de bas poids moléculaire. [1] Dans cette étude, des patients qui avaient une fracture du membre inférieur à partir de la hanche jusqu’à la partie moyenne de la jambe étaient randomisés entre de l’énoxaparine 30 mg deux fois par jour et de l’aspirine à 81 mg deux fois par jour – donc ce sont des doses un peu inhabituelles par rapport à ce qu’on voit habituellement – pendant leur hospitalisation, puis après la sortie. Le critère primaire était la mortalité totale et il y avait plusieurs critères secondaires, notamment les embolies pulmonaires, les thromboses veineuses et les complications hémorragiques. C’est une étude de non-infériorité qui a montré que l’aspirine est non inférieure aux héparines de bas poids moléculaire dans la prévention des décès, et qui a été même associée à une faible incidence des thromboses veineuses profondes, des embolies pulmonaires et de la mortalité à 90 jours. Donc, en gros, peut-être qu’en France cela ne devrait pas changer nos pratiques, notamment maintenant qu’on a aussi des anticoagulants oraux directs, mais dans la pratique de pays en voie de développement cela pourrait être particulièrement utile.

Bénéfice CV des 10 000 pas/j chez les plus de 60 ans

La deuxième étude porte sur l’intérêt de la marche et d’essayer d’atteindre cet objectif de 10 000 pas par jour. C’est une étude prospective publiée dans Circulation et qui s’intéresse à plus de 20 000 sujets dont l’âge moyen était de 60 ans, mais les investigateurs ont comparé les sujets de plus de 60 ans aux patients de moins de 60 ans. [2] Et ils ont montré que chez les patients de plus de 60 ans, le bénéfice en termes d’événements cardiovasculaires se retrouvait dès le deuxième quartile versus premier quartile, et ce bénéfice était dans le deuxième quartile de –20 %, dans le troisième quartile de –38 % et dans le quatrième quartile de –49 %. Cette différence n’était pas significative dans le groupe des sujets jeunes de moins de 60 ans. Le message est donc qu’il va falloir encourager l’activité physique, notamment chez les sujets les plus âgés. Je pense que 60 ans n’est pas encore la définition d’un sujet âgé, mais parmi les sujets les plus âgés.

Réduction de la mortalité à long terme grâce à la télésurveillance des défibrillateurs implantables

La troisième étude a été publiée dans Europace . [3] Dans ce travail, les chercheurs ont réalisé une étude rétrospective longitudinale de 1000 patients qui avaient de la télécardiologie dans la vraie vie pour des prothèses implantables, que ce soit des défibrillateurs ou des défibrillateurs triple-chambre de différents constructeurs. Et ils ont retrouvé dans cette étude une réduction significative de la mortalité totale et de la mortalité cardiaque en comparaison à une cohorte de sujets suivis de manière conventionnelle, sans télécardiologie. Donc cela vient se rajouter à l’ensemble des données qui ont été cumulées sur l’intérêt de la télémédecine. On est dans une période où on parle beaucoup de télésurveillance de l’insuffisance cardiaque, mais aussi de l’importance de télésurveiller ces prothèses implantables et on est, également, dans la phase post-ETAPES et d’entrée en droit commun de cette surveillance.

Prévalence et impact professionnel des problèmes de santé mentale chez les cardiologues

Enfin, dans cette période difficile, j'ai choisi un article que j’ai vu dans le JACC et qui s’intéresse à la prévalence et à l’impact professionnel des troubles psychiques chez les cardiologues. C’est une enquête qui a été faite par l’American College of Cardiology auprès de 6 000 cardiologues [4] en 2019, donc on était en période pré-COVID. La première chose qu’ils retrouvent est qu’un cardiologue sur quatre est atteint de troubles psychologiques et que c’est essentiellement la détresse psychologique en premier... les désordres majeurs ne concernaient finalement que 3 % des sujets, 4 % chez la femme et 2 % chez l’homme.

Ils ont identifié un certain nombre de facteurs favorisant la survenue de ces troubles psychiques : le premier est le harcèlement moral avec un odds ratio de 2,8, la discrimination avec un odds ratio de 1,85, un divorce 1,85, et un âge jeune – moins de 55 ans – avec un odds ratio de 1,43. Les femmes avaient plus de malchance de subir ces troubles psychologiques qui peuvent conduire jusqu’au suicide.

Les cardiologues sont finalement des êtres fragiles, comme tout le monde. En cette période il faut donc faire attention, car un cardiologue sur quatre, c’est énorme. Et c’était une enquête qui a été faite avant le COVID, donc je serais curieux de l’avoir aujourd’hui et ce serait une étude intéressante à faire au niveau français.

J’espère que cette revue de presse vous a intéressé. Rendez-vous prochainement pour d’autres news provenant de la planète cardiologique. À bientôt.

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