POINT DE VUE

Télésurveillance de l’IC : la communauté cardiologique alerte le gouvernement

Dr Walid Amara

Auteurs et déclarations

27 janvier 2023

COLLABORATION EDITORIALE

Medscape &

« Si on continue dans cette voie, il va être difficile de maintenir la télésurveillance des insuffisants cardiaques », prévient le Dr Walid Amara (président du CNCH), qui rappelle, preuves à l’appui, l’intérêt de télé-suivi pour le pronostic de ces patients. Le nouveau décret (n° 2022-1767) publié le 30 décembre dernier risque notamment de rendre très difficile leur prise en charge, et « la formule économique proposée, quasiment low cost, pose problème ». Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement, l’ensemble de la communauté cardiologique, incluant les patients, s’est unie pour essayer de convaincre de mieux prendre en charge cette télésurveillance.

TRANSCRIPTION

Bonjour et bienvenue sur Medscape. Aujourd’hui, je vais parler de télésurveillance de l’insuffisance cardiaque (IC). Comme vous le savez, la télésurveillance de l’IC est maintenant rentrée dans une phase routinière. Plusieurs opérateurs permettent d’assurer le télé-suivi de nos patients insuffisants cardiaques, notamment en post-décompensation, et lorsqu’ils ont des symptômes et une dyspnée. L’efficacité a été démontrée dans plusieurs études randomisées comme l’étude TIM-HF2 montrant une réduction du critère primaire qui sont les jours perdus liés à un décès ou à une hospitalisation pour IC. L’étude avait retrouvé un bénéfice sur la mortalité totale ou cardiovasculaire. Des études coût-efficacité ont également été réalisées.[1] Les résultats de certaines méta-analyses pouvaient [2], par ailleurs, être discordants, mais globalement on retrouve un bénéfice, notamment dans les sous-groupes de patients les plus sévères ou isolés socialement, ou les patients notamment en post-décompensation – Il y avait eu un très beau travail fait par Michel Galinier, en France. [3]

Dans cette phase de routine, vous savez que l’assurance maladie a fait une campagne pour encourager le dépistage et  la prise en charge de l’assurance cardiaque et que même notre président de la République avait également, dans ses vœux, appelé à une simplification administrative.

Le problème est double : d’une part, nous arrivons à la fin du projet ETAPES, c’est-à-dire l’entrée en droit commun du remboursement de la télésurveillance, et de nouveaux décrets viennent d’être publiés qui modifient un peu cette organisation, qui rendent les choses beaucoup plus difficiles pour les médecins en termes de suivi, que ce soit en termes de médecins individuels ou de médecins travailleurs en équipe, notamment avec leurs infirmières, puisque cette fois-ci l’éducation thérapeutique qui était assurée jusque-là par les prestataires devrait maintenant être faite par les équipes médicales. D’autre part, la cotation de ces interventions ne se faisait plus de manière semestrielle, mais devenait mensuelle, ce qui rendait l’ensemble de ces prises en charge de manière très problématique. En l’occurrence, cela est déjà une première perte collatérale : un des fournisseurs historiques, qui était même le premier en France concernant la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque, a jeté l’éponge et arrête le développement de la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque, du moins en France, ce qui ne va sûrement pas être le cas dans d’autres pays européens.

Le Conseil national professionnel, la Société française de cardiologie (SFC), des différentes sociétés, dont le Collège National des Cardiologues des Hôpitaux (CNCH), mais également des différentes composantes du CNP, qui inclut le Syndicat national des cardiologues et le Collège national des cardiologues français (CNCF) et également les associations de patients ont écrit une Lettre ouverte au gouvernement, au président, aux différents députés, pour indiquer la gravité dans laquelle cette situation arrive. C’est-à-dire qu'aujourd’hui, si la télésurveillance continue dans cette voie, il va être difficile de maintenir la télésurveillance des patients tel que cela nous est proposé dans ce décret. Notamment, il est impossible et très difficile de retransmettre cette éducation qui doit être faite globalement de manière très régulière et qui était très bien assurée par des prestataires extérieurs, de pouvoir les rajouter à nouveau à l’hôpital, notamment à une période où l’hôpital manque énormément de soignants, d’infirmières... obligatoirement, cela pose d’énormes problèmes d’organisation.

 
Si la cela continue dans cette voie, il va être difficile de maintenir la télésurveillance des patients.
 

D’autre part, la formule économique qui est proposée, on va dire quasiment low cost, pose problème en termes de maintien de cette solution de télésurveillance. J’espère que le communiqué du Conseil national professionnel, transmis aux autorités de santé, aura un impact. L’ensemble de la communauté cardiologique, incluant les patients, est regroupée, tous unis pour essayer de convaincre de mieux prendre en charge cette télésurveillance. Un opérateur arrête, mais il y en a d’autres, donc il faut avancer. Je pense que la télésurveillance est une solution qui apporte énormément à nos patients et qui permet de simplifier la prise en charge. On voudrait la poursuivre, mais dans de bonnes conditions.

 
La formule économique qui est proposée, quasiment low cost, pose problème en termes de maintien de cette solution de télésurveillance.
 

Merci beaucoup et à très bientôt sur Medscape.

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