Consommation d’édulcorants : un risque accru de maladie cardiovasculaire ?

Fanny Le Brun

Auteurs et déclarations

23 septembre 2022

Paris, France — Des chercheurs français, au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren), ont examiné les associations potentielles entre la consommation d’édulcorants artificiels et le risque de maladies cardiovasculaires (coronariennes et cérébrovasculaires), dans une vaste étude en population.

Un lien avec un risque de maladies cérébrovasculaires

Cette étude, qui vient d’être publiée dans le  British Medical Journal [1]a analysé les déclarations via des questionnaires spécifiques, de 103 388 adultes participant à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé. Ces volontaires ont renseigné leurs antécédents médicaux, leurs données sociodémographiques, leurs habitudes en matière d’activité physique, ainsi que des indications sur leur mode de vie et leur état de santé. Leur exposition aux édulcorants a été évaluée à partir des renseignements fournis sur leurs consommations alimentaires, notamment via des enregistrements complets sur plusieurs périodes de 24 heures, incluant les noms et marques des produits.

L’analyse de toutes ces données suggère une association entre la consommation générale d’édulcorants (pas uniquement dans les boissons mais aussi dans les aliments comme certains produits laitiers et une multitude d’aliments allégés) et une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, et plus précisément de maladies cérébro-vasculaires.

Facteurs confondants pris en compte

De nombreux facteurs potentiellement confondants ont été pris en compte : l’âge, le sexe, l’activité physique, le tabagisme, les antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires, ainsi que les apports en énergie, alcool, sodium, acides gras saturés et polyinsaturés, fibres, sucre, fruits et légumes et viande rouge et transformée.

Concernant les types d’édulcorants, l’aspartame était plus étroitement associé au risque de maladies cérébrovasculaires et l’acésulfame-K et le sucralose au risque de maladies coronariennes.

Les auteurs de cette étude attirent l’attention sur le fait que les volontaires de la cohorte NutriNet-Santé ne sont pas forcément représentatifs de toute la population française car ils sont plus à même d’avoir un mode de vie plus sain et de meilleurs comportements alimentaires. En effet, la consommation quotidienne d’édulcorants par ces volontaires est plus faible que ce qui est estimé dans la population française. Les associations retrouvées dans cette étude entre la consommation d’édulcorants artificiels et le risque cardiovasculaire pourraient donc être sous-estimées.

Cette étude apporte de nouveaux arguments remettant en question le fait que les édulcorants soient des alternatives sûres aux sucres. Une publication récente avait déjà observé une association entre la consommation d’édulcorants et le risque accru de cancer (voir Les édulcorants artificiels : un risque de cancer modifiable ?).

Leur réévaluation est en cours par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et d’autres agences de santé publique dans le monde.

 
L’aspartame était plus étroitement associé au risque de maladies cérébrovasculaires et l’acésulfame-K et le sucralose au risque de maladies coronariennes.
 

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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